KILLING1.jpgQui aurait cru que l’enquête sur le meurtre d’une adolescente, dans une atmosphère aussi lugubre que pesante, passionnerait à la fois les publics français, britanniques, américains et danois ?
Que The killing***, polar intense et soigné deviendrait le porte-étendard de la créativité scénaristique de toute une nation? Après le succès de la saga Millenium de Stieg Larsson, et l’adaptation par les Britanniques des enquêtes de l’inspecteur Wallander (sous les traits de Kenneth Branagh), le monde audiovisuel est touché depuis deux ans par la folie «The killing».

Avec cette sombre histoire d’assassinat sur fond de campagne électorale, le royaume danois a en effet démontré qu’il méritait plus qu’une couronne. «Forbrydelsen» («The killing» à l’international) est en effet reine des audiences sur son territoire: 1,7 million de fidèles suit d’ailleurs, en ce moment, la saison 3 des enquêtes de Sarah Lund, sur une population totale de 6 millions de Danois… Et ce n’est pas tout. Car ce succès national et international a permis de braquer tous les projecteurs sur deux autres séries majeures: Borgen, sur la première femme Premier ministre du Danemark (dont la saison 2 démarre ce jeudi sur Arte) et Bron, enquête policière transfrontalière coproduite avec la Suède voisine.

Comme « Forbrydelsen », adaptée par la petite chaîne AMC sous le titre «The killing», «Bron» fera bientôt l’objet d’une adaptation au pays de l’Oncle Sam sous le titre «The bridge». Commandée par la chaîne FX, elle suivra deux policiers, une Américaine et un Mexicain forcés de collaborer lors d’une enquête sur un meurtre transfrontalier. Diane Kruger y aura Demian Bichir (« Savages ») pour partenaire; à la conception, on retrouve Meredith Stiehm (« Cold Case », « Homeland »).

Le secret de ce succès danois?

Dix jours d’enquête avec ses erreurs et errements, retours en arrière et bonds en avant, forment au final dix épisodes denses et, parfois, éprouvants.
Comme Mad Men, « The Killing » révèle une intrigue plus profonde qu’il n’y paraît et, comme elle, la nouvelle venue s’emploie à sonder les âmes et à dépasser les apparences avec la ténacité et la ruse d’un pisteur sioux. Procédant par strates, elle creuse le quotidien des protagonistes du meurtre afin de dévoiler une réalité subversive et réellement surprenante.

Dans son exploration soignée de l’entourage de la jeune fille assassinée, « The Killing » met un point d’honneur à faire du temps et même, plus précisément, de la durée, sa meilleure alliée. Ni faux-fuyants, ni précipitation. Le résultat est un polar riche en atmosphères, aux personnages solidement charpentés dont l’épaisseur croît d’épisode en épisode.

La séduction est telle, partout où la série est diffusée, qu’une mode « Forbrydelsen » s’est même déclarée. Après les robes cintrées et silhouettes affolantes façon « Mad Men », on annonce le grand retour du pull-over garanti pure maille, dont les inspectrices Sarah Lund (Danemark) et Sarah Linden (USA) sont les meilleures ambassadrices. Heureusement, l’hiver pointe à l’horizon. Les fans se frottent les mains en grignotant des Krisprolls (suédois, en fait) et en s’envoyant des « Tak ! » complices…
KT

Forbrydelsen. Drame de Soren Sveistrup avec Sofie Grabol, Lars Mikkelsen. Début au Danemark: janvier 2007. 30 épisodes + 10 en cours de production.