La saison 4 de la prestigieuse série britannique se penche sur les relations de la Reine avec deux rivales de taille: Margaret Thatcher et Lady Diana. A voir dès ce dimanche 15/11 à 8h sur Netflix

Avec l’arrivée de personnages aussi iconiques que Margaret Thatcher et Lady Di, la saison 4 de The Crown*** était forcément celle de tous les enjeux, même si le changement de casting en saison 3, afin d’accompagner le cours du temps et donc le vieillissement des personnages, représentait un sacré défi également.

La réussite de cette nouvelle saison tient aux nombreux événements abordés, l’Histoire assurant la qualité de l’intrigue et des rebondissements narratifs: l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, la crise économique, la guerre des Malouines, la liaison de Charles et Camilla, le mariage de Charles et Diana…
Les dix épisodes trouvent naturellement matière à récits et à approfondissements. La personnalité hautement incandescente de la princesse de Galles faisait reposer un poids énorme sur les épaules de la jeune comédienne britannique choisie pour l’interpréter mais il faut reconnaître qu’Emma Corrin s’en sort avec les honneurs.

Sans mauvais jeu de mots, The Crown confirme son statut de série royale sur Netflix avec son casting impeccable, ses reconstitutions et reproductions soignées des lieux, décors et tenues princières ou royales. Avec son souci du détail historique, de la narration et son approche documentée des relations souvent compliquées au sein de la famille royale britannique.

Espoirs déçus et ressentiments

La force du scénariste Peter Morgan est de dévoiler les espoirs et les failles de tous ceux qui ont tenté de s’accommoder au mieux de l’Histoire en marche, tout en peinant parfois à y trouver leur place en tant qu’être humain, enfant, amoureux ou parent… C’est cette âme humaine cachée derrière les clichés officiels et les photos jaunies que cherchent à dévoiler le scénariste et son bataillon de documentaristes. L’intimité du pouvoir et les sacrifices qu’elle entraîne. En décrivant aussi l’impact que tel ou tel événement moins connu a eu sur la vie de chacun, de la Reine (Olivia Colman) aux princesses Anne (Erin Doherty) et Margaret (Helena Bonham-Carter) en passant par les princes Philip (Tobias Menzies) et Charles (Josh O’Connor).

La saison 4 aborde une décennie cruciale et pas si éloignée de nous: les années 1979 à 1990 qui ont vu deux femmes s’inscrire au centre des luttes de pouvoir en Grande-Bretagne: la Reine et la Première ministre.
Elle évoque aussi le naufrage du mariage princier qui avait tant fait rêver les Britanniques, et le monde entier, mais n’est pas parvenu à rassurer et conforter deux êtres (Charles et Diana) presque désespérément en quête de reconnaissance et d’encouragements.

Emma Corrin prête chair à Diana, jeune fille perdue et déçue, arrivée trop jeune sur l’échiquier royal et qui s’est très vite réfugiée dans la boulimie et la mélancolie face à sa rivale Camilla Parker-Bowles. Devenue l’épicentre de l’attention médiatique, Diana subira aussi la jalousie croissante d’un certain nombre de membres de la famille royale… A la fois victime et instigatrice de cette attention populaire devenue vrai cercle vicieux.

Dans ce panorama en tout point impressionnant, le seul bémol réside dans la prestation de Gillian Anderson (X-Files, The Fall). La déception domine car les attentes étaient au moins aussi importantes que face au personnage de Diana. Mais force est de reconnaître que son interprétation semble trop appuyée et caricaturale, par moments, même si le personnage n’a jamais spécialement brillé par sa tempérance. A trop vouloir singer la prononciation et les tics de langage de la Dame de fer, le jeu de l’actrice en devient parfois théâtral et empêche de se concentrer sur la teneur du message…

Malgré cette petite faiblesse, tous les acteurs se montrent parfaitement à la hauteur de leur mission et les dix épisodes disponibles ce dimanche s’affirment comme un rendez-vous incontournable, à la fois tragique et éclairant, de notre Histoire contemporaine.

Karin Tshidimba