La série propose un portrait torturé de la société française du début du XXe siècle : chantage, corruption et mœurs dissolues. A voir samedi à 20h30 sur Be tv

Sous le ciel de Paris, la population est en émoi : un corps ensanglanté a été découvert dans le bois de Boulogne. Crime ou suicide ? La piste des “invertis” (homosexuels) est rapidement soulevée, entraînant son lot de dégoût dans le chef de policiers pressés d’abandonner l’enquête.

Seul Antoine Jouin (Jérémie Laheurte) est résolu à découvrir la vérité. Les tergiversations de l’inspecteur font de lui la risée du commissariat. Il pose trop de questions, son perfectionnisme et ses méthodes dérangent. Mais à force de patience, il obtient souvent des résultats.

Hiver 1904, alors que Noël approche, le préfet Lépine (Marc Barbé) est prié de faire place nette dans les rues de la capitale. Il confie aux agents des Mœurs le soin d’effectuer une rafle parmi les prostituées, mais l’expédition vire au drame… Un nouveau choc pour l’inspecteur Jouin, bien décidé à ce que l’affaire Dantremont ne soit pas étouffée.

Paris sous une lumière blafarde

Habitué à disséquer l’Histoire, le créateur Fabien Nury (Il était une fois en France) s’est inspiré de faits divers réels pour plonger le Paris de la Belle Époque dans une ambiance entre polar historique et conte gothique. L’occasion de mettre en lumière les avancées technologiques du début du XXe siècle : brigades à vélo, fichier d’empreintes, balistique, médecine légale,…

Son récit, mêlant thriller et reconstitution, permet de dévoiler les coulisses d’une époque en pleine révolution et soumise à de terribles tensions. Face au désordre latent, l’Église et l’État cherchent à reprendre la situation en main, en tentant de contrôler les citoyens jusque dans leurs rapports intimes : lutte contre l’homosexualité et contre la propagation de la syphilis,… Partout en France, la maladie fait des ravages : 80 000 adultes meurent chaque année, l’épidémie provoque 70 000 avortements avant terme et 20 000 enfants sont emportés dans leur première année.

Si le scénariste Fabien Nury, déjà spécialiste de l’Histoire en BD, se délecte de ce portrait au vitriol de la face sombre et débauchée de Paname, les deux réalisateurs, Julien Despaux et Frédéric Blaekdjian, poussent loin les curseurs mêlant horreur gothique et humour noir. La série Paris Police 1905 doit beaucoup à ses interprètes, mais est aussi magnifiée par sa très belle lumière et sa photographie crépusculaire. À travers sa composition du cadre et son ambiance soignée, elle rappelle certains tableaux célèbres.

Une intrigue très appéciée à l’international

Pas besoin d’avoir suivi la trame de Paris Police 1900 pour accéder à cette nouvelle plongée dans un siècle balbutiant, soumis à des courants souterrains divergents et à de nouvelles turpitudes. Les différents personnages sont introduits avec beaucoup de clarté et de fluidité. Quant aux deux nouvelles enquêtes, elles permettent de plonger peu à peu dans leurs univers respectifs.

Le soin apporté à tous ces personnages, comme aux costumes et à la reconstitution d’époque, explique en grande partie le succès de la série, dont la première saison a déjà été diffusée sur la BBC, sur Sky Italie, Sky Allemagne et dans près de cinquante pays.

Karin Tshidimba

★★★ Paris Police 1905 Chronique historique Création Fabien Nury Réalisation Julien Despaux et Frédéric Blaekdjian Avec Jérémie Laheurte, Marc Barbé, Evelyne Brochu, Thibaud Evrard, Christian Hecq, Eugénie Derouand Sur Be tv Dès le 27/05 (6 x 52’)