La série renouvelle le genre de la romance contrariée en y injectant des incertitudes financières, climatiques et un conflit de valeurs, le tout sur fond de paysages norvégiens époustouflants. A admirer sur Arte.tv

Dans le comté de Finnmark, coin reculé du Nord de la Norvège, proche de la Laponie, Daniel (Sigurd Kornelius Lakseide) croise Elin (Aili Kristine Eira) qui fait du stop au milieu de nulle part. Etonné et curieux, il propose de l’emmener. Les deux jeunes plaisantent et écoutent de la musique, découvrant qu’ils ont des goûts communs, malgré leurs différences de départ. Ils s’écharpent gentiment sur la question de savoir si on peut séparer l’homme de l’artiste. Mais au-delà du débat sur la « cancel culture », Daniel et Elin se plaisent et se séduisent mutuellement.

L’avenir s’annonce pourtant très différent pour eux. Daniel a quitté l’université de Tromso où Eline étudie, il vient aussi de perdre son emploi (peu qualifié) dans une école. Il vit à Utfjord avec sa mère, malade et ses préoccupations sont principalement d’ordre financier : mettre de l’essence dans son pick-up et boucler les fins de mois. Jeune femme déterminée, Elin fait des études de droit et est viscéralement écologiste. Elle fait partie de la communauté samie, ce peuple autochtone de Laponie qui vit, principalement, de l’élevage des rennes. Fière de ses origines, elle tente de trouver sa place face aux demandes pressantes de son père de rester impliquée et solidaire des siens.

De son côté, Daniel pense pouvoir enfin trouver un travail intéressant dans la nouvelle mine de cuivre qui va ouvrir prochainement à Utfjord. Mais le projet inquiète : « On parle de deux millions de tonnes de déchets déversés dans le fjord. » Daniel ignore qu’Elin milite avec son groupe Nature et Jeunesse pour empêcher que les territoires des rennes ne soient pollués par la mine, menaçant ainsi directement son futur emploi…

Aili Kristine Eira campe Elin, jeune fille samie qui lutte pour protéger l’élevage traditionnel de rennes dans le comté de Finnmark.

Un avenir doublement incertain

Tournée dans une nature sauvage à la beauté lunaire saisissante et peu représentée à l’écran, Saving the fucking planet brille par la singularité de ses personnages et de son propos. L’intérêt de la série tient dans sa façon de renouveler un genre souvent jugé réducteur, grâce à une tonalité inattendue. En l’occurrence, il s’agit d’un drame plus que d’une comédie romantique car même si Elin et Daniel plaisantent et passent de bons moments ensemble, tous les deux rencontrent un certain nombre de difficultés, notamment familiales, qui mettent leur relation naissante sous tension.

Si certains épisodes semblent un peu courts (40 minutes) pour embrasser toutes les problématiques soulevées, résonant avec force avec l’actualité, la série se penche de façon convaincante et étayée sur les difficultés rencontrées par les jeunes au moment d’entrer dans le monde des adultes : études, travail, parents, traditions à respecter, ou non, attitude à adopter tandis que de lourdes responsabilités leur tombent, souvent, sur le coin de la tête sans qu’ils y soient préparés…

Saving the fucking planet (Vi lover et Helvete) série créée par Karina Lystad, Kristin Vestreim et Tom Marius Kittilsen pour la NRK.

La série évite de tomber dans des clichés réducteurs grâce à ce double portrait, tout en nuances, de deux jeunes très indépendants qui montre toute l’importance de pouvoir se mettre à l’écoute des autres et éviter les jugements hâtifs ou les idées préconçues. Une nécessité et une « sagesse » qui devraient accompagner toute prise de décision quel que soit l’âge de la personne impliquée.

Karin Tshidimba

Note: En termes de thrillers écologiques, on songe forcément aux séries “Occupied”, “Trom” et « Abysses » qui mettent les préoccupations énergétiques et climatiques au cœur de leurs intrigues.

★★★ Saving the Fucking planet / Vi lover et helvete (VO) Romance écologique Création Karina Lystad, Kristin Vestreim et Tom Marius Kittilsen Réalisation Rebecca Kjellmann Avec Sigurd Kornelius Lakseide, Aili Kristine Eira, Lisa Stokke,… Sur Arte.tv (6 x 42’)