La nouvelle série belge, cocréée par la romancière Barbara Abel, primée au Festival de La Rochelle, explore le thème du couple sans histoire, trop beau pour être honnête. Un thriller domestique à suivre dès le 2 avril sur La Une, à 20h50.

Il y a un petit côté Desperate Housewives dans les prémisses de la série Attraction, diffusée à partir de ce dimanche.
“Par la musique et l’aspect lumineux du début de la série, je voulais insister sur le côté chaleureux, sympathique, idéal, de cette famille. Derrière les rideaux, il se passe des choses plus sombres, mais personne ne le sait” prévient Indra Siera. Le réalisateur est heureux d’avoir été choisi pour mettre en images l’histoire imaginée par la productrice Catherine Burniaux, développée par la romancière Barbara Abel et la scénariste Sophia Perié.

Un regard venu de Flandre

Pour Indra Siera (La Guerre des mondes, Professor T), qui avait déjà travaillé, pour la RTBF, sur la série Unité 42 explorant l’univers de la cybercriminalité, le fait d’être seul à la barre des six épisodes était d’une importance cruciale. En tant que réalisateur, on ne peut pas rester un simple exécutant efficace et respectueux du budget. Je préfère insister sur la qualité visuelle, j’ai pu apporter ma propre vision, un peu de mon âme, après avoir beaucoup parlé avec les deux scénaristes.” Une patte qui s’inscrit aussi bien dans les choix musicaux que dans l’atmosphère créée à l’image.
C’est ce mélange qui l’a séduit dans le projet : Le fait que malgré le côté glauque et dur, il y a toujours de l’espoir. Je voulais montrer ce côté poétique et cet amour au sein de la famille”, explique-t-il dans un français imagé. “C’est un cadeau de découvrir tous ces comédiens francophones. C’est une autre façon de travailler, on discute davantage au sud du pays. C’est intéressant parce qu’avec ces échanges, on arrive à un résultat bien meilleur que si on fonctionnait en vase clos, comme un autocrate. Il y a aussi plus d’esprit d’initiative des comédiens côté francophone, cela apporte beaucoup au tournage. On part du scénario, écrit sans restriction, pour voir comment trouver l’argent pour le réaliser alors que j’ai l’impression que les séries flamandes partent souvent du budget pour voir ce qu’on peut faire.”
Face à lui, le Français Lannick Gautry s’est montré tout aussi enthousiaste.
“Je fais ce métier pour raconter des histoires aux gens et je ne m’arrête pas à ma position à l’intérieur de l’histoire. Et puis, la référence à Columbo – où le spectateur a d’emblée un coup d’avance et se met à rechercher ce qui va trahir le(s) coupable(s) – m’a beaucoup plu », précise le comédien qui s’est glissé dans la peau de Fred.

Soigner l’ambivalence du personnage

“Le scénario faisait déjà 90 % de l’intérêt, comme disait Gabin, et puis, la très belle rencontre avec Indra a fait le reste. J’avais découvert son travail en regardant quelques épisodes de La Guerre des mondes diffusée sur Canal+. C’est une vraie rencontre artistique. Il a une manière de travailler que je n’avais jamais éprouvée avec son binôme Geert, chef op-cadreur. Ils ont une vraie grammaire. C’est une espèce de chorégraphie entre eux, ils nous insèrent assez rapidement à l’intérieur et, une fois qu’on y est, c’est tellement agréable… C’est pointu, mais cela va très vite. Au début, c’est un peu déstabilisant, car la caméra bouge beaucoup, cela crée une incertitude, une vigilance supplémentaire.”
Le vrai défi, pour le comédien, résidait dans l’ambivalence de Fred : “Il fallait parvenir à le rendre à la fois attachant et inquiétant. Je n’avais jamais joué ce type de rôle. Cela a été difficile de se tenir sur cette frontière tenue. Et, en même temps, ce personnage riche et ambivalent, cela casse l’image que l’on peut avoir, pour montrer d’autres visages. Tant mieux si cela change la perception que l’on a de moi.”

En route vers une saison 2?

Les conditions de tournage en Belgique ne l’ont pas inquiété. “En réalité, ce qui compte, c’est le scénario, le metteur en scène, le plateau et la caméra, ce qui se passe derrière ne m’inquiète pas. On a eu 56 jours de tournage pour six épisodes, cela correspond à la moyenne en France aussi.” Le comédien envisage son avenir partout où les bons projets se présenteront. En Belgique, en France ou en Suisse, peu importe le lieu ou le pays, dès l’instant où le projet me plaît, je ne me pose même pas la question…”
Le prix de la meilleure fiction étrangère gagné au festival de La Rochelle, en septembre dernier, a également donné des ailes au duo Sophia Perié – Barbara Abel qui est déjà en train de plancher sur une saison 2, sous forme d’anthologie : autre lieu, autre famille, autres personnages mais même angoisse domestique.
Entretiens: Karin Tshidimba