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la gifle.jpgCe devait être un barbecue comme tant d’autres. A ce détail près que celui-ci est destiné à saluer le 40e anniversaire d’Hector et qu’il a requis de très nombreux efforts de la part de sa femme, Aisha.
Entre les parents d’Hector qui s’obstinent à changer le menu jusqu’à la dernière minute et les chamailleries qui ne manquent pas d’éclore entre les enfants présents, les nerfs des adultes sont rapidement mis à l’épreuve.

Soudain, Hugo, 4 ans, se met à menacer tous les autres enfants avec sa batte de criquet. C’en est trop pour Harry, le cousin d’Hector: il saisit Hugo par les bras; l’enfant se débat et lui envoie un coup de pied. La réponse ne se fait pas attendre: Harry le gifle.

L’événement pourrait être sans conséquence mais il agit comme un cruel révélateur sur ce groupe d’amis apparemment sans histoire. Hors d’elle, Rosie, la maman très possessive d’Hugo, décide d’appeler la police. Un geste qui sera lourd de conséquences. Comme on pourra le voir ce jeudi dès 20h50 sur Arte.

Au fil des huit épisodes de La gifle***, la caméra se met en effet à explorer la vie et le point de vue des différents protagonistes: Hector, le nouveau quadra (Jonathan LaPaglia, frère d’Anthony, héros de « FBI: portés disparus »), Harry, son cousin frimeur, Connie l’aguichante baby-sitter, Aisha la mère de famille en proie au doute, Rosie la mère hyper protectrice (Melissa George vue dans « In treatment »), etc.

la gifle 2.jpgChaque mini-récit éclaire les enjeux cachés et les relations biaisées mis en lumière par cette dispute. A la façon des cercles provoqués par les ricochets d’une pierre sur l’eau. On découvre alors comment une «simple gifle», en révélant les faiblesses, les rancoeurs, les mensonges, les a priori et les non-dits, peut diviser une famille et menacer d’implosion un groupe d’amis.

Brisant le miroir des apparences, l’onde de choc se propage en effet avec une force et une détermination saisissantes, semblant balayer tous les souvenirs et les bons moments sur son passage. Les vagues qu’elle provoque au sein de la famille d’Hector et de leurs amis sont sans commune mesure avec la gravité de l’incident de départ.
On pense au château de cartes dont il est extrêmement hasardeux de vouloir bouger le moindre élément, ou à l’effet boomerang qui peut se révéler très percutant. Une chose est sûre: les relations ne seront plus jamais pareilles après ce fameux barbecue…

Cette série, signée Tony Ayres, séduit d’abord par l’intelligence de son propos et par sa construction concentrique, mais aussi par l’originalité de son vivier de personnages et de profils psychologiques. Du concentré d’humanité, sans esbroufe, salué par les nombreux prix glanés en Australie.

C’est notamment à la communauté immigrée grecque que s’intéresse cette fiction inscrite dans la banlieue de Melbourne. Une humanité que connaît bien Christos Tsolkias, auteur du roman dont est inspiré la série. Terre de mixité et de brassages culturels, l’Australie est relativement méconnue chez nous où elle reste très discrète sur nos écrans.
Seuls quelques récits ambassadeurs sont parvenus jusqu’à nous, principalement issus du genre policier: « East-West 101 » (vu sur Arte), « Les enquêtes de Miss Fisher » (proposées par France 3) ou « Underbelly » sur la guerre des gangs à Melbourne.
En avril dernier, le Festival parisien «Séries mania» ajoutait quelques autres pépites à son arc: Redfern now sur la communauté aborigène, Please like me sur un jeune gay épatant ou Puberty Blues sur le Sidney des années 70.
Reste maintenant aux chaînes européennes à faire preuve d’originalité en ouvrant leurs horizons scénaristiques avec ces séries.

KT