Céline Bonnier est une formidable mère courage, prête à tout pour faire innocenter son fils. Une série québécoise qui marie les influences de Cold Case et du film 3 Bilboards. A découvrir dès le 3 mai sur Arte.tv.

« Calice ! Ciboire ! Hostie ! » Même si Céline Bonnier ne déploie pas le même langage ordurier et vindicatif que Frances McDormand dans son rôle de Mildred Hayes du film Three Billboards, les deux femmes boxent bien dans la même catégorie : celle des mères irréductibles, pugnaces. Celles qui ne renoncent jamais, refusant de laisser tomber leur progéniture.

La première, personnage central d’Une Affaire criminelle***, est décidée à faire sortir son fils de prison, le sachant innocent du meurtre dont il est accusé. La seconde est déterminée à retrouver l’assassin de sa fille, quoi qu’il en coûte. L’une comme l’autre se battent contre ce que l’on nomme Cold Case aux Etats-Unis et Affaire classée dans nos contrées.

Céline Bonnier vibrante en mère prête à tout pour sauver son fils dans la série québécoise « Une Affaire criminelle ».

L’autre différence tient au format. Au film de Martin McDonagh, sorti en 2017, répond cette série québécoise addictive produite en 2022. Les amateurs du format reconnaîtront dans son mode opératoire des pistes jadis empruntées par la formidable série Cold case, imaginée par Meredith Stiehm dès 2003. Au fil de huit épisodes, Une Affaire criminelle propose de revisiter des affaires qui ont défrayé la chronique, mais sont restées irrésolues dans la Belle Province.

A chaque saison, son enquête inachevée. La saison 1 relate le combat d’une mère pour faire innocenter son fils, rôle brillamment endossé par l’inépuisable Céline Bonnier. La saison 2, qu’Arte proposera dans la foulée, aborde quant à elle la question des violences conjugales.

Radioscopie d’une ville de province

La saison 1 met le cap sur la petite ville de Saint-Bruno au Nord de Montréal. Après un nouveau scandale provoqué par Céline Bonnier, le BEI (Bureau des enquêtes indépendantes), soit la police des polices provinciales, institué en 2016, a décidé de rouvrir l’enquête sur le meurtre de Jérémie Parenteau. Affaire qui a entraîné la condamnation d’Alex Godin à 25 ans de prison. Après 15 années passées derrière les barreaux, Alex semble au bout du rouleau et sa mère est prête à tout pour qu’il recouvre enfin la liberté.

Louis-Philippe Dandenault campe l’enquêteur Benoît Inglis, alias Bing, tiraillé par ses soupçons au sujet de ses propres collègues.

Croisant les fils de vie de multiples personnages, la série dresse un tableau sociologique éloquent de la vie dans la Belle province : racisme à peine voilé, jalousies, projet immobilier, rivalités policières,… Un portrait de groupe reposant sur une belle galerie de personnages, féminins notamment, emmenés par l’irréductible Céline Bonnier.

La série ne se concentre pas uniquement sur la rivalité de Catherine Godin avec la police, mais aussi sur les soupçons apparus rapidement dans l’esprit de son seul allié, Benoît Inglis, alias Bing (Louis-Philippe Dandenault), vis-à-vis de ses propres collègues. Soupçonnés de mensonges, de dissimulations de preuves et de calomnies, chacun est appelé à raconter sa version de l’histoire devant le BEI.

Confrontant les nombreux points de vue sur l’affaire, la série exhume aussi les haines et les rumeurs qui agitent la petite ville, alors que se rouvre une affaire que tout le monde croyait classée et qui avait pourtant fait grand bruit : l’assassinat du fils du maire et la condamnation d’un jeune homme à 25 ans de prison.

Réalisée par Stéphane Lapointe et Pascal L’Heureux, la série bénéficie du scénario riche et densément charpenté de Joanne Arseneau, la scénariste y sondant avec un évident plaisir les recoins et les failles de l’âme humaine. A voir dès le 3 mai sur Arte.tv.

Karin Tshidimba