La comédienne, rendue célèbre par son rôle dans la série danoise “The Killing”, revient dans un nouveau thriller sous tension “Prisoner” à voir ce samedi sur Be tv.

Tout le monde se souvient de Sarah Lund, enquêtrice opiniâtre et très investie de la série danoise The Killing. Son intransigeance et ses gros pulls en laine ont marqué durablement l’engouement pour les séries nordiques et la mode vestimentaire dans la foulée.

L’actrice ne s’est pas contentée de ce haut fait d’armes, qui a lancé l’intérêt mondial pour les polars nordiques, elle a récemment endossé un personnage tout aussi emblématique : celui de Rose, quinquagénaire souffrant de schizophrénie, dans le long métrage du même nom. “Le rôle d’une vie”, précise-t-elle lorsque nous mentionnons le film du Danois Niels Arden Oplev.

Même si on a l’habitude de l’imaginer en femme de caractère, Sofie Grabol ne se sent “pas attirée par un type de rôle en particulier. Sarah Lund était un personnage très fort, mais mon métier m’offre le privilège de jouer un tas de rôles très différents. Comme celui de Rose, récemment”, souligne-t-elle.

Avec celui de Miriam, agent pénitentiaire dans la série Prisoner, la comédienne renoue avec la veine du thriller dans un environnement sous haute tension. “J’ai accepté le rôle avant même que le script ne soit terminé. Je voulais vraiment travailler avec ces deux réalisateurs (Michael Noer et Frederik Louis Hviid, NdlR), que j’admire beaucoup. Je connaissais aussi bien le scénariste (Kim Fupz Aakeson, NdlR), dont le travail est fabuleux. L’équipe tout entière m’a donné envie de participer à ce projet et je n’ai pas été déçue lorsque j’ai reçu le scénario enfin fini.”

La comédienne Sofie Gråbøl en gardienne de prison étroitement surveillée dans la série danoise « Prisoner ».

La série suit quatre personnages – la directrice de la prison et trois gardiens – aux prises avec les difficultés et tabous de leur vie professionnelle et personnelle, tandis qu’une inspection doit permettre de déterminer si l’établissement, vétuste, ne devrait pas être fermé. La première projection a eu lieu en avril dernier dans le cadre du festival CanneSeries peu après la fin du tournage.

« Quarante pour cent des gardiens de prison sont des femmes au Danemark« 

Sofie Grabol, comédienne

On a tous la sensation de connaître le monde de la prison, mais, c’est faux. Tout ce que nous en savons nous vient des films et des séries, précise Sofie Grabol. Nous avons fait beaucoup de recherches et d’ateliers pour nous préparer à ces rôles. J’étais fascinée par ce personnage et le monde où nous entrions. Nous avons travaillé durant plusieurs jours avec des agents du système pénitentiaire danois.”

Un monde truffé de règles strictes, qui requiert des conditions physiques très précises et des qualités particulières en matière de gestion des personnalités. “Ils apprennent à enrayer les conflits, précise la comédienne. Quarante pour cent des gardiens de prison sont des femmes au Danemark et, souvent, elles sont meilleures que les hommes dans ce domaine, car elles parviennent à mieux gérer les différends et à faire en sorte que les choses ne s’enveniment pas. J’étais très étonnée de l’apprendre et curieuse de comprendre pourquoi, parce que c’est un travail très dur, mal considéré, mal payé et il y a un grand manque de gardiens. Près de 30 % d’entre eux souffrent de troubles post-traumatiques. Les différentes couches du scénario permettent d’envisager cette complexité et de mieux les comprendre. Au sein de la prison, il y a tout un système pyramidal, avec le pouvoir judiciaire tout en haut, puis les gardiens et, en dessous, les prisonniers, pris dans un système tout aussi complexe, un réseau de relations souterraines entre détenus et gardiens. Ces derniers travaillent avec des gens sous pression en étant eux-mêmes très tendus. Ils sont trop peu nombreux et mal payés et, pourtant, beaucoup de gardiens espèrent, en arrivant, pouvoir faire la différence.”

Des gardiens et des détenus en tant qu’acteurs amateurs

C’est le cas de son personnage, Miriam, qui veut “traiter les détenus de façon humaine”, mais est en conflit avec certains de ses collègues “ayant perdu cette capacité d’empathie ». « La façon dont la vie se déroule entre ces murs (à travers la musique, la lumière, etc.) et l’impact que cela a sur leur vie privée, est brillamment racontée dans la série.”

La série est en grande partie filmée caméra à l’épaule pour accentuer le côté “pris sur le vif” du récit, renforcé par le décor, qui est celui d’une ancienne prison récemment désaffectée. “Vous pouviez sentir le poids de l’Histoire dans ces murs froids pleins d’écho, assure Sofie Grabol. C’était vraiment très fort, un vrai cadeau pour nous, acteurs, car cela enrichit notre jeu.” Tout comme le fait d’être entouré de vrais gardiens de prison et d’anciens détenus, tous comédiens amateurs, “dont certains avaient eu des démêlés avec la justice. Il y avait une atmosphère très authentique durant le tournage. Cela ajoutait à l’atmosphère imprévisible et incertaine créée par la caméra très mobile. Cette tension se ressent lorsque vous suivez les personnages.”

Sans compter que la caméra, nettement plus statique lorsqu’ils sont filmés hors de la prison, renforce le sentiment d’enfermement. “Miriam ne semble pas plus libre dans sa vie quotidienne, avec les problèmes qu’elle doit gérer vis-à-vis de son fils, ancien toxicomane lourdement endetté. Cela pose la question de la liberté de ces personnes hors des murs de la prison.”

Entretien, à Cannes: Karin Tshidimba

★★★ Prisoner Thriller carcéral  CréationKim Fupz Aakeson Réalisation Michael Noer et Frederik Louis Hviid Avec Sofie Grabol, David Dencik, Youssef Wayne Hvidtfeldt… Sur Be tv Dès le 17/02 (6 x 52′).