ennemi_public_ambiance_tournage.jpgAvec sa colline perdue dans la brume et l’atmosphère irréelle que lui confère le brouillard, Alle-sur-Semois a des faux airs de Twin Peaks en plein hiver. Entendons-nous, la petite localité est parfaitement accueillante avec ses deux boucheries artisanales, spécialisés dans les cochonnailles, sa taverne-restaurant chaleureuse «Au Roy de la bière» et son magasin Spar aux étalages richement dotés.
Mais ce petit coin de Belgique, perdu dans la pluie ou sous la neige dès la fin du mois de novembre, offre un écrin idéal à la série Ennemi Public produite par la RTBF et Entre chien et Loup. Avec ce mélange de désolation et de mélancolie qui nimbe d’ordinaire l’Ardenne en hiver.

Comme l’abbaye emblématique vue dans la saison 1, le village était tout à fait partant pour reprendre l’aventure. L’équipe a pu s’y établir à sa guise, installant son travelling dans les rues et sur le pont, déviant la circulation, alignant ses camions de matériel sur la place ou faisant fermer l’épicerie pour un tournage en après-midi. C’est là que nous avons retrouvé un Patrick Stassart endetté et passablement secoué par la douloureuse révélation de la fin de la saison 1…

Vielsart, le village où tout a continué

ennemi_public_ambiance_tournage-4.jpgLes scènes du jour oscillent entre l’épicerie et un salon de coiffure entièrement reconstitué dans un bâtiment désaffecté où ont été regroupés les espaces dévolus au HMC (habillage, maquillage, coiffure) et la cantine qui accueille l’équipe entre deux scènes. Des endroits bien chauffés et équipés pour permettre à chacun de tenir le coup dans cette longue aventure aux contours parfois spartiates.

Le tournage vient de franchir le cap du 42e jour, l’équipe accuse la fatigue mais devra attendre la semaine entre Noël et Nouvel an pour souffler un peu. Avant de reprendre la route pour franchir la ligne d’arrivée le 26 janvier…

Des personnages en miettes

Après avoir dirigé l’écriture (avec Antoine Bours, Fred Castadot, Gilles de Voghel et Christopher Yates) Matthieu Frances a repris sa place derrière la caméra, aux côtés de Gary Seghers. L’équipe s’est en outre dotée d’une deuxième caméra en continu dirigée par Gilles de Voghel, autre scénariste de la bande, afin de mieux aborder les ambitions et la pression de cette saison 2.

ennemi_public_ambiance_tournage-3.jpg« C’est une bonne pression parce qu’on se sait attendus. Notre but est de donner plus d’épaisseur et de dimensions à tous les personnages. L’ambition est décuplée donc toutes les scènes sont plus compliquées à tourner. On voulait un côté plus dur, plus adulte, aller au tréfonds des problèmes de nos personnages et de leur souffrance. On regrettait le côté un peu trop lisse de la première saison qui était dû, en partie, aux problématiques de budget et de tournage. Il y a un parti pris plus radical, même dans l’image qu’on a voulu plus cinématographique avec davantage de clair/obscur et de caméra à l’épaule. C’est super parce qu’on continue à apprendre plein de choses mais on prend aussi plus de risques, fatalement« , explique Matthieu Frances.

Même si l’intrigue est classée secret défense, un certain cadre est posé.

« On reprend deux ans plus tard, acquiesce Matthieu Frances. On récupère tous nos personnages à la petite cuillère, ils sont tous extrêmement démolis par ce qu’il leur est arrivé. On continue à suivre Chloé qui a fait un pas de côté dans la police mais un élément, un dernier espoir, concernant son enquête personnelle sur la disparition de sa petite soeur va faire en sorte qu’elle revienne à Vielsart, entre les griffes de Béranger. On retrouve tous nos personnages et on en découvre pas mal de nouveaux aussi qui, ensemble, vont donner une autre dimension à la série. Les histoires seront plus éclatées à travers le pays qu’en saison 1, mais les personnages sont tous liés par un sujet central et par divers événements. »

Si un embargo est maintenu sur ces nouveaux rôles à découvrir, on sait que le personnage de Jessica, la petite soeur de Chloé, campée par la comédienne Pauline Etienne, va prendre une place importante dans l’histoire. « Elle amène un nouvel éclairage et nous permet de découvrir ce qu’elle a vécu, et ce qu’elle continue à vivre, en parallèle. Et de voir comment les deux soeurs ont encore un lien télépathique. »

De nouveaux lieux

ennemi_public_ambiance_tournage-19.jpg« On a une nouvelle arène, avec cette communauté de filles aperçues en fin de saison 1, qui prend de la place donc il a fallu redistribuer les lieux, poursuit Matthieu Frances. On verra peut-être un peu moins l’abbaye quoique, mais on verra davantage le village (fictif, NdlR) de Vielsart, on élargit le champ car cela manquait un peu en saison 1. »

La saison 2 voit aussi revenir une Chloé en partie « transformée ». Matthieu Frances tempère: « On n’était pas forcément d’accord avec cette critique mais on l’a entendue et on a essayé de trouver la façon de féminiser Chloé. Elle sera plus féminine dans ses tenues et sa coiffure mais cela reste Chloé avec ce côté tranché et fort qu’on aime chez elle. Et ce qu’on lui demande de faire, en saison 2, est beaucoup plus dur. C’est un bélier, elle fonce, elle va dans l’action car elle résout ses problèmes comme cela. On doit rester cohérent par rapport au personnage que nous avons créé. »

Une nouvelle enquête policière

« Cette saison 2 propose une nouvelle enquête policière et la reconstitution du duo avec Michael Charlier (campé par le comédien Jean-Jacques Rausin, NdlR). Comme Patrick, on le retrouve dans un sale état, on va explorer tout cela. Mais je ne me prononce pas sur l’issue de l’enquête autour de la soeur de Chloé. On va suivre l’histoire et voir où les personnages nous emmènent. » Avec la volonté de déjà ouvrir vers une saison 3 ?

« On verra si les gens nous suivent sur cette nouvelle piste, poursuit-il, volontairement éngimatique. On pense que le succès est arrivé grâce à l’affection pour nos personnages d’où notre volonté de continuer à investir dans ce sens-là pour la saison 2. On fait le pari de montrer des duos inédits, des nouveaux lieux, des situations inédites, des nouveaux enjeux. On a toujours imaginé trois saisons à la base. Mais on sait que la saison 2 est souvent décevante surtout lorsque la saison 1 a eu beaucoup de succès. On est très lucides par rapport à cela même si on ne regrette pas nos choix et qu’on espère que grâce aux personnages, on ne vous décevra pas. »

Entretien: Karin Tshidimba