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Dans Downton Abbey: une nouvelle ère**, la famille Crawley se lance deux nouveaux défis: la découverte des coulisses du cinéma et un voyage en France. Un film, qui prolonge la série, à voir dès mercredi en salle.

Haie d’honneur et parterre de fleurs, c’est jour de liesse au château. Tom Branson (Allen Leech), veuf de Lady Sybil, épouse Lucy, la fille de Lady Maud (Imelda Staunton), en secondes noces. Et ce mariage ravit tant la famille Crawley que les domestiques du domaine qui ont suivi de près la lente ascension sociale de l’ancien-chauffeur. Ce moment de calme et de félicité est bientôt chassé par deux nouvelles inattendues.

Lady Violet (Maggie Smith, toujours impeccable en vieille dame ironique) vient d’hériter d’une mystérieuse villa dans le Sud de la France. Un cadeau d’un certain marquis de Montmirail, riche propriétaire français rencontré il y a plus de 60 ans, au grand dam de son épouse actuelle (Nathalie Baye). À l’heure où la comtesse douairière pensait mettre la dernière main à son testament, le passé se rappelle à son bon souvenir, obligeant ses héritiers directs, Lord et Lady Grantham (Hugh Bonneville et Elizabeth McGovern), à se rendre sur place puisqu’elle-même ne peut plus voyager.

Dans le même temps, un cinéaste hollywoodien impétueux (Hugh Dancy) se propose d’investir le château pour y réaliser son prochain film. Contre toute attente, Lady Mary (Michelle Dockery) est prête à accepter ces envahissants visiteurs car la somme proposée pour la location constitue une rentrée d’argent inespérée alors que certaines parties du toit de la demeure seigneuriale auraient urgemment besoin d’être réparées.

Les défis de la modernité

Le plaisir de retrouver tous les protagonistes de cette imposante saga britannique, créée par Julian Fellowes en 2010, est évidemment grand. Et de nombreuses scènes récompensent l’attachement du public à des personnages qui ont tous parcouru un long chemin au fil des six saisons rythmées par les drames familiaux, les revers historiques et quelques dénouements heureux.
Au-delà de la famille du Comte et de ses trois filles, ce fut singulièrement le cas pour les nombreux “gens de maison” : l’inflexible Carson (Jim Carter), ex-grand maître du personnel de Downton ; le majordome Barrow (Rob-James Collier), qui lui a succédé ; Mrs Patmore (Lesley Nicol), la cuisinière ; Daisy, sa jeune assistante…

En confrontant tout ce petit monde à l’aventure d’un tournage, Julian Fellowes propose une délicieuse mise en abyme autour des mirages de la célébrité et des défis de la modernité et leurs coulisses moins glamour et parfois nettement plus laborieux. L’intrigue rend compte de la montée en puissance du cinéma parlant, dès 1928, et reflète les bouleversements qu’il a imposés, permettant à certains protagonistes de se frotter à leurs rêves… Malgré certaines facilités scénaristiques, cette partie de l’intrigue se révèle passionnante et pleine d’enseignements, plus innovante que celle consacrée au voyage en France qui ne manque pourtant ni d’humour, ni de piquant. Les deux intrigues, par leur étroite imbrication, reflètent la richesse d’une époque de bouillonnement et de répit à la veille du fameux krach de 1929. Et laissent entrevoir les défis à venir, notamment pour la noblesse britannique.

Le premier long métrage, sorti en 2019, avait pu paraître superficiel et léger avec sa trame unique tournant autour de la visite royale à Downton Abbey. Le deuxième film, mis en images par le Britannique Simon Curtis, a parfois le défaut de ses qualités : à trop vouloir raconter, il donne l’impression d’avancer au pas de charge, multipliant les intrigues secondaires et les points de vue. Les fans vont adorer la diversité de destins et admirer le caractère flamboyant de cette reconstitution d’époque.

Karin Tshidimba