L’ex-leader de NTM parle de ce qui l’a séduit dans le projet de la série « Machine » imaginé par Fred Grivois et Thomas Bidegain à voir dès ce jeudi sur Arte.

Qu’allait donc faire JoeyStarr dans cette petite ville et cette usine de l’Est de la France ? L’appel de la lutte populaire était-il à ce point irrésistible ? « Karl Marx, kung-fu et vélo, c’est un combo qu’on ne peut pas refuser. J’étais curieux de tout dans cette histoire », lâche-t-il, sourire en coin. « J’ai grandi en Seine-Saint-Denis, commune qui était communiste et avec mon père, j’ai bien suivi le mouvement : Georges Marchais, Henri Krasucki, la CGT, tout ça, je connais bien…« 

« J’aimais la connexion avec les années 90 qui sont aussi celles du développement de NTM. On était très au fait de tout ce qui se passait à l’époque. Il est important pour mon horloge interne de savoir ce qui se passe autour de moi. J’aimais aussi l’interaction entre les deux personnages et l’idée que JP amène Machine à s’intéresser à ce qui se passe autour d’elle… Je viens de ce milieu populaire donc j’ai su où puiser pour ancrer mon personnage. C’est tout cela qui m’a attiré », poursuit faussement blasé celui qui ne fait pas mystère de son amitié avec l’homme politique Olivier Besancenot.

« J’étais curieux face à toutes les strates de ce projet. Tout était nouveau et j’avais envie de participer à ce projet très différent. Et puis cette interaction avec Marx me renvoyait à mon enfance. L’ambiance me plaisait. Et à mon âge, avoir la possibilité de faire des choses nouvelles, que demander de plus ? »

L’ancien leader du groupe NTM avoue avoir adoré se replonger dans la musique des années 90 qui baigne la série, à travers la bande-son et les cassettes audio qu’écoute Margot Bancilhon, alias Machine. En revanche, pas de trace de NTM dans le casque, pour des questions de droits toujours bloqués par son ex-partenaire Kool Shen… Une ironie qui peine à faire sourire l’ex-rappeur.

La prestation de Margot Bancilhon en « Machine » a impressionné JoeyStarr.

Le Capital en trois exemplaires

JoeyStarr ne fait pas mystère des raisons qui l’ont poussé à accepter ce rôle : « l’ambiance kung-fu me faisait marrer et c’était intéressant pour moi de découvrir Karl Marx. » Frappé « par les punchlines » qui jalonnent la prose du grand Karl, le rappeur explique s’être procuré Le Capital en trois exemplaires, en version manga, « afin de montrer à mes deux aînés sur quoi je travaillaie. Cette série a de jolies valeurs sous couvert de comédie. » Son autre atout est d’avoir « un début, un milieu et une fin : j’aime les mini-séries car je déteste les histoires qui s’éternisent et vous prennent en otage. »

Le showman devenu comédien (Le Remplaçant) se dit aussi « flatté d’avoir été intégré dans l’équipe de Fred Grivois car tous, comédiens et techniciens, ont déjà fait plusieurs projets avec le cinéaste. » Tous les deux ayant le même agent, le contact n’a pas été difficile à établir entre le réalisateur et l’acteur. « Quand ça se passe bien, je suis un bon soldat », confirme-t-il.

J’étais impressionné de la voir se battre dans la série

JoeyStarr, comédien

La rencontre avec la comédienne Margot Bancilhon (De Grâce) semble également s’être très bien passée. « Comme Fred travaille très vite, on a eu le temps de se renifler, mais pas de minauder. J’adore voir les gens mouiller le maillot comme elle l’a fait pour son rôle. J’étais impressionné de la voir se battre dans la série surtout qu’elle m’a dit ne jamais avoir fait de combat avant. » Et voir la jeune femme « briser les rotules du patronat et du patriarcat n’était évidemment pas pour me déplaire« , ajoute-t-il le regard brillant.

Les scènes à vélo ont également réveillé quelques souvenirs chez JoeyStarr. « J’ai adoré ces scènes parce que Margot galérait vraiment. » Il rit. « Ils voulaient me mettre un moteur électrique mais je leur ai dit que ça n’allait pas être nécessaire. » Il faut dire que plus jeune, le rappeur a fait du cyclisme à un haut niveau, même s’il n’est pas parvenu à « s’intégrer dans le peloton » souligne-t-il en souriant de toutes ses dents.

Entretien: Karin Tshidimba, à Lille