black mirror 3.jpgPour sa 3e saison, Black Mirror***, la série d’anticipation de Charlie Brooker a hérité de davantage de moyens, l’occasion de développer six scénarios au lieu de trois et d’explorer de nouvelles tonalités. Pourtant l’obsession reste la même: voir en quoi les nouvelles technologies modifient nos psychismes et nos comportements sociaux.

En changeant de diffuseur (Netflix plutôt que Channel 4), Charlie Brooker n’a pas perdu la main et sait toujours à merveille décrypter nos addictions et ces petites dérives qui nous entraînent vers demain. Un futur qui, contrairement à celui dépeint dans certains scénarios des deux premières saisons, semble de moins en moins lointain.

Très réussie, Nosedive (Chute libre), sa première incursion dans notre futur proche imagine une société ou au lieu de «liker» les photos et commentaires de nos proches et amis, on en viendrait à voter les uns sur, et donc assez rapidement aussi, contre les autres (photo).

black mirror 31.jpgAvec comme corollaire le fait que le désir de plaire et la dégringolade sociale ne seraient qu’à un vote (ou à quelques voix) près. Une sorte de cauchemar social généralisé puisqu’il aurait une influence directe sur notre niveau de vie – à travers les accès accordés aux lieux et aux personnes – et sur les moyens mis à notre disposition.

Des fictions qui sèment le trouble

Dans cet univers ripoliné aux décors acidulés – pas très éloigné visuellement de ce qu’un Jacques Tati aurait pu imaginer -, la situation décrite est bien sombre: la course aux like devient une obsession qui vous pourrit la vie et peut vous entraîner à faire les mauvais choix. Perspective glaçante…

L’addiction au jeu explorée sous le prisme du conte horrifique, mais aussi chantages, extorsions, ravages des réseaux sociaux ou prise de contrôle des ordinateurs à distance complètent le tableau de ce 3e opus.
Sur tous ces thème sensibles, les fictions imaginées par Charlie Brooker sèment le trouble et font froid dans le dos. Même en changeant de ton (série horrifique, romantique, fiction guerrière, etc.) et de format (de 60 à 90 minutes) Black Mirror reste sans conteste la collection la plus noire et la plus trouble du moment. D’autant que sa réflexion sur les dérives de notre société contemporaine reste toujours aussi convaincante et percutante.

Petite boutique des horreurs technologiques

Black Mirror n’est pas le genre de série dans laquelle on se lance sans réfléchir car son noir reflet pique autant le cerveau que les yeux. Ses personnages ne sont pas forcément « aimables » et ses épisodes ne tiennent pas du divertissement. C’est de satire sociale qu’il est question ici et le constat se révèle extrêmement lucide et cruel.
« Voici le futur dans lequel vous ne souhaitez pas vivre » nous annonce Charlie Brooker et ce qu’il dépeint de notre société en proie aux dérives de l’information, des technologies et des réseaux sociaux ne donne pas envie de s’y projeter.

black mirror 32.jpgEn passant du terreau britannique à la plateforme internationale, son casting s’est cliarement étoffé. Dans cette saison 3 d’anticipation, on croise donc Bryce Dallas Howard, Alice Eve, James Norton, Cherry Jones, Wyatt Russell, Jerome Flynn, Gugu Mbatha-Raw, Mackenzie Davis, Michael Kelly, Malachi Kirby et Kelly McDonald, entre autres.

Pas d’inquiétude quant à l’avenir de la collection, la source ne semble pas près de se tarir : les plus fidèles à ce genre de l’anticipation connaîtront bientôt une nouvelle vague de frissons. Netflix a déjà annoncé que l’un des épisodes de la saison 4 (7 scénarios annoncés) serait réalisé par Jodie Foster.

KT