Coécrite et interprétée par le rappeur Booba (de son vrai nom Elie Yaffa), la série arrive ce jeudi 28 mars sur Prime Video. Sur fond d’émeutes parisiennes en 2005, elle observe les mécanismes d’ascension et de chutes au sein du milieu de la drogue.

Paris, 2005. La ville lumière est en proie aux émeutes, la jeunesse est en ébullition, notamment dans sa proche banlieue. En parallèle, un grand coup de filet des stups fait exploser le clan Jebli profondément implanté au coeur de la cité ce qui rajoute encore de l’huile sur le feu. Driss (Adam Bessa), le plus jeune frère de la famille, qui s’était toujours tenu à l’écart de tout trafic, est forcé de voler au secours de son clan, risquant de ruiner tout ce qu’il a bâti jusqu’ici. Au même moment, William (Noham Edje), jeune flic fraîchement débarqué en banlieue, ne rêve que de rejoindre les équipes d’élite dans leur lutte pour faire tomber les plus gros trafiquants. Arrogant et tête brûlée, il est persuadé de parvenir à ses fins quitte à mettre ses coéquipiers en difficulté.

Entre saga familiale, polar et série de mafia, Ourika retrace l’affrontement entre le jeune héritier d’une famille versée dans le trafic de cannabis et un policier ambitieux, sur fond d’émeutes parisiennes. Ce thriller viscéral et musclé, imaginé par le rappeur Booba (de son vrai nom Elie Yaffa), avec Clément Godart et Marine Francou (Engrenages), exploite habilement son ancrage social, au fil de sept épisodes. Réalisé par Marcela Saïd et Julien Despaux (Paris police 1905), il a été présenté en avant-première à Lille lors du festival Series Mania.

Adam Bessa et Salim Kechiouche dans les rôles des frères Jebli de la série « Ourika » sur Prime Video.

Booba dans un rôle taillé sur mesure

Imaginé avec la complicité de Clément Gournay et Vincent L’Anthoën, le récit remonte aux origines des films de gangsters et de mafia, du Parrain de Francis Ford Coppola au Heat de Michael Mann. L’intrigue repose sur le talent de jeunes comédiens fiévreux : Adam Bessa, Noham Edje (Une Affaire d’honneur), Salim Kechiouche, Max Gomis, Slimane Dazi et Sawsan Abès. Quant à Booba, il s’est taillé un débardeur sur mesure avec le rôle de Métis, un caïd au charisme imparable, en cheville avec les rivaux de la famille Jebli, faisant régner la terreur au sein de la prison et au-delà des murs.

Cette série à la réalisation ample magnifie les vues aériennes et les plans d’ensemble de la cité, révélant l’autre visage, vert et coloré, de Bobigny en journée. Elle plonge, ensuite, dans les ocres et les rouges de la nuit – magnifiquement rendue à l’image par le travail du directeur de la photographie, Nicolas Bolduc -, pour mieux démonter les mécanismes archétypaux de domination masculine, dans un univers tout en tensions, en forfanterie et en muscles.

Cette trame violente et musclée, mais aussi contrastée est nourrie de l’expérience de Clément Godart, ancien policier devenu scénariste, de la vision de la documentariste Marcela Saïd et de la scénariste Marine Francou, qui a fait ses armes sur la série Engrenages. En filigrane, on y perçoit aussi l’influence d’une série comme Gomorra dans la volonté de détailler l’histoire du clan Jebli, de Paris jusqu’à son berceau familial au Maroc.

La série « Ourika », en partie imaginée par Booba, débute le 28 mars sur Prime Video.

2005, année-charnière

« Nous voulions évoquer ce moment charnière du début des années 2000, dans la lutte contre la drogue en France, avec cette voyoucratie qui évolue rapidement et les policiers forcés d’adapter leurs méthodes. Grâce à l’apport de Clément, qui a vécu cette période personnellement, les recherches ont été largement simplifiées, on a gagné beaucoup de temps, explique la scénariste Marine Francou. Même si la série a forcément fictionné cette réalité à travers le parcours du personnage de William », reconnaît-elle.

La série s’inscrit dans le contexte réaliste des livraisons surveillées, sous la juridiction d’un juge d’instruction, « procédures conçues pour arrêter des trafiquants français qui ont développé leur influence de façon spectaculaire, depuis les banlieues, pour devenir parmi les plus gros trafiquants dans le monde. Un mal qui, malheureusement, est toujours d’actualité », souligne Clément Godart.

Karin Tshidimba, à Lille