au-delà des murs 2.jpgAvec Les Oubliées, Pigalle la nuit, Signature et Les Témoins, le duo Hadmar et Herpoux a instillé des personnages et des univers hantés dans la fiction française. Des hommes et des femmes déstabilisés aux prises avec un environnement hostile, traduisant leur mal-être ou leur quête profonde. C’est cet entre-deux étrange que l’on retrouve dans Au-delà de murs**, mini-série en trois parties proposée ce jeudi soir sur Arte. Un conte fantastique en trois actes dans lequel s’illustre Veerle Baetens, comédienne belge au sujet de laquelle Hervé Hadmar ne tarit pas d’éloges.

« Mon point de départ, ce sont des films comme ’Les Autres’, ‘Shining’, ‘La Maison du diable’, ou le roman ‘La Maison des feuilles’. On avait besoin de quelqu’un au caractère très fort parce qu’il s’agit d’un projet d’angoisse pure. J’avais besoin d’une combattante. Je ne connaissais pas Veerle Baetens avant ‘Alabama Monroe’ mais lorsque j’ai vu le film, j’ai été bluffé. Veerle est le personnage de Lisa à 100 %. Dès les premiers rushes, elle surinvestit le personnage, c’est impressionnant. C’est une des meilleures actrices avec laquelle j’ai jamais travaillé. »

au-delà des murs 4.jpgLorsque Lisa (Veerle Baetens), jeune logopède, apprend quelle vient d’hériter d’une maison dont elle n’a jamais connu ni le propriétaire ni les occupants, sa curiosité se révèle plus forte que l’étonnement ou le caractère incongru de la nouvelle. Rapidement, elle décide de s’y installer et découvre un passage dérobé Au-delà des murs** d’où semblent provenir de curieux bruits. Malgré ses craintes, elle veut en avoir le coeur net et emprunte le passage dérobé qu’elle vient de découvrir.

La grande réussite de ce scénario écrit par Hervé Hadmar, Marc Herpoux et Sylvie Chanteux est sa façon lente et insidieuse de s’immiscer dans les esprits même les plus cartésiens. L’enfermement progressif que vit Lisa s’impose au spectateur qui, petit à petit, bascule avec elle dans les entrailles de cette inquiétante demeure. Commence alors un voyage initiatique dans lequel l’espace et le temps s’entremêlent pour faire remonter à la surface des personnes et des souvenirs enfouis, brouillant les sensations de Lisa dans un présent devenu flou et mouvant. Où commence le rêve ou finit le réel ? Le temps file et la jeune femme semble aussi perdue qu’Alice au Pays des merveilles dans cette maison dotée de sa propre personnalité.
En un laps de temps très court, cette mini-série parvient à imposer son atmosphère envoûtante, sa photographie hypnotique et onirique et son interprétation vibrante malgré quelques temps morts.

Tournage à Anvers, Liège, Spa… dans des châteaux et de grandes demeures. A 95 %, la production s’est déroulée en Wallonie et 5 jours à Bruxelles pour terminer. « Il y a aussi eu beaucoup de scènes nocturnes afin de créer l’atmosphère propice à cette histoire qui se déroule dans une maison sans électricité, où l’on s’éclaire à la lampe à pétrole et à la bougie. Cela rajoute du mystère » nous confiait Hervé Hadmar lors du tournage en juillet 2015.

au-delà des murs 5.jpg« Dans l’ambiance et le genre fantastique, il y a un côté psychologique qui m’intéresse, précise Veerle Baetens. Avec Au-delà des murs, l’ambiance oscille tout le temps entre l’angoisse et la mélancolie. Ce qui est enrichissant, ce sont ses failles. Lisa est un personnage très complexe et c’est ce qui fait que j’ai directement été attirée par elle. Elle est bizarre et ne dévoile pas sa vraie nature. L’état dans lequel je dois me mettre pour l’incarner n’est pas évident. Mais si je n’arrive pas à le ressentir au plus profond de moi, je ne parviens pas à le jouer » confiait-elle au moment du tournage.

Deuxième bémol au sujet de cette aventure – qui puise son origine dans un faits divers réel – la fin de ce récit, décliné en trois parties, paraît précipitée. Le sablier s’est trop vite écoulé…
C’est d’autant plus regrettable qu’Au-delà des murs parvient à se maintenir sur le fil étroit entre le conte fantastique et le récit d’épouvante tout au long de sa patiente exploration façon Quatrième dimension en compagnie de François Deblock et Géraldine Chaplin. Un curieux univers de l’entre-deux que l’on quitte à regret, de façon un peu trop abrupte.

KT

nb: Confessant une passion longtemps refoulée pour les récits de maison hantée, Hervé Hadmar associe à l’écriture de série une grande part ludique qui amène le spectateur à s’impliquer activement dans le récit. C’est ce qu’Arte propose avec son « escape game » en ligne depuis le 29 août qui invite le joueur/spectateur à rechercher la fameuse porte rouge.