Entre talents indiscutables (Michael Douglas) et succès confirmés (The Americans), la soirée n’a réservé que très peu de surprises du côté des séries primées

Tout vient à point à qui sait attendre. Après 6 saisons d’une qualité jamais démentie, la série d’espionnage The Americans a décroché sa toute première nomination et son tout premier Golden Globe dans la catégorie Meilleure série dramatique. C’est d’autant plus mérité que cette récompense vient souligner la fin de parcours d’une série qui n’a pas cédé aux sirènes de la facilité ou de l’outrance. De quoi remettre en lumière les performances de ses deux acteurs principaux, Keri Russel et Matthew Rhys. Même si la virtuose Killing Eve n’a certainement pas démérité.

La preuve ? Sandra Oh, l’une de ses deux comédiennes principales, rafle le Golden Globe de la Meilleure actrice pour son rôle d’espionne perspicace dans cette série qui manie l’ironie aussi efficacement que les armes létales. A croire que la fascination pour les agents secrets était de mise cette année parmi les jurés de la presse étrangère qui ont donné sa tonalité à cette 76e cérémonie, dimanche à Los Angeles.
Coprésentatrice de la soirée aux côtés d’Andy Samberg, Sandra Oh est la première personnalité d’origine asiatique (l’actrice canadienne est originaire de Corée) à remporter plusieurs Golden Globes, après son sacre pour son rôle de Cristina Yang dans Grey’s Anatomy.

Une autre prestation tout en ambiguïté et en férocité a été primée : celle de Patricia Clarkson, sans conteste la plus terrifiante dans son rôle de mère toxique dans Sharp Objects, une mini-série dans laquelle brille la tout aussi tourmentée Amy Adams. L’une comme l’autre n’ont pas volé leur nomination.

C’était l’un des hits de la rentrée dernière en Grande-Bretagne et un thriller sous haute tension : Bodyguard, dernière série en date de Jed Mercurio. Richard Madden, qui y campe un garde du corps au mental tourmenté, voit sa prestation récompensée à juste titre : il est sacré Meilleur acteur dans une série dramatique.

La méthode Kominsky: 150 ans au compteur

Pour certains, l’attente fut plus longue que pour d’autres… La Méthode Kominsky avec son duo de comédiens âgés de 74 ans et plus, décroche le titre de Meilleure série comique, preuve que le talent ne disparaît pas au fil des années. La série réalise d’ailleurs un doublé puisque Michael Douglas remporte le prix du Meilleur acteur pour sa prestation du comédien Sandy Kominsky qui tente de garder intacts son cap et son ambition alors qu’il a largement atteint l’âge de la retraite.

Alan Arkin et Michael Douglas dans « La Méthode Kominsky »

Passionné irréductible, il continue à enseigner l’art de la comédie à de jeunes aspirants acteurs dans une ville, Los Angeles, qui magnifie la jeunesse et la beauté… Pour l’acteur, il s’agit d’un premier prix reçu pour un rôle dans une série, preuve qu’il n’est jamais trop tard pour se lancer de nouveaux défis.
Dans le rôle de son ami et agent de longue date, on saluera la prestation d’Alan Arkin, alias Norman Newlander. Tous les deux forment un duo de vielles canailles irrésistibles à suivre sans tarder sur Netflix. D’autant que cette nouvelle création signée Chuck Lorre ne compte que huit épisodes. Un succès qui rappelle celui du génial duo féminin de septuagénaires – Jane Fonda et Lily Tomlin – à l’oeuvre dans la série Grace & Frankie.

Rachel Brosnahan surclasse toutes ses concurrentes avec sa prestation dans The Marvelous Mrs Maisel et remporte son troisième prix (2 Golden Globes, 1 Emmy) au service de cette série.

Le rayon des mini-séries est celui qui réserve le moins de surprises. The Assassination of Gianni Versace et son acteur Darren Criss s’imposent sans démériter mais aussi sans briller. Avec l’impression tenace d’un certain manque de renouvellement alors que d’autres nouveautés auraient mérité de s’imposer. La remarque est également valable pour Ben Whishaw, lauréat pour A very British Scandal. Côté féminin, Patricia Arquette s’impose grâce à son implication totale et à son goût du risque. Pratiquement méconnaissable dans Escape at Dannemora, elle n’a pas eu peur de ne pas s’y montrer à son avantage.

Peu de révélations et de découvertes s’affichent, au final, dans ce palmarès 2019 qui a toutefois mis en avant des talents indiscutables ainsi que la nécessaire recherche d’une plus grande diversité et égalité à Hollywood.

Karin Tshidimba