Entre rencontres, masterclasses et projections programmées à Lille du 15 au 22 mars, il importe de ne pas perdre le fil (rouge ou violet ?) et de se frayer un chemin dans une manne prolifique. Voici quelques pépites sélectionnées par le plus imposant festival européen du genre qui pourrait vous mener vers le plus grand des bonheurs sériels.

1- Boarders : cinq adolescents noirs, issus de la banlieue de Londres, se voient offrir une bourse pour entrer au très select lycée St Gilbert. Figurant parmi les plus anciennes et plus prestigieuses écoles britanniques, celui-ci espère ainsi redorer son blason terni par le comportement abject et méprisant de certains de ses étudiants. Mais l’intégration ne va pas forcément de soi lorsqu’on peine à dépasser certains réflexes et certains clichés. Créée par Daniel Lawrence Taylor et réalisée par Ethosheia Hylton et Sarmad Masud, la série produite par BBC3 figure au sein de la compétition internationale. Elle est portée par Josh Tedeku et Jodie Campbell, entre autres. (6 épisodes)

2- Deux créateurs de pointe se sont penchés sur le berceau de la série Dans l’ombre. Pierre Schoeller, réalisateur de L’Exercice de l’Etat, adapte le best-seller d’Edouard Philippe, ancien chef du gouvernement français. Pour retracer cette campagne électorale tumultueuse, coincée entre réalité et fiction, ils comptent sur les talents conjoints de Swann Arlaud, Melvil Poupaud (Ovnis), Karin Viard, Maud Wyler et Sofian Khammes… Ce récit politique hautement inflammable, charriant des rumeurs de fraudes aux primaires, est proposé au sein de la compétition internationale et annoncé ensuite sur France 2. (6 épisodes)

3- Hotel Cocaine marque le retour aux affaires de Chris Brancato. Après Narcos et Narcos : Mexico, le créateur américain poursuit dans la même veine underground et fait appel au charisme conjoint de Danny Pino (Cold Case) et Michael Chiklis, l’interprète brut de décoffrage de The Shield. La série met cette fois le cap sur la pointe sud de la Floride et raconte l’histoire de Roman Compte, immigré cubain manager du Mutiny Hotel, épicentre du glamour et de la cocaïne dans le Miami des années 70 et 80. Une production MGM proposée au sein de la compétition internationale. (8 épisodes)

4- The Slap, Seven types of ambiguity, The Newsreader : l’Australie fournit souvent des récits originaux. House of gods ne faillit pas à la réputation de la terre australe avec cette immersion dans une famille musulmane dont le père, le très aimant et modéré Mohammad El Amedi, est en lice pour devenir l’imam de la mosquée The Messenger. Un poste qui lui vaut d’être propulsé au coeur des rivalités et jeux de pouvoir de sa communauté car son fils met tout en oeuvre pour qu’il soit élu. Entre tensions et secrets familiaux, le quotidien de la famille risque d’être d’autant plus perturbé que les projets de réforme annoncés par le cheikh sont loin de faire l’unanimité. Une production Universal Studio présentée en compétition internationale. (6 épisodes)

5- Il faudra être prêt à tout au moment de découvrir Machine. La nouvelle création de Thomas Bidegain (Soudain seuls) et Fred Grivois entend marier Kill Bill avec Karl Marx, sous les traits des comédiens Margot Bancilhon (De Grâce) en jeune maîtresse de kung-fu et JoeyStarr (Le Remplaçant) en ancien toxicomane reconverti dans la lutte populaire. Ensemble, ils vont mener la révolte ouvrière dans une petite ville de province. Cette série mariant action, muscles et réflexion politique au fil de six épisodes parsemés de références cinéphiles, est mise en images par Sylvain Gouverneur pour Arte et Prime Video. Elle est proposée au sein de la compétition française.

6- Le Monde n’existe pas clame la nouvelle série d’Erwan Le Duc (Sous contrôle), créateur décidément très prolixe. Cette fois, on suit un journaliste, convaincu que son amour de jeunesse est innocent du crime dont on l’accuse, revenant enquêter dans la ville où il a grandi. Adaptée du roman de Fabrice Humbert, cette série, portée notamment par Niels Schneider, Maud Wyler et Julien Gaspar-Oliveri, allie sens de l’absurde et tragicomédie au cours d’une enquête se déroulant sur fond de terrils du Nord de la France. Quatre épisodes, proposés en compétition française, à découvrir prochainement sur Arte.

7- Tout aussi attendue, la série Ourika, coécrite et interprétée par le rappeur Booba (de son vrai nom Elie Yaffa), sera à voir sur Prime Video à partir du 28 mars. Entre saga familiale et série de mafia, le récit retrace l’affrontement entre le jeune héritier d’une famille versée dans le trafic de cannabis et un jeune policier ambitieux, sur fond d’émeutes parisiennes en 2005. Un thriller imaginé avec Clément Godart et Marine Francou, décliné en sept épisodes. Réalisé par Marcela Saïd et Julien Despaux (Paris police 1905), il est présenté au sein de la compétition française.

8- C’est l’une des séries les plus attendues du printemps. Portée par John Bradley (Game of Thrones) et Jess Hong, elle débutera le 21 mars sur Netflix, mais fait l’ouverture du festival Series Mania ce vendredi soir. Le Problème à 3 corps, adapté du roman éponyme de science-fiction de Liu Cixin est produit par David Benioff et D.B. Weiss, les célèbres créateurs de Game of Thrones.

L’intrigue y court de la révolution culturelle à nos jours et va même plus loin en inventant une intelligence artificielle donnant accès à d’autres espaces-temps depuis lesquels il convient de résoudre des problèmes géopolitiques nés dans le passé.

9- Rematch, produit par Yan England et Bruno Nahon (Ainsi soient-ils) pour Arte se penche sur ce moment-pivot de l’Histoire contemporaine où, en 1997, le génie du champion d’échecs Garry Kasparov a été mis en difficulté par le superordinateur d’IBM, Deep Blue. Anticipant ainsi une partie de nos craintes actuelles concernant l’intelligence artificielle.

Ce thriller captivant, conçu entre France et Canada, est porté par l’épatant Christian Cooke (The Art of more), mais aussi par Tom Austen (The Royals) et Sarah Bolger (Les Tudor). Une création en six épisodes inscrite au sein de la compétition internationale.

10- Sous le titre So long, Marianne, cette série canado-novégienne retrace la romance née dans les sixties entre le musicien Leonard Cohen et sa muse Marianne Ihlen, lui inspirant le tube mondialement célèbre, publié dans son premier album sorti en 1967. Ingeborg Klyve, Øystien Karlsen et Tony Wood, épaulés par l’écrivain et scénariste Jo Nesbo, ont fait appel à Alex Wolff et Thea Sofie Loch Næss pour tenir les rôles principaux de cette célèbre rencontre, inspirée de faits réels ancrés dans les magnifiques décors d’une île grecque. Produite par la chaîne NRK, cette série en huit épisodes est présentée en compétition internationale. Elle n’a pas encore de diffuseur francophone.

En bonus, on découvrira deux séries qui affirment le caractère pop et iconique de l’univers sériel avec des fictions flirtant gentiment mais sûrement avec la réalité historique et les grandes « révolutions » humaines: Disko 76 et Soviet Jeans ou l’Histoire en mode pattes d’eph et dissid(a)n(s)e.

11- Retraçant la façon dont la fièvre du samedi soir s’est emparée de la jeunesse allemande, Disko 76 ne manque pas de potentiel et devrait retenir l’attention conjointe des nostalgiques et des sériephiles. Surtout lorsqu’on songe à la façon dont Berlin 56 racontait l’irruption du rock’n’roll en Allemagne… D’ailleurs, pour finir de parsemer la nuit de paillettes en tous genres, cette série festive et addictive, créée par Benjamin Benedict et Linda Brieda en six épisodes, sera suivie d’une soirée disco au Village Festival.

12- La Lettonie fait son entrée dans le Panorama international de Series Mania avec Soviet jeans, une série inspirée de faits réels. A la fin des années 70, alors que la propagande anti-occidentale fait rage en URSS, un fan de rock and roll réussit à mettre en place un réseau sous-terrain de fabrication de jeans dans un hôpital psychiatrique letton. Créée par Stanislavs Tokalovs et Teodora Markova, cette série en huit épisodes, se penche sur la fascination persistante pour les jeans, tout en mariant politique et romance.

Renseignement et horaires sur le site du festival Series Mania.

Karin Tshidimba