The Gilded Age** chronique l’envol des nouveaux riches entre 1880 et 1900. Le créateur de Downton Abbey y explore l’histoire des Etats-Unis pour HBO. L’occasion de souligner le combat des femmes et les points communs ou divergences entre ses deux séries. À voir sur Be 1, vendredi à 19h ou samedi à 21h55 aussi

Sa description pleine d’ironie et d’empathie du petit monde de Downton Abbey, a fait le tour du monde. Délaissant les sujets de sa Gracieuse Majesté, Julian Fellowes replonge dans l’Histoire pour décrire la façon dont tant d’Américains ont fait fortune avant, parfois, de lier leur sort à l’aristocratie britannique. Il y a donc bien une filiation entre les personnages de Downton Abbey et ceux de The Gilded Age, sa nouvelle série lancée le 24 janvier dernier sur HBO.

« Bien sûr, il y a des points communs entre les deux séries à cause du type de sociétés qui y est décrit, reconnaît Julian Fellowes. Mais l’énergie y est très différente. Dans Downton Abbey, on observait l’aristocratie britannique sur le point de perdre ses privilèges et forcée de réfléchir à des questions d’argent. Alors qu’ici, il s’agit de l’essence de l’american way of life, la façon dont les riches Américains ont réinventé leur façon de vivre, de bâtir et de s’habiller, sans copier ce qui existait en Europe. »

Je ne m’inquiète pas de savoir si tante Agnes sera plus drôle que Lady Violet

La situation dans laquelle se trouvent les tantes de Marian peut faire penser à celle de la famille Crawley…
« Sauf que ceux qui arrivent avec les poches remplies d’or ne sont pas des aristocrates, insiste Julian Fellowes. Sans doute, tante Agnes se sent-elle envahie par les nouveaux riches et pense-t-elle que les vieilles valeurs triompheront des nouvelles mœurs, représentées par M. et Mme Russell. Agnes Van Rhijn fait partie d’une civilisation en train de perdre sa sphère d’influence sur New York. Une ancienne garde oubliée au profit des Carnegie, Astor, Vanderbilt et cie » dont la fortune a été bâtie durant l’Age d’or.

Abordant cette nouvelle série comme une « nouvelle aventure », Julian Fellowes dit ne pas tenir compte de la pression de l’audience. « Je ne m’inquiète pas de savoir si tante Agnes sera plus drôle que Lady Violet. Violet était une formidable création conjointe de Maggie Smith et moi, j’ai été ravi de vivre cette expérience avec elle. Christine Baranski est une fine gâchette. Je suis ravi de sa création de son personnage. »
L’auteur reconnaît aimer avoir, parmi ses personnages, « des femmes plus âgées faisant des commentaires acerbes sur ce qu’elles observent dans la société. C’était le cas avec Lady Violet. Ici, c’est le cas avec tante Agnes. Je suppose que cela vient du fait que j’avais une grand-tante qui avait toujours beaucoup à dire sur un tas de sujets ; cela a marqué mon enfance », plaisante Julian Fellowes.

Sa sympathie s’étend à tous ses personnages, y compris les très ambitieux George et Bertha Russell. « Bertha est déterminée à trouver sa voie dans ce monde, pourquoi ne le ferait-elle pas ? Elle est forte et intelligente. En me mettant dans ses pas, je trouve normal qu’elle soit ambitieuse et déterminée, qu’elle pousse ses enfants à triompher dans ce nouveau monde. »

Creuser l’histoire des États-Unis

Le personnage de George Russell (Morgan Spector) est inspiré de Jay Gould, l’artisan du Black Friday. « Il est à la fois un homme d’affaires brutal, un mari aimant et un père tendre et attentionné pour ses enfants. Ce que Jay Gould était aussi, de façon assez inhabituelle, à cette époque. J’aime explorer ce type de contradictions, cela donne envie de savoir comment ils ont fait et s’ils ont fini par avoir ce qu’ils recherchaient ou pas… »
Pour dresser ces portraits au plus près du réel, le scénariste britannique a pu compter sur le talent de sa coscénariste Sonja Warfield « qui connaissait toute cette histoire bien mieux que moi et notamment la partie ayant trait à la bourgeoisie noire-américaine ».

Julian Fellowes salue aussi le travail de son équipe de recherche « très aguerrie ». « J’ai toujours été très intéressé par cette période. J’ai beaucoup lu sur la façon dont les nouveaux riches ont transformé New York et d’autres grandes villes à cette époque. La différence avec les autres pays, c’est que Londres, Paris ou Rome n’ont jamais donné une place aussi grande aux nouveaux riches que ce fut le cas aux États-Unis. »

Entretien: Karin Tshidimba