veep saison 5.jpg« Je trouvais les politiciens de House of Cards fourbes, caricaturaux et grotesques, puis j’ai regardé la campagne de Trump et je tiens à m’excuser auprès de Netflix… »
Ce commentaire, posté par un fan sur Twitter, pourrait tout aussi bien s’appliquer à la série Veep** qui, depuis cinq saisons maintenant, suit les tentatives de Selina Meyer (Julia Louis-Dreyfus) de s’imposer à la tête des Etats-Unis.
Entre gaffes et inadaptation, la candidate repousse très loin les limites de l’incompétence. Mais le plus troublant reste de voir à quel point cette série semble (presque) prémonitoire.
Car les gesticulations et élucubrations de la candidate démocrate reçoivent un écho particulier en cette période de campagne très agitée en France comme aux Etats-Unis. Comme le prouvent les épisodes diffusés les samedi et jeudi sur Be TV.

veep 52.jpgAu début de cette saison 5, en l’occurrence, la vice-Présidente démocrate se retrouve en ballottage avec le candidat des Républicains. Son stress est tel qu’elle pourrait bien prendre les pires décisions de toute sa carrière.
Entourée de sa sempiternelle équipe de « mous du genou » et de bras cassés, elle tente de surfer sur les sondages, de briller sur les réseaux sociaux tout en assurant l’intérim du pouvoir avec le sérieux requis.


Incompétents et bas de plafond

Si la série Veep célèbre le triomphe de l’incompétence dans les plus hautes fonctions, les événements, l’agenda et le fonctionnement de l’appareil politique qu’elle met en scène sont, eux, bien réels. Et c’est ce mélange d’incompétence et de réalisme qui offre toute sa pertinence à cette fiction déjà saluée par de nombreux prix dont neuf Emmy Awards, récompenses en grande partie décernées à l’inimitable comédienne Julia Louis-Dreyfus dans le rôle-titre.

Malgré le départ de son créateur Armando Ianucci, Veep maintient bien haut le flambeau de la satire politique qui fait la réputation de HBO. veep 51.jpgOutre la grande implication de l’actrice dans le processus créatif de la série, les rênes ont été confiées à David Mandel (Larry et son nombril) que Julia Louis-Dreyfus connaît bien puisqu’il a été scénariste sur les dernières saisons de Seinfeld, sitcom qui a rendu l’actrice très populaire dans les années 90.

Dans le rôle du colistier Tom James – dont la popularité pourrait se retourner contre Selina Meyer au cas où le Sénat devait lui-même choisir le Président -, les fans reconnaîtront Hugh Laurie, ex-Dr House, à qui la perfidie et la violence des échanges en milieu politique vont forcément comme un gant. Détestable avec son staff comme dans ses relations privées, Selina Meyer se consume littéralement d’envie et de narcissisme dans cette saison qui la voit plus que jamais mise en difficulté.

Le rythme trépidant, le sens de la repartie et le décalage assumé des situations ubuesques entraînent le rire là où la réalité d’un être grossier, sans scrupule et narcissique ne fait pas ciller au quotidien… Si l’on sourit en observant les bévues et le cirque médiatique de ce petit monde cynique, incompétent, ignorant, veule et narcissique, c’est parce qu’on les sait fictifs… Même si toute ressemblance avec des personnes réelles ne semble plus tellement fortuite aujourd’hui.

Karin Tshidimba