D’Audrey Fleurot à Patricia Arquette, les rencontres du festival Series Mania ont fait miroiter la richesse et la diversité de la nature humaine et le talent des interprètes

A quoi reconnaît-on l’empreinte de Series Mania ? A son affiche pléthorique, à son M stratosphérique, à son info-bus magique, garé sur la place du Théâtre ou à ses formidables rencontres publiques, organisées durant une semaine ? Les quatre, mon capitaine ! Depuis l’an dernier, le plus grand festival européen de séries se démarque aussi par son tapis violet qui voit défiler des stars venues du monde entier… Une couleur pop et glamour qui le rend à la fois unique au monde et reconnaissable entre tous, sur les selfies circulant sur les réseaux sociaux. Ce fut notamment le cas lorsque le point d’ébullition a presque été atteint, l’an dernier, avec le passage sur scène de l’acteur Tomohisa Yamashita, héros de la série Les Gouttes de Dieu.

Quel acteur ou quelle comédienne allait faire tomber les fans en pâmoison cette année ? Au petit jeu de la popularité, Audrey Fleurot, reine de la série HPI semblait la mieux placée et partait même avec une sacrée longueur d’avance, les Lillois reconnaissant en elle leur reine puisque Morgane et sa troupe écument les Hauts-de-France depuis quatre saisons et tournent donc à domicile…

Si celle qui se désole d’être appelée, à tort et à travers, la « rousse incendiaire » a fédéré le public de la salle du Nouveau siècle, dès le début du festival, elle a aussi pu prouver à quel point elle tient à rester maîtresse de son destin et de ses choix en tant qu’interprète, au point d’imposer son personnage de Madame Sans-gêne se comportant le plus souvent « comme un enfant de 5 ans ». Mais aussi en commençant à développer ses propres projets en tant que productrice.

Maîtriser son apparence, son parcours

Jeudi après-midi, changement de galaxie : Lille accueillait une actrice à l’impressionnante carrière et au tempérament de feu, même si, dans son cas, le brasier semble parfois couvé sous la glace. Lunettes à montures roses sur le nez, Patricia Arquette, malgré la timidité qu’elle combat, s’est livrée avec beaucoup d’humilité et de sincérité sur son enfance dans un environnement hippie, avec des parents ayant très peu d’argent.

Le film « True Romance » (1993) réalisé par Tony Scott avec Patricia Arquette et Christian Slater.

La comédienne a évoqué son rapport au théâtre et au jeu, cultivé dès l’enfance. Et les difficultés rencontrées sur certains tournages ou les choix délicats qu’elle a dû poser au fil de sa carrière. Affirmant peu à peu son point de vue pour réussir à l’imposer sur les plateaux de tournage face à la caméra de Tony Scott (True Romance), Tim Burton (Ed Wood), David Lynch (Lost Highway) ou Martin Scorsese (Bringing out the dead).

Assurément, Series Mania a accueilli une très grande actrice qui a défendu la richesse de son parcours et les choix singuliers l’ayant mené jusqu’à l’oscar en 2014 pour son rôle dans le film-expérience Boyhood. Ainsi que dans des séries aussi diversifiées que Medium, Severance, Boardwalk Empire ou The Act.

Patricia Arquette a évoqué son combat pour l’égalité salariale entre hommes et femmes, mais aussi pour faire accepter « ses courbes inhabituelles et sa dentition imparfaite » et son évolution physique au fil des ans, en refusant les diktats de l’industrie envers les actrices en matière de beauté et de silhouette. Par sa franchise et sa sensibilité, trahie par quelques larmes discrètes, Patricia Arquette a conquis le coeur de tous les festivaliers.

Karin Tshidimba, à Lille