the affair 5.jpgVous avez été séduits par The Affair***, la nouvelle série d’Hagai Levi, présentée lundi soir au Festival Séries Mania à Paris ? Alors vous serez ravis d’apprendre que cette fiction devrait compter trois saisons (au moins), selon le deal conclu entre Showtime et son duo de concepteurs: Hagai Levi et Sarah Treem.

« The Affair est conçue comme un récit en trois actes, et il faudra attendre la dernière saison pour connaître le fin mot de l’histoire concernant la mort brutale (meurtre ou accident ?) à laquelle il est fait référence dans la première saison. Même si je ne pense pas que les personnes qui suivent la série le font pour résoudre cette énigme, cet aspect-là de l’histoire... » a-t-il confié dans un sourire devant le public de Séries Mania.

L’originalité de The Affair tient à la présentation d’un double point de vue sur des événements qui ont mené à l’éclosion d’une liaison entre deux personnes que tout semblait opposer: Noah (Dominic West), écrivain et professeur, venu en vacances avec toute sa famille, et Alison (Ruth Wilson), une jeune femme du coin, secrète et visiblement perturbée.

the affair 6.jpgUne narration forcément symétrique

« Alterner les points de vue était la seule façon de raconter cette histoire. L’idée était d’amener chaque personne à prendre du recul par rapport à ce qu’ils avaient vécu. On aurait pu les suivre chez leur psy, mais ça, on l’avait déjà fait dans Be Tipul. Si cela a déjà été fait auparavant, cela n’a plus aucun intérêt à mes yeux. Pourquoi refaire quelque chose qui a déjà été fait ? On a pensé à la possibilité qu’ils parlent à leur avocat dans le cadre d’un divorce ou qu’ils se confient à un conseiller conjugal. Puis l’idée de l’enquête policière a germé qui permettait à chacun de raconter l’affaire, selon ses souvenirs et sa perception des choses, tout en ajoutant du suspense pour le public. »

The Affair est un véritable travail à quatre mains puisque scénario et intrigues ont été conçus par Hagai Levi et Sarah Treem qui avaient déjà travaillé ensemble sur Be Tipul, la série israélienne devenue un succès international à travers son adaptation américaine In treatment avec Gabriel Byrne.

Comme dans tout projet américain qui se respecte, les deux créateurs ont été entourés par une équipe de scénaristes chevronnés travaillant au sein de la « writers room ». Sur base des trames et scripts établis par le duo, ces derniers ont principalement pris en charge les parties dialoguées.
«Les dialogues sont profondément liés à l’aspect culturel d’un pays, je ne me voyais pas les écrire à destination du public américain» confie Hagai Levi.

the affair S1.jpegSi l’élément de thriller caché derrière cette «banale» liaison donne à The affair un parfum très américain, Hagai Levi défend l’authenticité de son propos. « The Affair a été conçue directement aux Etats-Unis, mais j’avais eu l’idée de la série en Israël et je pensais la faire pour la télévision israélienne. Sarah Treem, mon amie, travaille aux USA et c’est elle qui m’a dit: faisons-le directement aux USA. Comme il s’agissait d’une histoire universelle (une liaison), je me suis dit que je n’allais pas m’entêter à la raconter en Israël. »

« On voulait raconter l’histoire en flash-back, on cherchait le point d’entrée et c’est là, que l’idée de l’enquête est arrivée. J’essaie toujours de trouver la meilleure façon de raconter une histoire, une forme qui soit directement en lien avec elle. Cela me prend des années, plaisante-t-il. Faire l’anatomie de cette liaison m’a semblé original. Je voulais que la narration soit symétrique. Car dans une liaison, on entend rarement le point de vue des deux personnes. Souvent, on juge le comportement de l’autre or, chacun a sa vérité. Je suis obsédé par les questions de moralité, par ce que vous n’êtes pas censé faire. Je voulais montrer un homme bien sous tous rapports qui se laisse emporter. »
La série traduit aussi la passion d’Hagai Levi pour la psychologie, réminiscence de ses premières études avant qu’il n’aborde le cinéma.

La promesse de l’autre

« Quand on rencontre quelqu’un, il y a toujours une promesse: cette personne va changer ma vie. C’est de cela que l’on parle, la projection que l’on fait sur l’autre. D’autant que c’est faux, personne ne peut vous sauver de vous-même. »

« Sarah a été attentive à toutes ces choses qui distinguent les deux versions de l’histoire, racontée selon le point de vue d’Alison ou de Noah. Elle est, comme beaucoup de femmes, très attentive aux détails », souligne son coauteur.
Un soin particulier qui s’est révélé payant puisque la série a récolté deux Golden Globes (meilleure série dramatique et meilleure actrice) en janvier dernier.

KT, à Paris

nb: Le trailer et la critique étaient déjà dispos ici