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wayward pines 2.jpgAlmost human, Penny dreadful, The Strain, The Leftovers, The After, Helix, Extant, Black Mirror… On l’a déjà noté: les exemples de séries filtrant avec la science-fiction et/ou le fantastique se sont multipliés ces derniers mois…
Qu’est-ce qui explique ce grand retour de la science fiction au premier plan ? La question s’est posée cette semaine au Mipcom alors que le Marché cannois réunissait entre autres figures de l’audiovisuel mondial quatre spécialistes du genre: Ben Donald, Steven Moffat, Glen Morgan et M Night Shyamalan.

Pour Glen Morgan («The X-Files»), «la science-fiction est devenue populaire avec Star Wars. Aujourd’hui tout le monde parle de romans graphiques et sait que cela fait partie intégrante de la culture. C’était un thème de geek, il est devenu populaire et désormais, tout le monde trouve cela cool.»

«Cette tendance doit beaucoup à l’expansion d’internet, souligne M Night Shyamalan: par son biais, les geeks se sont vus remettre les clés du Royaume.»

«Notre chance, c’est qu’il est possible aujourd’hui de faire une série qui soit aussi réussie visuellement qu’un film. Nous avons régénéré Sherlock comme ils ont rebooté James Bond. Sherlock et  Doctor Who parlent toutes les deux des émotions et des relations entre les gens, c’est ce qui fait qu’elles sont si proches de nous. Je n’étais pas nerveux à l’idée de le faire, on est nerveux seulement lorsqu’on doit aller chez le dentiste, c’est une chance de pouvoir travailler sur deux pans aussi importants de la culture britannique» explique Steven Moffat, en riant.

Opter pour la science-fiction ne signifie pas forcément s’éloigner de la réalité. the refugees.jpgBen Donald qui prépare The Refugees (photo) pour BBC souligne le caractère métaphorique de la science-fiction, sorte de miroir déformant tendu face à la réalité. «The Refugees mesure l’impact sur une petite communauté de l’arrivée de visiteurs venus du futur. Il y a plus de personnes déplacées aujourd’hui qu’à n’importe quelle autre période depuis la Seconde guerre mondiale, ce thème nous semblait fantastiquement pertinent.»

De son côté, Glen Morgan a développé la série Intruders sur une société secrète qui a réussi à contrôler le processus de réincarnation. «On le voit avec des séries comme Revolution, The Walking dead ou The returned: ces questions sur le devenir de la race humaine sont dans l’air du temps, elles reflètent les craintes de notre époque.»
«Si vous pouvez introduire du mystère dans une situation domestique quotidienne, banale, c’est ce qui crée l’excitation et la trouille, c’est le fondement de tout », souligne Night Shyamalan.

Le scénario de Wayward Pines, décrit comme un mélange de peur et d’amusement, relate l’histoire d’un agent secret (Matt Dillon) qui se réveille dans une petite ville de l’Idaho «où tout le monde est extrêmement poli et gentil mais où deux autres agents ont déjà disparu». Assez vite, il découvre que tout le monde l’épie et qu’il n’est pas possible de s’en échapper. «Au fur et à mesure, la photo de cet endroit idyllique s’assombrit.» Une façon de s’interroger sur la surveillance et les libertés individuelles dans notre société. Quant aux références visuelles à Twin Peaks, elles ne sont pas un hasard puisque Night Shyamalan avoue que la série de David Lynch est une grande source d’inspiration. Comme on peut le constater dans la présentation ci-dessous.

Pour Night Shyamalan qui est en train d’effectuer son passage du grand au petit écran, cette rencontre dans le cadre du Mip cannois est une chance supplémentaire. «J’ai été ravi de rencontrer ces réalisateurs et de pouvoir échanger au sujet de leur vision: il y a là plus de poésie, plus de fantaisie, plus de plaisir. J’avais peur de changer de rythme de récit car je suis habitué à celui du cinéma, mais j’ai eu envie de relever ce défi. J’ai envie de pouvoir raconter plus de 20 histoires au cours de ma vie, alors attendre un an et demi ou deux ans à chaque fois avant de pouvoir se lancer dans un nouveau projet… Les projets de séries avancent si vite, je suis vraiment impressionné.»

Quant au choix des sujets, selon Steven Moffat, «il ne faut pas donner aux gens ce qu’on croit qu’ils veulent, car comment le saurions-nous ? Il suffit de voir comme on peut se tromper en choisissant des cadeaux à Noël. Non, il faut écrire et parler de ce qui vous intrigue car il y a des chances que cela en intéresse d’autres. La véritable chance, c’est de se passionner pour ces questions et de pouvoir en vivre.»

Et Night Shyamalan de renchérir: «Beaucoup de gens comme moi veulent croire en quelque chose de plus grand, qui les dépasse, sans forcément se référer à la religion. Quand vous êtes enfant, cela vous effraie mais une fois devenu adulte, cela vous motive.»
KT à Cannes