the newsroom 2.jpgOn a eu chaud. Le premier épisode de la saison 2 de The Newsroom**, proposée le 14 juillet dernier sur HBO, semblait vouloir donner raison aux détracteurs d’Aaron Sorkin (The West Wing, The social network).

Une intrigue extrêmement bavarde, bien plus descriptive qu’analytique, donnait l’impression d’une action figée et ampoulée. Les questions d’actualité mâtinées de menaces de procès et d’intrigues amoureuses à l’eau de rose insufflait à cet épisode de reprise un parfum curieux, mêlant le «revenez-y» et le « circulez y’a rien à voir».
Déception, donc. Surtout face à un série qui nous avait emballés pour sa capacité à sonder les ressorts (nobles ou inavouables) d’une profession souvent critiquée et mise à mal, mais d’autant plus utile dans une civilisation du buzz (inutile et) permanent.

Heureusement, le deuxième épisode, proposé ce 21 juillet, redresse la barre en creusant les fondamentaux du métier de journaliste: volonté de remettre l’humain au centre des réflexions (Wall Street), d’aller au-delà de la communication politique gentiment rodée (dans le bus de l’équipe de Romney), de débusquer les mensonges d’Etat (face à l’utilisation des armes chimiques) mais aussi de se pencher sur une actualité injustement oubliée (l’Afrique et, plus précisément, la situation en Ouganda). Soit, enfin, de vrais enjeux et questionnements à se mettre sous la dent; un menu alléchant pour tous les passionnés d’info ou de politique au sens large.

Le bal de la saison 2 reprend en effet au 23 août 2011 avec l’entrée des rebelles à Tripoli, fief du Colonel Kadhafi. Au même moment, la rédaction de la chaîne (fictive) d’info en continu ACN est aux prises avec la question de l’utilisation des drones au Pakistan, avec l’affaire DSK mais aussi avec les prémices du mouvement contestataire « Occupy Wall Street », sorte de «printemps arabe des Etats-Unis».
Certains politiques n’ont toujours pas digéré la réplique de Will MacAvoy (Jeff Daniels), présentateur-vedette de la chaîne, comparant les membres du Tea Party avec les Talibans, une critique qui a entraîné mises à l’écart et sanctions larvées sur le terrain.
Mais le vrai péril est ailleurs. Une autre affaire, éventée par Jerry Dantana (Hamish Linklater), nouveau venu dans l’équipe, va tous les plonger dan le pétrin.
En quête du scoop de sa carrière, ce dernier a révélé « l’affaire Genoa », une opération secrète durant laquelle les Américains auraient eu recours à du gaz sarin contre des civils, un révélation (erronée ?) visiblement lourde de conséquences pour toute l’équipe. Avec elle, s’ouvre le bal du possible procès en diffamation et des comparutions à préparer.

Certains regrettent que tout ceci se déroule dans une rédaction idéale où la solidarité et le dépassement de soi semblent être le lien commun. Mais c’est oublier qu’Aaron Sorkin avait déjà eu recours à ce type de parabole dans sa brillante série d’analyse politique, The West Wing, considérée par beaucoup comme une leçon de civisme ou d’exercice du pouvoir.

A l’heure où les héros de la téléréalité font autant parler d’eux que les chevilles ouvrières de Médiapart et consorts, il était peut-être temps de se repencher sur le fonctionnement interne de l’un des piliers de la démocratie: l’information. Et tant qu’à faire, en montrant la façon dont la presse devrait se comporter, en posant les constats et en pointant les questions les plus pertinentes. Pour les ratages, la mauvaise foi, le sensationnalisme et les approximations, les exemples pullulent déjà ailleurs…

Rebondissant sur l’actualité récente, The Newsroom ne brille pas tant par la qualité de ses personnages (la petite faiblesse de cette série qui pèche, parfois, par son côté midinette) que par son potentiel instructif et fouineur. Il ne reste que 7 épisodes pour en profiter au fil de cette saison 2.

KT

nb: besoin d’un petit rappel de la saison 1? C’est par ici

mise à jour (06/09): la série a été renouvelée pour une saison 3 par HBO.

mise à jour (15.01.2014): La saison 3, attendue à l’automne, sera aussi la dernière. «The Newsroom est du pur Aaron Sorkin : intelligent, prenant et intellectuellement provocant. Cette saison d’adieu sera celle dont on se souviendra» a déclaré Michael Lombardo, directeur des programmes HBO.