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De Dana Scully (X-Files) à Margaret Thatcher (The Crown), de Stella Gibson (The Fall) à Jean Milburn (Sex Education), l’actrice couronnée d’un Variety Icon Award ce vendredi, a rendu hommage aux personnages iconiques avec lesquels elle a tracé sa route.

La venue de Gillian Anderson à CanneSeries a réchauffé le coeur de ses nombreux fans, surpris par la température « indécente » qui régnait sur la Croisette ce week-end (13 degrés, vous imaginez?) L’actrice s’est vu décerner en grandes pompes un Variety Icon Award en ouverture de la cinquième saison du Festival, vendredi soir, devant la salle comble du Palais des festivals. C’était peu de temps avant que le vent ne se lève, samedi, et ne vienne rafraîchir l’enthousiasme de ses fans bien décidés à suivre sa masterclass à la salle Miramar.

De Dana Scully à Blanche DuBois

Des fans de tous les âges et de presque tous les horizons. Certains ne juraient que par Dana Scully, le personnage d’agent du FBI « badass » qui l’a révélée dans la série X-Files, en 1993. D’autres s’enflammaient littéralement autour de son interprétation de Margaret Thatcher dans The Crown, mais la grande majorité d’entre eux n’avait d’yeux que pour celle qui, sous les traits de Stella Gibson dans The Fall (2013) et de Jean Milburn dans Sex Education, a rappelé que les femmes de plus de quarante ans sont déterminées à faire entendre leurs voix tant sur le plan privé que sur le plan professionnel.


« Quand j’ai lu le scénario de The Fall, j’ai su qu’il fallait qu’on sache qu’une femme comme elle, à la sexualité libérée et qui n’a pas froid aux yeux, pouvait exister » a-t-elle confié. Lancée à la poursuite d’un redoutable serial killer, son personnage de Stella Gibson ne s’embarrasse pas de convenances pour faire comprendre aux hommes qui lui plaisent ce qu’elle attend précisément d’eux. Tandis que Jean Milburn, sexologue décomplexée et mère d’un ado très secret, cherche encore visiblement les recettes de la vie à deux ou, du moins, d’une relation équilibrée. Tout en permettant à la native de Chicago de démontrer ses talents comiques…
Stella et Jean apparaissent comme les deux versants d’une même personnalité forte, libérée et charismatique. Et visiblement, la liste est loin d’être close puisqu’on attend encore prochainement l’actrice sous les traits de l’emblématique Eleanor Roosevelt, dans la série The First Lady où elle a pour partenaires Viola Davis, Michelle Pfeiffer et Dakota Fanning, entre autres…

« C’est vrai que j’ai campé de nombreux personnages iconiques » a reconnu avec une touchante modestie l’actrice au moment de recevoir son prix vendredi. Si sa présence dans le milieu des séries éclipse souvent ses rôles au cinéma et au théâtre, c’est pourtant un personnage interprété sur scène qui reste de loin le plus cher à son coeur : celui de la troublante Blanche DuBois dans Un tramway nommé désir. Des années après lui avoir prêté vie, Gillian Anderson reste encore bouleversée par la fragilité et le désespoir de cette femme perdue dans ses pensées.

Dana Scully a réveillé mon côté badass

Tous ces personnages, sans exception, s’inscrivent dans une longue lignée de femmes libres et déterminées. « Je suis attirée par les femmes fortes, mais je pense que Dana Scully a réveillé en moi mon côté « badass » » a admis la comédienne lors de la masterclass organisée samedi. « Ma mère avait un sens profond de la justice. Elle m’a donc aussi beaucoup influencée dans mon travail et dans mes choix de personnages » a-t-elle encore précisé.
Et si elle doit son succès et sa renommée à Dana Scully, elle précise qu’elle n’entend pas reprendre le rôle développé aussi dans deux aventures sur grand écran. D’autant que le tourbillon dans lequel ce rôle l’a projetée ne lui a visiblement pas laissé que de bons souvenirs. « Je n’avais que 24 ans quand tout a commencé. Peu de temps après, je suis devenue maman et les horaires étaient très lourds. On travaillait parfois 17 heures par jour. » Et il lui a aussi fallu se battre pour que son salaire ne reste pas ridiculement inférieur à celui de son coéquipier Fox Mulder, campé par David Duchovny…

Autant de batailles qui sont aujourd’hui derrière elle et qui lui permettent d’imposer les histoires qu’elle souhaite vraiment raconter. « Je sais que Dana Scully a été un modèle pour beaucoup de jeunes femmes et aussi qu’elle a permis à d’autres types d’héroïnes d’arriver sur le petit écran. Les choses ont vraiment progressé – notamment avec des personnages comme l’inspectrice de The Bridge ou Nurse Jackie -, mais il y a encore des batailles à mener » souligne-t-elle avec un air entendu.

Productrice pour Netflix

Ce sera vraisemblablement le cas avec les projets que Gillian Anderson entend développer en tant que productrice, dans le cadre du contrat d’exclusivité que sa société vient de signer avec Netflix. Des projets à cheval entre Etats-Unis et Grande-Bretagne, où l’actrice est installée depuis de nombreuses années. Un pays où, taille du marché aidant, « il est bien plus simple et plus rapide de créer » nous a-t-elle confié en table-ronde.

« Nous sommes dans une période où il y a de la place pour plus de monde car les règles sont moins strictes et l’audience n’a jamais été aussi large qu’aujourd’hui. Les gens sont beaucoup plus enclins à découvrir des projets très éloignés de leur quotidien ou des histoires complètement différentes, comme ce fut le cas avec Squid Game ou Sex Education. C’est une sorte de nouveau Far-West et c’est très excitant ! Surtout qu’il y a enfin plus de diversité devant et derrière la caméra. »

Karin Tshidimba, à Cannes