Qui a dit que l’été n’était pas une période propice à la créativité?
The Leftovers**, lancée sur HBO le 29 juin dernier, est la preuve que cette période n’est plus délaissée par les grands réseaux (Under the dome a trusté l’été 2013 de CBS) ou les chaînes câblées. Outre les retours attendus de Rectify, Orange is the new black ou Masters of Sex, la toile commence aussi à commenter les lancements de The Strain, Extant ou Reckless…
Avec The Leftovers, on entre à pas feutrés dans un nouveau drame flirtant avec les limites de la science-fiction. On y découvre les répercussions concrètes d’un mystère resté presque entier trois ans après les faits: la disparition de 2% de la population mondiale, soit 140 millions d’âmes « enlevées » brusquement à l’affection de leurs proches.
La petite ville de Mapleton symbolise aux yeux des spectateurs ces événements troublants du 14 octobre avec une population encore en partie sous le choc s’apprêtant à vivre une cérémonie de commémoration. Alors que le chagrin côtoie la colère chez certains citoyens, la série brasse des notions comme le doute, la douleur, la solitude mais aussi quelques questionnements fondamentaux: la foi, l’espoir, le renoncement, la possibilité, ou non, du retour à la normale.
The Leftovers sera-t-il plus abouti que Lost en termes de casse-tête chinois ? La question hante aussi forcément le grand public.
Pourtant les deux séries s’annoncent d’emblée très différentes.
Pas de démarrage tonitruant comme on en a connu dans Lost. Ici, les bases du récit sont posées patiemment sans effets tape à l’oeil. Il faut d’ailleurs deux ou trois épisodes pour commencer à cerner la thématique et les enjeux de The Leftovers. Et encore. Même après cela, tout paraît encore flou et nébuleux, mais les prémisses sont suffisamment intrigantes pour que l’on soit tenté de comprendre.
Lancée fin juin, cette série signée par Damon Lindelof et Tom Perrotta nous parvient avec une jolie réputation. Inspirée du livre homonyme* de Tom Perrotta – dont la sortie, en 2011, avait été saluée par le maître Stephen King – elle s’annonce aussi dense que mystérieuse, voire même ambitieuse.
Par une sorte de clin d’oeil adressé à ses anciens détracteurs, Lindelof ne s’intéresse plus aux disparus (comme ce fut le cas dans «Lost») mais à ceux qui sont restés et semblent incapables d’avancer, de faire leur deuil voire même d’essayer de reprendre une vie normale. Cela pourrait donc être nous.
Dans le même temps, une curieuse communauté d’hommes et de femmes vêtus de blanc s’est installée en ville. Ils fument comme des pompiers et ne communiquent que par écrit. « Nous ne fumons pas pour le plaisir mais pour proclamer notre foi » professent-ils par panneaux interposés. La femme du shérif Kevin Garvey (aka Justin Theroux) elle-même s’est laissée embrigader. Sans qu’on ne sache clairement ce que le groupe tente d’obtenir ou de prouver.
Entre un shérif dépressif et un pasteur activiste voire justicier, chaque épisode apporte son lot de surprises et de révélations même si on ne peut pas aisément relier les éléments entre eux. Ce qui fait de The Leftovers une série réellement intrigante loin des productions formatées qui laissent tout deviner d’emblée.
L’ambiance à Mapleton est volontiers pesante, et la construction du récit lente et erratique. On progresse avec un espoir en ligne de mire: que, cette fois, la clé du mystère nous soit vraiment donnée. Contrairement à ce que de très nombreux fans avaient pu reprocher à Damon Lindelof et Carlton Cuse à la fin de Lost en 2010. Car même si les pièces du puzzle commencent à s’imbriquer, difficile de savoir si les nombreuses questions soulevées par les premiers épisodes trouveront une réponse concrète à la fin de la 1ère saison (10 chapitres).
Si la disparition est décidément un thème très tendance dans notre civilisation post-11 septembre – où errent Les Revenants et le projet The Missing, attendu sur TF1 à la rentrée -, voilà un récit à recommander à ceux qui aiment les énigmes et n’ont pas été échaudés par des expériences antérieures riches en symbolisme: FlashForward, Revolution, etc.
On pense forcément aussi à Twin Peaks à cause des hallucinations (le cerf, le feu, etc.) et d’une atmosphère ouateuse teintée de bizarreries. Mais si le décor de The Leftovers est moins angoissant et sombre que celui de Twin Peaks, on y sourit moins aussi… Vous voilà prévenus.
KT
nb*: curieux ou impatients d’en savoir plus? Le livre original « Les disparus de Mapleton » signé par Tom Perrotta est publié aux Editions Fleuve Noir.
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