La série la plus sombre et la plus violente de l’histoire de la télévision américaine revient pour un dernier tour de piste. L’ultime volet de l’affrontement des Roy maudits s’annonce sanglant. A voir sur Be tv dès ce lundi et sur le Pass Warner en France

Infects, imbuvables, ingérables, irritables, insatiables, (éternellement) insatisfaits : les qualificatifs de démesure collent à la peau des Roy, père, fils et fille. En trois saisons, leur parcours dans les hautes sphères de la finance mondiale, à la tête d’un consortium médiatique international en difficultés, a électrisé des millions de téléspectateurs, générant une part égale de fascination et de dégoût. Il faut dire que la violence de leurs échanges sur fond de cadre doré a de quoi choquer et même rebuter. Mais cette franchise outrancière opère comme un poison à infusion lente qui n’a rien à envier aux plus meurtriers des films de guerre ou de mafieux. Roy Logan, le patriarche, a tout du roi Lear et du chef de clan sicilien. Dans ce rôle unique, l’impressionnant Brian Cox peut donner libre cours à son sens de la colère dévastatrice et du juron cinglant.

Affreux, richissimes et méchants

Certaines familles voyagent parfois en eaux troubles. Chez les Roy, les éléments sont toujours déchaînés et les insultes pleuvent à chaque réunion du conseil d’administration. Le management par la terreur semble être un terme inventé pour Logan Roy, patriarche censé passer la main à l’un de ses rejetons, mais toujours bien accroché à son sceptre.
Depuis la première saison, il multiplie brimades, revirements et coups bas à l’égard de son fils Kendall (Jeremy Strong) mais n’épargne pas davantage Shiv (Sarah Snook) et Roman (Kieran Culkin), les plus jeunes de la fratrie. Un clan empli de rancœurs, se déchirant au sujet de l’avenir de l’empire médiatique Waystar Royco, dont le profil fait songer à celui de la famille Murdoch.
Après trois saisons passées à s’entredéchirer les enfants Roy ont enfin décidé de s’allier afin de “tuer le père” mais celui-ci n’entend pas laisser faire ses rejetons et est même résolu à leur faire définitivement courber l’échine. La quatrième saison s’ouvre alors que l’affrontement entre père et enfants reprend de plus belle à travers le rachat d’un groupe concurrent, entraînant une surenchère qui pourrait bien leur être fatale.

Alliances, trahisons, désillusions

Toutes ces guerres de pouvoir et d’ego ont forcément un impact délétère sur leurs vies personnelles. C’est le cas de la relation entre Shiv et son mari Tom (Matthew Macfadyen) tombant en lambeaux à force de mensonges et de trahisons. Si Jesse Armstrong a démontré sa maestria en matière de drame – talent récompensé par les Emmy Awards (2020 et 2022) et les Golden Globes (2020 et 2022) de la meilleure série dramatique -, son sens de la psychologie humaine fait toujours merveille.
Les plus belles scènes sont celles où ses guerriers cyniques et arrogants baissent enfin la garde et entrouvrent leur armure pour laisser poindre l’étendue de leur déception ou de leur désarroi, ainsi que la solitude de leur destinée, loin de toute forfanterie et de tout ton belliqueux. À l’heure des dix dernières joutes, les Roy semblent déterminés, mais aussi presque résignés dans l’attente du feu d’artifice final. Casey Bloys, le patron d’HBO, n’a pas caché qu’il aurait aimé que l’aventure se poursuive deux saisons encore mais, comme chez les Roy, le créateur Jesse Armstrong, seul maître à bord, a usé de son droit de veto.
Karin Tshidimba