shonda rhimes 2.jpgEffervescence des grands jours, au MipCom de Cannes ce mardi, où la célèbre productrice Shonda Rhimes a rencontré la presse avant d’être au centre de toutes les attentions lors de la remise du prix de la Personnalité de l’année, prévue ce mercredi en soirée.

L’occasion de saluer la réussite de cette voix puissante de la création hollywoodienne qui se propage à travers quatre séries rencontrant un important succès sur les écrans d’ABC aux Etats-Unis et sur un tas d’autres à travers le monde (sur RTL-TVI et Be TV chez nous).

Interrogée sur les ingrédients qui font le succès de Grey’s Anatomy, Scandal, How to get away with murder et The Catch, les séries qu’elle produit, Shonda Rhimes a eu une réponse modeste et pleine de bon sens.

« Nous avons une règle d’or, Betsy (Beers, sa partenaire au sein de Shondaland, NdlR) et moi, nous ne produisons que les séries que nous avons vraiment envie de voir. C’est la seule chose qui compte. shonda rhimes - betsy beers.jpgSi une idée tourne dans ma tête et que je ne peux pas penser à autre chose, je la développe. C’est la même chose pour les séries que nous produisons mais que nous n’écrivons pas nous-mêmes (les deux dernières citées, NdlR). Nous discutons des personnages et des histoires avec leurs showrunners respectifs. »

Quant à la question du choix des thématiques et des personnages développés – le plus souvent, des femmes de tête aux prises avec des vies professionnelles et personnelles complexes -, Shonda Rhimes s’étonne qu’on puisse se la poser.
« Betsy et moi nous nous connaissons depuis 14 ans maintenant, nous sommes amies et nous essayons avant tout de montrer les gens tels que nous en rencontrons dans la vraie vie ce qui n’avait pas toujours été le cas dans les séries jusqu’ici. »

« Parler des vrais gens dans la vraie vie »

La répartition des tâches entre les deux femmes est tout aussi claire. « Betsy s’occupe de toutes les questions de production, passant d’une série à l’autre pour régler les problèmes lorsqu’ils se présentent et voir si tout roule. » C’est elle aussi qui supervise la partie recherche, développement et pilote des nouveaux projets du duo.

Shonda Rhimes, quant à elle, essaie de se « concentrer au maximum sur la partie écriture. Les scénaristes avec lesquels je travaille sur Scandal et Grey’s Anatomy sont pratiquement tous là depuis le début de l’aventure (soit depuis 6 et 14 ans, respectivement) et donc, ce n’est pas difficile pour moi de déléguer certaines parties car nous nous connaissons bien, ils savent comment je réfléchis et j’ai confiance en leur créativité. »

« Je suis fondamentalement liée à Grey’s anatomy et Scandal, elles font partie de moi aujourd’hui. Les deux autres séries que je produis (How to get away with murder et The catch) ont leur propre créateur, je suis comme leur grand-mère. De temps à autre, on me confie le bébé pour que je le cajole mais ensuite je le rends à ses parents pour qu’ils continuent à l’élever. Je ne dois pas m’impliquer davantage car ils savent vraiment ce qu’ils font et ils ont leur propre voix. »

« Responsabiliser chacun au sein de son équipe pour les rendre heureux »

L’un des secrets de cette entreprise artistique est sans doute le fait que chacun est encouragé à aller de l’avant et à tenter de nouvelles expériences. tony goldwyn.jpg
« Que ce soit le fait de réaliser un épisode ou de s’engager davantage dans le processus de création, la porte est ouverte. C’est la façon dont le leadership est envisagé par Shonda Rhimes et son équipe »
, explique l’acteur Tony Goldwyn qui endosse le rôle du président Fitzgerald dans la série Scandal.

« Si quelqu’un dans notre équipe, que nous aimons et dont nous apprécions le travail, veut tenter de nouvelles choses et que nous pensons cela possible, nous tentons d’accroître ses responsabilités afin qu’il ne parte pas faire ces expériences ailleurs. Car si chacun se sent impliqué et encouragé à développer ses talents, cela rend les gens heureux et cela rend l’atmosphère de travail plus agréable », précise Betsy Beers.

« Quand nous avons commencé, nous ne pensions pas être encore là dix ans plus tard avec Grey’s Anatomy, par exemple, renchérit Shonda Rhimes mais puisque que nous sommes là, nous voulons faire en sorte que les personnes importantes restent avec nous. »

« Je me suis toujours sentie auteure avant tout, depuis que je suis toute petite. C’est toujours ce que j’ai voulu faire », explique la célèbre créatrice, grande défenseuse de la place des femmes et d’une représentation plus diversifiée de la société.

« Je suis une conteuse d’histoires pas une businesswoman »

« Dans un certain sens, écrire les scénarios de Grey’s Anatomy et Scandal, ce n’est pas du travail pour moi. J’essaie de trouver chaque jour le plus de temps possible pour écrire. Même si mon travail est forcément lié au business, la raison pour laquelle je suis là où j’en suis aujourd’hui c’est parce que je suis censée être conteuse d’histoires, et pas une businesswoman. C’est pour cela que nous avons engagé des personnes pour assumer toutes ces fonctions qui ne concernent pas l’écriture mais sont importantes dans le métier. Pour que je puisse continuer à écrire et à discuter des scénarios avec les autres auteurs. Et j’essaie de m’y tenir. »


En fait de règle d’or, Shonda Rhimes applique donc une règle de 3:

  1. mettre en avant la société telle qu’elle est, à savoir vraiment diversifiée (principe de réalité)
  2. pousser chacun au sein de l’équipe à donner le meilleur de lui-même (principe de responsabilité)
  3. rester fidèle à son instinct et à ses aspirations de créateur (principe d’originalité)

 

Karin Tshidimba, à Cannes