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nic pizzolato 1.jpg«Personne n’aurait voulu d’une série où l’on voit deux hommes parler de leur vie, alors j’ai rajouté un meurtre en plein milieu.» C’est avec ironie que Nic Pizzolatto définit la trame de son polar True Detective*** qui a marqué la rentrée de janvier dernier. Un récit dans lequel il a pu vérifier une théorie qu’il partage avec nombre d’auteurs: «Ce sont les histoires que nous racontons, et celles que nous taisons, qui nous définissent le mieux.» La preuve en a été donnée de façon magistrale avec ses personnages de Rust et Marty qui, Pizzolatto l’affirme, auraient pu être les héros d’un de ses romans.

Le public s’est assis jusque sur les marches de la salle 500 du Forum des Images parisien afin de pouvoir écouter, mercredi soir, le créateur parler de l’univers symboliquement très chahuté de True Detective. Il faut dire que l’écrivain a réalisé un coup de maître en s’imposant dès sa première série comme un talent qui compte dans la galaxie HBO, succès critique et public à l’appui. Raison pour laquelle la deuxième saison, en cours d’écriture, est déjà très attendue. Et était au menu de toutes les discussions en ces deux premiers jours du Festival Séries mania.

Animée par un journaliste du quotidien «Le Monde», la discussion a beaucoup tourné autour de ses influences littéraires (Dashiell Hammett, William Faulkner), philosophiques (Nietzsche, les antinatalistes), télévisuelles et cinématographiques (l’anglais Dennis Potter, Mike Leigh), mais aussi picturales puisque bien avant de s’essayer à la télévision et de signer un premier roman remarqué en 2010 («Galveston» publié chez Belfond), Nic Pizzolatto se destinait à la peinture ou à l’illustration. Aucun art ne semble le laisser indifférent puisqu’il s’est aussi dit très influencé par la musique dans l’écriture de son scénario.
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«J’ai écrit les deux lignes temporelles de True Detective (les enquêtes en 1995 et en 2012, NdlR) en parallèle et de façon imbriquée, comme elles apparaissent au sein des différents épisodes. Car chaque ligne du temps impose sa propre tension narrative à l’autre. C’est semblable à ce que l’on fait en musique où chaque ligne mélodique enrichit l’autre.»

Le déclic, du passage du roman à la télévision remonte au début des années 2000. «J’avais une telle admiration pour Les Soprano, The Wire ou Deadwood que je voulais trouver un moyen d’entrer à la télévision. J’ai réalisé que ma faim de fiction était davantage comblée par ces séries que par les romans que je lisais. Leurs histoires me semblaient plus profondes, elles parlaient plus frontalement de ce qui se passait dans le monde autour de moi.»

Une fois «Galveston» bouclé, Pizzolatto se retrouve avec pas mal de temps devant lui. Temps qu’il décide de mettre à profit pour écrire un premier scénario, comme s’il s’agissait d’un roman. «J’ai écrit 6 scripts dont celui de True Detective qui est le seul que je n’ai pas vendu car je voulais le produire moi-même en tant que showrunner.» Un métier dont il a appris le B-A-BA sur le tournage de The Killing, adaptation US de la série danoise Forbrydelsen.

«Les choses ont vraiment pris corps lorsque Matthew McConaughey a lu le scénario et a donné son accord tout de suite. Il nous a même aidé à convaincre Woody Harrelson. true detective 8.jpgJ’ai beaucoup aimé le jeu de Matthew dans le film «Lone Star», son côté à la fois ancré dans le réel et intellectuellement dangereux. Je voulais quelqu’un qui ne soit pas seulement comparable à un maître d’échecs mais dont on oublierait aussi qu’il est beau. Car Matthew a une forme de beauté presque animale.» Et une personnalité qui imprègne littéralement l’écran.

L’homme, qui a passé trois mois seul enfermé dans son garage, à l’été 2013, pour écrire «True Detective», s’est montré forcément très discret sur la tournure que pourrait prendre la suite. Il s’est cependant dit «très amusé» d’apprendre via twitter les multiples propositions de duo sur lesquelles planchent les fans dans l’attente de l’annonce du casting de la saison 2. «Pourquoi tout le monde pense-t-il qu’il s’agira forcément d’un nouveau duo? Dans la saison 2, il y a trois personnages principaux. Les deux premiers épisodes sont écrits et le casting aura lieu en mai ou en juin donc vous connaîtrez les premiers noms dans un mois ou deux», a-t-il précisé.

Très attaché à sa Louisiane natale, qu’il a si bien disséquée dans True Detective, Nic Pizzolatto a confié vouloir surprendre en proposant, dans sa saison 2, une Californie «méconnue avec des coins qu’on ne voit jamais ni au cinéma, ni en télévision ». On ne demande pas mieux.
KT, à Paris