La nouvelle création des producteurs de Game of Thrones a marqué la soirée d’ouverture du festival ce vendredi 15 mars à Lille, plaçant haut la barre des futures projections, animations et rencontres.

L’actrice Jess Hong et le comédien John Bradley étaient à Lille ce vendredi soir pour prendre part à la cérémonie d’ouverture de l’édition 2024 du Festival Series Mania, au cours de laquelle les deux premiers épisodes de la nouvelle série des producteurs de Game of Thrones, David Benioff et D.B.Weiss, ont été présentés au public lillois et à un parterre de personnalités de l’audiovisuel français et international, en présence de la ministre de la Culture française, Rachida Dati.

Adaptée de la trilogie éponyme du Chinois Liu Cixin, Le Problème à 3 corps, la série ample et ambitieuse embrasse deux temporalités : les années 66 et suivantes, où la révolution culturelle chinoise bat son plein, menaçant la survie des « ennemis de la nation », parmi lesquels le père de la jeune Ye Wenjie, professeur de physique reconnu. Et 2024, où une menace encore plus grande semble peser sur une série de brillants scientifiques poussant certains d’entre eux au suicide. Tandis qu’un ancien du MI5 mène l’enquête sur ces morts inexpliquées et mystérieusement reliées, on suit, en parallèle, le destin de la jeune Ye devenue scientifique à son tour et participant à un programme chinois ultra-confidentiel visant à entrer en contact avec les « habitants d’autres mondes ».

Jess Hong et John Bradley dans « Le Problème à 3 corps », nouvelle série des producteurs de « Game of Thrones » attendue le 21 mars sur Netflix.

Révolution culturelle, intelligence artificielle et réalité virtuelle

Le lien avec notre époque se fait, bien sûr, à travers la recherche scientifique, mais pas seulement… La question de la sauvegarde de la planète, de l’extinction des espèces et des menaces pesant sur l’humanité tout entière sont au coeur des réflexions de Ye, tout comme elles pèsent aujourd’hui, plus lourdement encore, sur les recherches des physiciens concernés.

Mêlant science-fiction, drame historique et réalité virtuelle, la saga, aux moyens considérables et aux ambitions affichées, réussit à rendre ses personnages attachants et son récit furieusement intrigant tout en maintenant un haut niveau d’innovation et de questionnements. La série qui se déploie sur huit épisodes sera mise en ligne le 21 mars prochain dans 200 pays par Netflix, ce qui lui assure d’emblée un retentissement d’envergure. A la production, on retrouve d’autres grands noms : Brad Pitt et Rosamund Pike, notamment.

La bande-annonce de la série « Le probème à  » corps » attendue le 21 mars sur Netflix.

A en juger par les premiers épisodes, l’attente, cette fois, n’est pas usurpée tant les interprètes – Zine Tseng, Eiza Gonzalez, Benedict Wong, Liam Cunningham et Jonathan Pryce, entre autres – et la qualité de l’intrigue s’unissent pour bâtir un récit foisonnant et interpellant. Au-delà des menaces pesant sur l’humanité – dérèglement climatique, dévoiement de la science à des fins uniquement lucratives, menaces sur la survie de la Terre – la série pose aussi la question de l’utilisation de l’intelligence artificielle et de son impact sur l’homme.

Autant d’interrogations aussi cruciales que contemporaines, inspirées du roman publié en 2014, mais délibérément étendues vers l’Ouest à travers le quintet de scientifiques suivis par la série. Des esprits brillants formés à l’université d’Oxford. Pour développer la trame de leur série, le célèbre duo de Game of Thrones a fait appel à la créativité du scénariste et producteur Alexander Woo (The Terror, True Blood). De quoi faire oublier les déboires que les « deux D » – David et Daniel – ont connu après la fin (déjà décriée par certains) de la saga Game of Thrones, avec leurs deux projets mort-nés : Confederate et Premier Jedi.

Malgré la complexité du récit – mêlant différents espaces-temps, mais aussi histoire et science-fiction – et l’incroyable succès de la trilogie de romans, devenue véritable phénomène culturel en Asie, le duo s’est lancé dans l’aventure de l’adaptation. Sans doute encouragés par une mécanique déjà éprouvée avec leur précédente saga produite par HBO. A l’écran, le résultat, visuellement bluffant dans sa partie futuriste comme dans les reconstitutions chinoises d’envergure – semble à la hauteur des attentes. Reste à voir comment il sera accueilli par les lecteurs inconditionnels de l’auteur Liu Cixin, consultant de la série…

Karin Tshidimba