L’été offre l’occasion d’étoffer sa culture sériephile en (re)découvrant quelques-unes des intrigues qui ont marqué l’histoire récente de la télévision. Par leurs personnages, leur univers, leur style, leur construction.
C’est le cas de la très belle série Cold Case*** créée par Meredith Stiehm… en 2003. Dont Club RTL entame justement la rediffusion depuis la toute 1ère saison ce dimanche 26/07 à 20h.
L’occasion de replonger dans l’atmosphère si particulière de cette série qui a offert durant 7 saisons un formidable miroir (et une psychanalyse discrète) à une Amérique en crise, en arpentant ses ghettos noirs, ses pensionnats pour jeunes filles, ses quartiers ouvriers, ses orphelinats et ses asiles psychiatriques.
Pour fêter cette rediffusion, revoici l’interview que nous avait accordée l’actrice Kathryn Morris, en 2007, lors de son passage au Festival de Télévision de Monte-Carlo. Une rencontre aussi élégante que son interprète…
Son attitude est tellement éloignée de celle de son personnage qu’un instant, on hésite. Pourtant, à n’en pas douter, les traits sont rigoureusement identiques. Loin du tailleur-pantalon, des cheveux relevés et de l’air mélancolique de l’inspectrice Lilly Rush, rayonne Kathryn Morris, avenante et volontiers espiègle. Une show-woman qui a offert au Festival de Monte-Carlo 2007 l’un de ses plus beaux photo-calls.
« Mes proches savent que je suis très différente dans la vie réelle et d’ailleurs, de temps en temps, ils ont besoin de prendre du recul par rapport à « Cold Case », qui est souvent sombre dans les histoires qu’elle dépeint », souligne l’actrice en guise de préambule.
Cela signifie-t-il qu’accepter ce rôle a été un choix difficile ?
« Noooon, c’était une opportunité unique ! Il n’existait pas d’autre show dont le personnage principal soit une femme-flic seule au milieu d’un groupe d’hommes (depuis, The Closer lui a emboîté le pas, NdlR). Et puis, Jerry Bruckheimer a la « magic touch » avec son utilisation si particulière de la musique et des flashs-back, je savais que ce serait super. Ensuite, j’ai lu le script et j’ai découvert qu’il y avait beaucoup de complexité dans ce personnage. On pourrait se contenter de jouer ce qui est écrit dans le scénario mais j’ai souhaité lui donner plus de sensibilité, plus d’empathie.Lilly est une femme complexe qui a besoin d’être connectée avec l’humanité, de faire les choses et d’entrer en relation avec les gens. »
Sombre mais salvatrice
En revanche, Lilly Rush n’entretient presque aucune relation avec sa famille…
« Oui, et elle finit par prendre conscience qu’elle a parfois des relations plus intenses avec des gens qu’elle connaît depuis peu. Au bout de quelque temps (fin de la deuxième saison, NdlR), elle réalise qu’elle n’a aucune vie personnelle, et dans la quatrième saison à venir, elle va tenter de reprendre contact avec son ancienne vie. »
« On ne lui connaît aucune romance durable, c’est une orpheline. Pourtant, elle va retrouver sa mère et elle va s’attacher à un fugitif… Petit à petit, le téléspectateur va découvrir pourquoi elle est comme cela. Au fur et à mesure qu’elle clôt les dossiers, Lilly en apprend plus sur elle-même. »
C’est donc un personnage qui a une longue vie devant elle.
« Mon contrat porte sur sept ans.La série se poursuivra aussi longtemps que les gens continueront à nous suivre et que Lilly évitera de faire des choses stupides comme se marier, acheter une maison, rentrer dans le rang, quoi. (Rires) Pour le moment tout va très bien, les échos internationaux sont très positifs. »
La force de cette série est qu’elle « offre une leçon d’histoire des Etats-Unis en même temps qu’une implication émotionnelle forte : toutes ces affaires non résolues que l’on rouvre bien des années plus tard et que l’on peut résoudre grâce à de nouveaux moyens d’investigation ou témoignages. Une injustice est réparée, quelque chose de bien émerge après des années. Chaque affaire règle certains problèmes souvent profondément ancrés dans la mémoire collective.Les gens peuvent compter sur le fait que, d’une façon ou d’une autre, la vérité va émerger, quelqu’un « paiera » pour ce qui a été fait. Cette idée plaît aux téléspectateurs. »
La série met en en effet l’accent sur les situations vécues par les victimes de ces meurtres, souvent rejetées en raison de leur choix de vie.
Prochain arrêt après Monte-Carlo: le Japon, où « Cold case » réalise d’excellentes audiences.
Quand on vous dit que ses thématiques, pourtant ancrées à Philadelphie, sont universelles…
Et puis chaque version en est soignée. « Ma meilleure amie parle français, elle a entendu ma voix en VF et m’a félicitée en me disant qu’elle me correspondait tout à fait. C’est une chance.« (Rires)
Modèles et références
Y a-t-il des séries et acteurs qui ont marqué l’enfance de la comédienne ?
« Mash » ou « The Jeffersons » sans hésiter. « Et l’été dernier, j’ai eu le bonheur de faire un film avec Samuel Jackson qui sortira cet été (« Resurrecting the Champ »). J’ai aussi rencontré Angie Dickinson qui incarnait le sergent Anderson dans « Police woman » (série de 1974). J’étais sous le charme, elle m’a dit : « You are the new Pepper », en référence à son propre surnom dans la série. « Quelle joie ! »
Son avenir, l’actrice le verrait bien sur les planches. « J’ai vu Judi Dench à Londres et cela a été comme une révélation. Il y avait une relation incroyable entre le public et elle.J’ai vraiment envie de vivre cela parce que cela vous donne des fondements pour tout. C’est la différence entre certains acteurs qui ne jouent qu’avec leur bouche et ceux qui vivent la scène des pieds à la tête. C’est un formidable entraînement. » Preuve que, décidément, Kathryn Morris refuse d’être juste une belle plastique.
KT, à Monte-Carlo
nb: Le problème, quasi insoluble, des droits d’auteur dus pour les nombreux extraits musicaux constituant la bande son de la série explique pourquoi celle-ci n’a jamais été éditée en DVD….
nb2: la série a pris fin en 2010, au bout de sept saisons.
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