A l’Est, les nouveaux territoires des séries

A l’Est, les nouveaux territoires des séries

Dont_ever_wipe_tears.jpgScandinavie, Rep. Tchèque, Pologne, Israël, Australie: les séries américaines et britanniques ne sont plus les seules à faire battre le coeur des sériephiles. La preuve en a encore été donnée tout au long de la semaine lors du Festival Series mania qui a vu défiler 15 000 fans, soit une croissance de 25% par rapport à l’an dernier. Spécialistes ou curieux, ils ont, une nouvelle fois, démontré leur soif de découverte en décernant le prix du public à la mini-série suédoise « Don’t ever wipe tears without gloves » (photo) qui retraçait, en trois épisodes, le début de l’épidémie du sida à Stockholm dans les années 80. Un engouement observé avec intérêt par les chaînes…

Nouvelle preuve de l’attractivité de la fiction scandinave, Arte vient d’annoncer qu’elle va coproduire avec la NRK (Norvège) Occupied, une série d’anticipation politique signée Jo Nesbo, «maître du polar scandinave». Présenté comme l’un des successeurs de l’auteur suédois Henning Mankell, Jo Nesbo a vu l’adaptation de son dernier roman, « Headhunter », récolter un immense succès au box-office scandinave, film acquis ensuite par plus de 50 pays.

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Real humans: My own private hubot

Real humans: My own private hubot

real humans.jpgC’est une fable cruelle. Rien à voir avec le conte de fée supposé de la cohabitation harmonieuse entre hommes et robots. Avec cette nouvelle série suédoise, on est davantage dans le récit d’anticipation analysant nos questions et réactions face à une réalité inattendue et dérangeante. Comme ce fut le cas face aux dangereux Cylons de « Battlestar Galactica » ou, bien plus tôt, encore avec le mythe de Frankenstein. Sauf que Real humans*** postule une dimension supplémentaire: le «conflit des apparences» avec des êtres qui ne sont pas réellement ce qu’ils semblent être.

Dans ce proche futur imaginé par Lars Lundström, les hommes ont façonné les hubots à leur image dans le but avoué d’alléger leur quotidien: tâches ingrates et/ou répétitives, basses besognes ou lourdes charges. Supermarchés, entreprises, homes pour personnes âgées: les hubots sont partout et s’occupent de tout, supervisés par une poignée d’hommes seulement.
Un poids et une importance jugés exagérés par une frange de la population se déclarant hostile à la cohabitation avec les hubots et regroupée sous le sigle «100% humains» (d’où le titre originel: « Akta människor » en suédois).

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Bron: Un corps sur un pont

Bron: Un corps sur un pont

bron.jpgCela pourrait être une banale affaire de meurtre. Mais le corps, coupé en deux, a été disposé à l’emplacement exact de la frontière entre Danemark et Suède, sur le pont qui enjambe l’Öresund…. Un pont magnifique soi-dit en passant.
Appelées sur place, les polices danoises et suédoises conviennent de travailler ensemble. Décision d’autant plus sage que les victimes – car la dépouille découverte est en fait constituée de deux corps distincts – renvoient rapidement à des disparitions et phénomènes inquiétants se déroulant de part et d’autre de la frontière.

Au-delà de l’originalité géographique et de l’ambiance générale (qui participe de la réputation des polars scandinaves), ce qui marque, dans Bron***, c’est l’étrange mariage entre deux flics que tout oppose. Un classique du genre, direz-vous, mais le personnage de Saga Noren est une sorte de synthèse. Obsessionnelle, jusqu’auboutiste et déterminée comme ses collègues Sarah Lund et Sarah Linder de «The Killing», elle offre une version encore plus borderline. Difficulté à communiquer, totale incapacité à l’empathie, l’inspectrice Saga Nören – boots et pantalon de cuir – est un cas.

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The killing: le succès venu du froid

The killing: le succès venu du froid

KILLING1.jpgQui aurait cru que l’enquête sur le meurtre d’une adolescente, dans une atmosphère aussi lugubre que pesante, passionnerait à la fois les publics français, britanniques, américains et danois ?
Que The killing***, polar intense et soigné deviendrait le porte-étendard de la créativité scénaristique de toute une nation? Après le succès de la saga Millenium de Stieg Larsson, et l’adaptation par les Britanniques des enquêtes de l’inspecteur Wallander (sous les traits de Kenneth Branagh), le monde audiovisuel est touché depuis deux ans par la folie «The killing».

Avec cette sombre histoire d’assassinat sur fond de campagne électorale, le royaume danois a en effet démontré qu’il méritait plus qu’une couronne. «Forbrydelsen» («The killing» à l’international) est en effet reine des audiences sur son territoire: 1,7 million de fidèles suit d’ailleurs, en ce moment, la saison 3 des enquêtes de Sarah Lund, sur une population totale de 6 millions de Danois… Et ce n’est pas tout. Car ce succès national et international a permis de braquer tous les projecteurs sur deux autres séries majeures: Borgen, sur la première femme Premier ministre du Danemark (dont la saison 2 démarre ce jeudi sur Arte) et Bron, enquête policière transfrontalière coproduite avec la Suède voisine.

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La mode du polar nordique

La mode du polar nordique

killing - forbrydelsen.pngUne certaine idée du polar et de la réalité sociale, une qualité d’intrigue et un grand souci du détail et, surtout, cette façon unique de faire voler les apparences (trompeuses) en éclats. Le polar scandinave, c’est un peu tout ça à la fois, saupoudré en prime d’une pincée de « Violence des échanges en milieu tempéré ».
Les fans, britanniques, américains et français de The Killing*** le savent bien. S’ils ont mordu à l’hameçon de cette fiction singulière et abrupte, c’est parce qu’elle se joue des atmosphères, sombres et pluvieuses, ainsi que des sentiments des téléspectateurs.

Cette noirceur, loin de rebuter, a rendu le public accro au point de lancer la mode des pulls et du mobilier danois. Adaptée avec soin, la version américaine (vue sur BeTV) ne manque pas de chien et a révélé, à l’instar de sa grande sœur danoise portée par Sophie Grabol, une actrice au charisme atypique, loin du look classique de top model US: Mireille Enos, petite rousse au teint laiteux (cf. photo)

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Borgen: une femme seule au Château

Borgen: une femme seule au Château

Borgen.jpgPremière femme propulsée au poste de Premier ministre du Danemark, Birgitte Nyborg Christensen (campée par la comédienne Sidse Babett Knudsen) a fait l’apprentissage du pouvoir au fil des dix épisodes passionnants de la saison 1 de Borgen***. Une qualité qui avait “payé” puisqu’Arte avait enregistré des audiences bien supérieures à sa moyenne (du 9 février au 8 mars 2012) et que la série avait été le sujet de conversation n°1 sur Twitter en France le jour de sa première diffusion.

Anticipant sur la réalité de son propre pays – quelques mois plus tard, Helle Thorning-Schmidt, cheffe des sociaux-démocrates, devenait effectivement la première femme Premier ministre du Danemark ! –, cette fiction signée Adam Price s’est fait remarquer dans le monde entier, en posant notamment la question de la possibilité d’une vie privée pour les hommes et les femmes politiques…
Dans cette saison 2 qui démarre jeudi soir sur Arte, Adam Price dit vouloir “tendre vers plus de profondeur et de noirceur” mais sans cynisme. Un pari réussi.

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