howard gordon.jpgIl a fait ses armes de jeune scénariste en 1993 et 1997 sur « X-Files » et « Buffy contre les vampires ».
En 2001, il fait partie de l’équipe de « 24 heures chrono », série dont il a été l’un des scénaristes, durant les 8 ans qu’a duré le show, et le showrunner (responsable de tous les choix artistisques) des dernières saisons.
Lancée en 2011, « Homeland » vient d’achever sa deuxième saison aux USA. Une troisième est déjà en préparation.
En 2012, il s’attache au destin d’« Awake », série avec Jason Isaacs, qui n’a pas eu le même succès et n’a duré qu’une seule saison.

En 2013, il devra se partager entre trois nouveaux projets: « Anatomy of violence” avec Alex Gansa, série adaptée du livre d’Adrian Raine (CBS); “Tyrant” où il retrouve Gideon Raff, créateur israélien de “Hatufim”, la série qui a inspiré “Homeland”. Avec lui, il va développer cette série qui suit une famille américaine, coincée dans un pays du Moyen-Orient en pleine émeute, pour la chaîne FX. Enfin, dans son projet “Legends”, le comédien Sean Bean campera un agent caméléon de la CIA, pour la chaîne TNT.
Au terme de cette année, le nom d’Howard Gordon ne sera donc plus ignoré du grand public…

Rencontré en juin dernier dans le cadre du Festival de Monte-Carlo – avant le lancement de la saison 2, donc – Howard Gordon a détaillé les questions posées par la série.
Pour rappel: Be séries entame la diffusion de la saison 1 ce samedi à 20h45. 

Le succès mondial de la série Homeland s’explique par deux facteurs imparables: la force de son concept de base, inédit et électrisant, et la qualité de ses interprètes.
La thématique des soldats “présumés retournés” ­– des ex-prisonniers ou otages potentiellement transformés en terroristes au sein de leur propre nation – agit en effet comme une lame de fond, bien au-delà des Etats-Unis.
Homeland5.jpg“Dix ans après les attentats, nous portons un regard sur les réponses apportées par l’Amérique à ce qu’elle a vécu pendant toute une décennie. Avec du recul. Homeland n’est pas seulement une série post-11-Septembre, mais post-Oussama Ben Laden” explique Howad Gordon, l’un de ses deux créateurs.

Bâtie sur le thème de « l’ennemi intérieur », la nouvelle création de la chaîne Showtime a fait le buzz dès les premiers épisodes diffusés en octobre 2011. Cette histoire de soldats, libérés après huit ans de captivité en Irak, a ravivé les souvenirs du 11 Septembre. « Pas pour prôner le retour de la “chasse aux sorcières” mais pour interroger nos préjugés », poursuit Howard Gordon.
“L’idée était de présenter la complexité des questions qui se posent dix ans après le 11 Septembre. L’opposition entre libertés individuelles et sécurité nationale, bien sûr, et la question de la peur, aussi: menaces réelles ou imaginaires? La question est: Devons-nous avoir peur et jusqu’à quel point ?”

Des questions qui sont entrées en résonance avec l’actualité récente… “Quand Oussama Ben Laden a été tué, nous tournions l’épisode 2. Il y a eu également le Printemps arabe, qui a démarré au moment de la conception du pilote, en janvier 2011. Beaucoup de choses se sont bousculées et elles ont forcément influencé la manière dont Homeland a été perçue par le public. Nous nous situons clairement dans un monde nouveau, après Abu Ghraib, après Guantanamo, après deux guerres discutables.”

Adaptée de la série israélienne « Hatufim » créée par Gideon Raff, “Homeland” est assez différente de son modèle initial. « La version originale explorait la question des négociations autour du sort des otages, une question très sensible en Israël. C’était un drame familial sur le prix de la guerre, un prix chèrement payé par les soldats et les familles. Dans « Hatufim » ne figurait aucune référence aux agents du gouvernement. Nous avons donc pas mal changé le concept en fonction de ce qui entrerait le plus en résonance avec le public américain. Afin que les questions posées et les conséquences envisagées soient plus imposantes. L’hypothèse des soldats retournés me semblait vraiment intéressante”, poursuit Howard Gordon, scénariste et producteur d’“Homeland”, couronnée de six Emmy Awards en septembre dernier.

Il y a aussi une forte connexion entre les deux personnages principaux: Carrie Mathison et Nicholas Brody.
homeland4.jpg« Ils se correspondent parfaitement à cause de la souffrance qu’ils ressentent: lui, à cause des tortures physiques et psychologiques qu’il a subies; elle; à cause de sa bipolarité cachée qui l’insécurise.  De plus, ils cachent tous les deux des secrets. En cela, ils se comprennent. Carrie est ce jeune agent de la CIA que personne ou presque n’écoute et qui reste obsédé par le 11/9. Carrie est peut-être bipolaire et fragile mais elle excelle dans son travail. Elle est la seule à penser qu’il y a encore des espions, alors que les autres se sont empressés d’oublier leurs peurs.”

“Claire Danes est vraiment une actrice très intéressante, poursuit Howard Gordon. Elle l’était déjà dans la série ‘Angela, 15 ans’(“My so-called life”, en VO, en 1994) où elle apparaissait à la fois vulnérable et intelligente. »
En revanche, c’est en découvrant Damian Lewis dans le film “Keane” (2004), où il incarnait un schizophrène, que les producteurs se sont dit:“il est notre Brody, à la fois charismatique et traumatisé”. “Ce qui est intéressant c’est qu’on ne sait pas si Carrie est attirée par la fragilité de Brody, ou si elle fait tout cela parce qu’elle veut connaître la vérité.”
KT