Dimanche soir à 20h, choc des Titans. Match au sommet entre “Game of Thrones” (La deux RTBF) et “Homeland” (RTL-TVI, 20h20). Epic fantasy contre thriller politique: l’affiche est belle, mais pour les amateurs de bonnes séries, c’est un fameux dilemme. En attendant de faire votre choix et de voir (ou revoir) ces deux deux séries multiprimées, revenons sur l’origine du phénomène…

game of thrones1.jpgLa saga Game of Thrones*** n’a en effet pas attendu l’entrée en scène de l’imposant Sean Bean (alias Eddard « Ned » Stark) pour régner sur le coeur des fans. L’univers de George R.R. Martin avait de nombreux admirateurs, surtout en France, bien avant la transposition signée par HBO.

Pour les amateurs de fantasy, le livre représente en effet une sorte de Graal: à la fois foisonnant, passionnant, mêlant intrigues politiques et faits de guerre, passions interdites et alliances de raison, proposant, surtout, une foule de personnages et d’univers dans un récit soigné. Ni elfes, ni hobbits, ni gobelins, mais des personnages de chair et de sang s’opposant avec force pour conquérir le pouvoir suprême dans un univers menaçant où guerres et famines semblent toujours imminentes. Pas de magie, si ce n’est la plus sombre d’entre elles, mais une foule de légendes, de menaces et de traditions qu’on aurait tort de prendre à la légère.

«Si les personnages et les différents royaumes sont le fruit de l’imagination de George R. R. Martin, le récit doit beaucoup à l’intervention de Jean Sola, responsable de la traduction française. C’est en effet son amour de la langue médiévale et son goût du romanesque qui ont contribué à faire du Trône de fer un vrai succès de librairie» souligne Michel Dufranne, spécialiste des littératures de genre à la RTBF. «Au point même que les autres traductions (italiennes, etc.) sont repartie du texte français et pas de l’original américain. Une contribution majeure soulignée par George Martin lui-même.»

Comme tout travail d’adaptation – car il ne s’agit pas d’une simple traduction -, le travail de Jean Sola, imaginatif et passionné a fait grincer quelques dents du côté des fidèles de Martin, puisque Sola «a pris la liberté de réorganiser certains chapitres, d’enrichir le style de l’auteur plutôt direct, d’adapter certains noms dans une langue qu’il estimait plus conforme à celle connue au Moyen Age» poursuit Michel Dufranne. Renforçant encore les points de comparaison avec la légendaire saga des «Rois maudits» de Maurice Druon. Un travail de re-création qui fait l’admiration de nombreux fans de dark fantasy mais que d’autres estiment, au contraire, totalement déplacé. Quoi qu’il en soit, le lancement de la série HBO n’a fait qu’accroître l’intérêt du public et nourrir le «phénomène», faisant de GoT, le plus grand succès fantasy de ces quinze dernières années en librairie.

game of thrones info.jpgEt les changements ne s’arrêtent pas là. Car, de l’aveu même de Martin, étroitement associé à la conception du scénario de la série, depuis la saison 2, d’autres modifications et simplifications ont été nécessaires à la compréhension et à la fluidité du récit. L’augmentation considérable du nombre de personnages à partir du tome 3 a ainsi nécessité de nombreuses modifications de la narration de la troisième saison, attendue fin mars aux Etats-Unis (cf. note). Les tomes 3 et 4 s’étant focalisés sur certains personnages à tour de rôle, avant de revenir en arrière, il a aussi été nécessaire de reconstruire une chronologie plus limpide pour la série.

Lors du passage de l’écrit à l’écran, il y a aussi eu des ajouts: de quelques phrases ou mots dits en Dothraki dans le livre, on est en effet passé à des passages entiers ou de longs monologues en Dothraki afin d’enrichir l’univers de la tribu du Sud. Autant de changements consentis en parfaite concertation avec George Martin, coproducteur de la série. Comme le démontraient déjà les bonus vidéos de la saison 1.

Maître ès fantasy et science-fiction, George R.R. Martin est un auteur prolifique dont la saga « Game of Thrones » n’est que l’un des reflets de sa foisonnante imagination. Ample et majeur, ce roman-fleuve démarré en 1991 compte déjà quelque quatre mille pages. Publiée en 1996, la saga s’est arrachée à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde et ses fans sont aujourd’hui sur des charbons ardents : deux (derniers ?) tomes restent en effet à paraître, The Winds of winter et A dream of spring. Martin a promis d’accélérer la cadence afin que la version télévisée («sorte d’énorme locomotive lancée à toute vapeur» dixit Martin) ne rattrape pas la saga littéraire. Mais ses autres projets pour le petit écran lui en laisseront-ils le temps?
KT

Quelques images en attendant la suite?
cf. note sur la saison 1
cf. note sur la saison 2 
cf.
annonce de la saison 3 attendue le 31 mars prochain sur HBO