ride upon the storm.jpgFrédéric Lavigne, le directeur artistique du Forum des Images, l’avait annoncé : cette saison 8 du Festival Séries Mania s’inscrirait notamment sous le signe de la spiritualité, un thème largement exploré dans les séries.
Pas seulement avec la saison 3 de The Leftovers proposée lors de la soirée d’ouverture ou avec la nouvelle série de Jimmy McGovern Broken – dont nous parlerons -, mais aussi avec un retour très attendu : celui du scénariste Adam Price, le créateur de l’excellente série Borgen.

Son nouveau projet, coproduit par Arte et la chaîne danoise DR, a attiré la grande foule mercredi soir à Paris. Il faut dire que par sa qualité d’écriture et d’interprétation, la série politique danoise s’est constitué un large public de fans à travers le monde. Des amateurs d’histoires bien contées et bien campées qui ne voulaient pour rien au monde rater son passage en France. Généreux et passionné, le scénariste a répondu aux questions du public lors de sa masterclass mais aussi à l’issue de la projection de Ride upon the storm, sa nouvelle série actuellement en compétition à Paris.

Connais-toi toi-même

ride upon the storm 1.jpgPorté par le magnétique Lars Mikkelsen (The Killing, House of Cards), ce drame danois se glisse dans le quotidien de la famille Krogh issue d’une longue lignée de pasteurs protestants.
Lorsqu’on découvre Johannes (à droite sur la photo)au cours d’un débat public sur la question de la foi, on est d’abord séduit par cet homme engagé et sincère qui semble à l’écoute de ses concitoyens. Mais la vie de Johannes abrite aussi de nombreux démons qui vont se réveiller lors de son parcours pour briguer le titre d’évêque de Copenhague.

Dévoré par l’ambition, Johannes bouscule tout sur son passage à commencer par ses deux fils. Christian, l’aîné (à gauche sur la photo), éprouve beaucoup de difficultés à trouver sa voie tandis qu’August, le cadet, bien qu’ayant suivi les traces de son père et semblant réussir tout ce qu’il touche, n’a jamais semblé suffisamment solide aux yeux de son paternel.

Après 30 épisodes inscrits dans les pas de la première femme Premier ministre du Danemark, Adam Price revient avec une intrigue qui interroge « notre rapport personnel à la foi dans une société qui se dit laïque mais multiplie les signes et les emprunts à la religion ».

«Par curiosité j’ai voulu m’interroger sur les limites de la foi et comment elles interrogent les hommes sans tomber dans les pires extrémités, a expliqué Adam Price. ride upon the storm 2.jpgCes moments de doute sont partagés par tous les membres de cette famille mais par nous tous aussi, à un degré ou un autre, croyants ou pas. Je trouvais ces questions intéressantes surtout dans le contexte actuel. La série coïncide aussi avec le 500e anniversaire de la Réforme mais interroge avant tout les échecs et les défaillances de tout homme, toute femme et surtout de tout parent.»

Une relation père-fils chahutée

«Après avoir longuement interrogé les rapports mère-fille dans une série très féminine (Borgen), je voulais me pencher sur les rapports père-fils qui sont au coeur de la Bible mais aussi de ma vie en tant que père et fils», précise Adam Price en souriant.

Après deux premiers épisodes emballants, tant sur le fond que sur la forme (notamment grâce à la très belle mise en images de Kaspar Munk), on se réjouit de découvrir la suite sur Arte, d’autant qu’une saison 2 a déjà été commandée.

Pour rappel, la série a gagné début avril deux prix (photo), l’un décerné par la critique et l’autre par les acheteurs, lors des MipDrama Screenings à Cannes.

Karin Tshidimba, à Paris