La Trêve Saison 2.jpgEté 2018. A peine sorti de prison, le jeune Dany Bastin, 27 ans, jeune homme brisé, est accusé du meurtre de Madame Du Tilleul, riche bourgeoise chez qui il travaille depuis quelques semaines comme jardinier. Son corps a été retrouvé dans sa piscine. Musso, petit village perdu dans les forêts ardennaises, est sous le choc.

Or, c’est là à 30 km d’Heiderfeld que l’ex-inspecteur Peeters (Yoann Blanc) s’est installé après l’issue tragique de l’affaire Driss Assani. Va-t-il pouvoir se tenir éloigné de cette sordide enquête ?

En écrivant ceci, on jurerait en avoir déjà trop dit car l’intrigue de la saison 2 de La Trêve est classée secret défense. Certaines séquences se filment d’ailleurs à plateau fermé. Seuls les techniciens, comédiens et producteurs y sont admis. Depuis vendredi dernier, le tournage se déroule à l’abri des regards dans une maison de l’entité de Couvin. Une façon pour l’équipe de soigner le suspense, d’entretenir le désir et de s’extraire du bruit ambiant.

En tournage jusqu’au 13 octobre dans la campagne ardennaise, la saison 2 de la série belge sera visible en 2018 à la RTBF. Premiers échos de ce marathon en compagnie de Stéphane Bergmans, Matthieu Donck et Benjamin d’Aoust, ses trois scénaristes-concepteurs.

Un trio de personnages au coeur de la saison 2

L1005907.jpg« L’interview aura des parfums de langue de bois », prévient Matthieu Donck (photo n°1), scénariste et réalisateur de La Trêve. Entre les lignes, pourtant, une silhouette attractive se dessine

« On ne continue pas l’histoire de la saison 1, prévient Benjamin d’Aoust, l’un des trois scénaristes, également à la manoeuvre de la deuxième caméra (photo n°2). C’est une nouvelle intrigue, avec quelques personnages qui reviennent dans un environnement qui reste le même. Il s’est passé 4 ans, on retrouve Yoann Peeters, notre personnage principal, et il est confronté à un nouvel événement tragique. Nous n’avions pas envie de refaire un « Whodunit » en découvrant simplement un nouveau mort, on voulait raconter autre chose et faire le lien avec l’histoire de ces personnages auxquels on s’est attachés pendant la saison 1, comme le public. »

Outre Yoann Blanc, les comédiens Sophie Breyer, qui campait sa fille Camille ; Jasmina Douieb, la psy; Tom Audenaert, alias le flic Verelst et Lara Hubinont, qui campait Marjorie, sont également de la partie.

« Cette intrigue de la saison 2, on l’avait envisagée dès la saison 1 »

« La RTBF avait prévu une saison 2 avant même que la saison 1 soit terminée. Nous, on s’était dit que si les conditions financières ne changeaient pas, c’était non et trois fois non. Mais on avait une idée avant même le tournage », reconnaît Matthieu Donck. « Le fait d’être ensemble sur le tournage, cela nourrit les idées. On se disait : tiens Verelst, il pourrait faire ça, ou ce serait drôle si… Pas mal d’idées ont été glanées sur la saison 1. »

L1005877.jpg« Lors du montage, on s’est rendu compte qu’on avait trouvé un bon système de fonctionnement à trois, qu’on avait d’autres idées à développer et envie de continuer. Cela a mis du temps pour trouver le bon équilibre avec toute l’équipe mais une fois que ce système est rodé et qu’on sent qu’il est efficace et qu’on prend du plaisir, on a forcément très envie de recommencer », souligne Benjamin d’Aoust.

« La trame de cette saison 2, on avait déjà failli la raconter en saison 1 mais avec le peu d’expérience qu’on avait en terme d’écriture de série, c’était trop risqué : il y avait trop d’enjeux, trop de personnages. C’était plus simple d’avoir un seul personnage principal qui enquête sur le meurtre de Driss. Cette fois, on a un trio au centre de l’intrigue : cela démultiplie les points de vue et les lignes narratives, c’est donc plus compliqué à raconter », poursuit-il.

« C’est un gros pari. Je pense que tout ce que les gens ont bien aimé dans la saison 1 s’y retrouve mais il y a beaucoup d’éléments en plus. Nous, on pense que c’est mieux mais il y a beaucoup plus à faire. Au départ, on prévoyait 80 jours de tournage, au lieu de 70, pour être plus cools » détaille Matthieu Donck.

« Mais il y a une fois et demie plus de séquences donc on se retrouve à faire 80 jours pires, à un rythme plus élevé », ironise Stéphane Bergmans (photo n°3).

« On anticipe cette frustration du public vis-à-vis de la saison 2 »

« Comme en saison 2, il n’y a plus l’attrait de la nouveauté, on se dit souvent qu’il y aura forcément des attentes frustrées », confient les trois scénaristes…

« Les gens nous parlent de La Trêve tout le temps et nous disent : « je suis sûr que vous allez raconter ça » et chaque fois, je me dis : « Ouhla, il va être déçu » parce qu’on n’en parle pas du tout… » confie Matthieu Donck. « C’est ce qu’on s’est dit quand on s’est réunis : de toute façon, tout le monde va préférer la saison 1 donc on doit se sentir libres et écrire ce qu’on veut. Et, étonnamment, on l’a été. »

La Trêve S2.jpg« C’est rare que les suites soient meilleures. On anticipe cette frustration, poursuit Stéphane Bergmans. On n’attendait pas le succès de la saison 1, cette surprise est donc difficile à reproduire d’autant qu’on est attendu au tournant. Les gens nous disent tout le temps ce qu’ils ont adoré. Il faut surtout ne pas écouter toutes ces demandes, ne pas se mettre la pression. »

« En revanche, l’avantage d’une saison 2 est qu’on sait ce que chacun apprécie chez les autres, on sait qu’on est complémentaires », souligne Benjamin d’Aoust. « Le tournage a roulé tout de suite car quasi toute l’équipe, technique aussi, est la même. Chacun a très vite retrouvé ses marques. C’était comme si on avait arrêté de tourner la veille… »

Produite par Hélicotronc et la RTBF, la saison 1 de La Trêve a été achetée par la VRT et la Suisse (TSR), la Pologne et les Etats-Unis, via Netflilx. Elle a ausi été primée au Festival Séries Mania.


Entretiens
: Karin Tshidimba

Photos: Johanna de Tessières