The Gilded Age chronique l’envol des nouveaux riches dans les années 1880 à 1900. Pour imaginer cette série, Julian Fellowes, créateur de Downton Abbey, a plongé dans l’histoire des Etats-Unis. L’occasion de souligner le combat des femmes et le dynamisme de la bourgeoisie afro-américaine, comme l’actrice Denée Benton l’a souligné pour nous. A voir sur Be 1, jeudi, à 20h30

Le décès de son père a laissé Marian Brook (Louisa Jacobson, la plus jeune fille de Meryl Streep) sans argent ni protection en Pennsylvanie. La seule solution pour la jeune fille est de rejoindre ses tantes Agnes Van Rhijn (Christine Baranski vue dans The Good Wife) et Ada Brook (Cynthia Nixon, vue dans Sex and the city) à New York. Marian a 12h de trajet devant elle et seulement l’argent pour son ticket. À la gare, elle rencontre Peggy Scott (Denée Benton), jeune afro-américaine aspirante écrivain, en route pour Brooklyn. La jeune femme partage l’esprit libre et indépendant de Marian qui va rapidement entrer en collision avec la vision très figée de sa tante Agnes sur la société. Les deux jeunes filles espèrent démarrer une nouvelle vie à New York.

Parfum d’amertume et fortunes insolentes

Central Park, 1882. Les Russell s’apprêtent à emménager dans leur nouvelle maison sur la Cinquième avenue, juste en face de la demeure des tantes de Marian Brook. La richesse insolente des Russell leur vaut dédain et moqueries au sein de la bonne société. Une fortune amassée dans le domaine du transport ferroviaire grâce au flair et à l’audace de George Russell (Morgan Spector), passé maître dans l’art de la spéculation. Malgré tous ses efforts, Bertha Russell (Carrie Coon vue dans The Leftovers) peine à attirer sur sa famille les faveurs des familles bien établies qui méprisent leur statut de nouveaux riches mais surtout l’arrivisme et la cruauté de son mari en affaires.
La série se déroule juste après la Guerre de Sécession alors que la bataille des fortunes, entre anciens et nouveaux riches, fait encore rage… L’occasion pour Julian Fellowes, célèbre créateur de Downton Abbey, de délaisser la fière Albion pour explorer l’histoire américaine et plonger sa plume pleine d’ironie et d’élégance dans les espoirs et désillusions d’une époque riche en transformations.

Une partie “du plaisir et de l’exotisme de la série”, comme le définit son créateur Julian Fellowes, “vient du fait de découvrir une autre époque aux décors et costumes fascinants.” Un contexte social tout à fait différent dans lequel le combat des femmes pour s’affirmer en tant que personnes à part entière était déjà bien ancré.
“Je ne pense pas que The Gilded Age a inventé les femmes puissantes, elles ont toujours existé et elles avaient déjà commencé à se battre pour leur émancipation. Cela m’intéresse toujours de voir comment différentes générations mènent leurs combats”, souligne le scénariste britannique.

Femmes en quête d’un avenir meilleur

Si Downton Abbey*** a montré que la lutte des classes n’épargnait pas le petit monde des maîtres et valets de l’aristocratie britannique, The Gilded Age** prouve que la lutte d’influence et de pouvoir au sein de la classe dirigeante n’était guère plus tendre. Et que les femmes y tenaient leur rôle que ce soit au sein des associations caritatives, dans la littérature, le débat politique ou le milieu des arts.

Au sein de la haute société new-yorkaise émergent différents portraits de femmes dont celui des tantes – campées par Christine Baranski et Cynthia Nixon – de la jeune Marian fraîchement arrivée à New York.
Faisant preuve de tendresse et d’ironie tant à l’égard des anciens que des nouveaux riches, la série propose de plonger au cœur des batailles rangées que se livraient anciennes familles new-yorkaises et nouveaux venus, de tout le pays, ayant fait fortune en tant que capitaines d’industrie dans l’acier ou le chemin de fer. La chance souriant parfois aux fins analystes de marché et aux spéculateurs.

« Les nuances de cette vie afro-américaine sont absentes du storytelling habituel »

Tandis qu’anciens et nouveaux se toisent, deux jeunes filles tentent de se frayer un chemin dans la bonne société new-yorkaise et de dessiner leur destin. L’occasion pour les actrices Denée Benton (Peggy Scott) et Louisa Jacobson (Marian Brook) de découvrir une page méconnue de l’histoire de leur pays.

“J’ai été passionnée par tout ce que j’ai découvert sur la classe supérieure noire-américaine dont on ne trouve pas de traces dans les livres d’Histoire. Julian et son équipe de documentalistes nous ont donné beaucoup d’éléments historiques et de sources à lire. Découvrir les nuances de cette vie afro-américaine, absente du storytelling habituel, était donc très excitant d’autant que cela me permettait d’élargir mes connaissances sur cette période historique spécifique”, souligne l’interprète de la jeune écrivaine Peggy Scott.

“Le livre qui m’a le plus aidée à me préparer était Black Gotham de Carla L. Peterson, dans lequel cette professeure retrace son histoire familiale en remontant les traces jusqu’en 1880 à Brooklyn. Le personnage de mon père dans la série est inspiré d’un pharmacien afro-américain qui possédait plusieurs officines à New York. Et puis, je me suis aussi plongée dans un livre qui reprend des textes, essais, poèmes et discours politiques d’écrivaines noires-américaines datant des années 1900. Ces figures ont inspiré mon personnage.”

“Beaucoup de choses m’ont surprise car je ne connaissais pas grand-chose à cette période, honnêtement, enchaîne Louisa Jacobson. Mais le plus étonnant était de voir comment ces nouveaux venus dépensaient leur argent en construisant des palaces, en donnant des soirées délirantes. Cela dépasse forcément tout ce qu’on peut lire sur le sujet. J’ai été très inspirée par quelques romans que j’ai lus, dont The Portrait of a Lady de Henry James. Et j’aimais aussi l’idée de l’amitié entre Peggy et Marian qu’on voit rarement dans des drames historiques sur cette époque. Elles sont toutes les deux déterminées à vivre une vie hors des sentiers battus, c’est cela aussi qui les lie.”

Entretiens: Karin Tshidimba