En trois saisons, toutes disponibles sur Arte.tv à partir de ce vendredi 28/06, la journaliste Dicte Svendsen mène l’enquête et éclaire les failles et les silences de la communauté portuaire d’Aarhus, la deuxième ville du Danemark.

Borgen, Bron, The Killing, The Rain, Copenhagen Cowboy, Trom… Depuis 2010, les séries danoises ont réussi à s’imposer à travers le monde avec des sujets forts et des personnages emblématiques. De la politique à la lutte climatique, de la question migratoire aux menaces apocalyptiques, des dérives racistes au spectre surnaturel, peu de préoccupations contemporaines semblent hors du champ d’exploration des scénaristes danois. Une créativité qui a soulevé dans son sillage une véritable vague de thrillers scandinaves.

Avec des enquêtes portant sur les dérives sectaires, sur la place de la religion, les secrets familiaux mais aussi des drames mettant en lumière le sort des enfants placés ou forcés à l’adoption, la violence contre les femmes, la traite des êtres humains et les possibles dérives de la GPA (gestation pour autrui), la série Dicte s’ancre dans le quotidien de la population de la deuxième ville du pays, loin des lumières de Copenhague. Entre mer et campagne, les « petits » trafics y trouvent un autre type de résonance. Un traitement à taille humaine au plus près de gens ordinaires pris parfois au piège de leurs secrets et leurs problèmes.

La comédienne Iben Hjejle (Dicte Svendsen) et l’acteur Dar Salim (Bo Skytte) mènent l’enquête pour leur journal dans la série « Dicte ».

La nouveauté réside dans la personnalité de cette journaliste, devenue enquêtrice presque malgré elle, certainement plus entêtée que la moyenne, mais surtout profondément humaine. Une femme récemment divorcée qui tente de prendre un nouveau départ avec sa fille Rose, mais qui doit aussi affronter les ombres de son passé depuis son retour à Aarhus.

L’humain, avant tout

Dans cette ville portuaire de la région du Jutland, sur la côte Est de la péninsule danoise, Dicte Svendsen (Iben Hjejle) est confrontée au souvenir de son fils donné de force à l’adoption par ses parents lorsqu’elle n’était âgée que de 16 ans. Des parents Témoins de Jéhovah qui refusent toujours de lui adresser la parole. Cette blessure intime, tout comme son désir secret de savoir ce que son fils est devenu, expliquent en grande partie sa sensibilité et son implication extrême dès qu’il s’agit de venir en aide à des jeunes adultes ou des enfants en difficulté.

Adaptée des romans policiers d’Elsebeth Egholm où le personnage est apparu en 2002, Dicte n’est pas la première série à mettre en scène un(e) journaliste. On est toutefois bien loin des hautes sphères politiques scrutées par les américaines The Newsroom et The Morning Show, de la marche de l’Histoire explorée par la britannique The Hour et l’australienne The Newsreader. Mais on reste frappé par la vision très collective du travail de rédaction présenté dans cette série où l’équipe d’un journal régional, malgré les risques de dérives sensationnalistes, sait mobiliser ses ressources et se serrer les coudes pour aborder des sujets qui touchent leurs lecteurs au quotidien.

Au fil des épisodes, des questions d’ordre déontologique se posent avec toujours plus d’acuité à Dicte et ses collègues. Sur le fond des enquêtes abordées, toujours au fil de deux épisodes, les thèmes ne font pas l’objet d’une introspection de la profondeur de la série The Wire, mais Dicte se déployant sur trois saisons réserve encore quelques surprises à ses fans. Ce qui la caractérise ce sont, bien sûr, les moments de détente et d’entraide entre copines, en référence au fameux art de vivre danois le Hygge.

La série « Dicte », portée par la comédienne Iben Hjejle (à droite) met notamment en avant l’art de vivre « à la danoise ».

Pour asseoir son caractère international, la série en trois volets, de 10 épisodes chacun, a été produite en collaboration avec la Suède, la Norvège et l’Allemagne. Son succès a également donné naissance à une adaptation française baptisée Ben, créée par Marine et Anne Rambach, dans laquelle Barbara Schulz endossait le rôle de Benedicte Svendsen. Elle reprenait également les principales caractéristiques des trames originelles entremêlant vies professionnelle et privée. Une résonance personnelle également explorée dans une série comme The Vanishing Triangle.

Karin Tshidimba