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the hour 2.jpgAprès la belle montée en puissance observée au long de la 1e saison, The Hour*** reprend, ce jeudi à 20h50 sur Arte, le récit de la naissance du premier magazine d’info télévisé britannique à la fin de l’année 1957.
Le 3 novembre 1957, très précisément. Une émission qui est marquée par la mise sur orbite du satellite Spoutnik par l’URSS. Un événement majeur que commente la scène internationale tandis qu’un nombre croissant de nations redoutent les tensions nées de la course à l’armement nucléaire.

Les Britanniques observent tout cela avec d’autant plus d’acuité qu’un nouveau concurrent est apparu dans le paysage audiovisuel. «Percutant, novateur, audacieux», le magazine «Uncovered» d’ITV est en passe de se faire un nom, porté par un certain Bill Kendall (Tom Burke).

Neuf mois plus tôt, l’équipe était aux prises avec un meurtre suspect sur fond de crise du Canal de Suez. Au début de cette saison 2, les rumeurs d’un possible scandale politico-financier enflent le long de la Tamise. Le commandant Stern, futur directeur adjoint de la police, est au coeur d’une affaire mêlant moeurs et corruption policière. L’information est d’autant plus difficile à avaler pour Hector Madden, journaliste vedette de «The Hour», que Stern est son ancien compagnon de régiment.
the hour s2.jpgMais tous deux ont pris la mauvaise habitude de fréquenter la boîte de nuit «El Paradis» tenue par le redoutable Raphaël Cilenti. Un homme qui sait monnayer ses services et son silence. Rapidement, ce club privé serti de mystères et d’hôtesses «exotiques» attire tout le gratin londonien avachi sur ses sièges en velours, s’enivrant d’huîtres, de champagne et de promesses.

Saluée pour sa reconstitution soignée et sa recherche esthétique, pour la qualité et l’épaisseur de ses intrigues, « The Hour » vaut aussi pour la justesse de ses interprètes.
On y retrouve l’harmonieux trio de journalistes qui a fait le succès d’une première saison très organique: Dominic West (Hector Madden), Romola Garai (Bel Rowley) et l’excellent Ben Wishaw (Freddie Lyon). Tandis que le premier semble enivré par les honneurs que lui confère son nouveau statut, les deux autres sont toujours sur la brèche, à l’affût d’une bonne histoire à raconter. Aiguillonnés par l’intrigant nouveau directeur des informations – qui a une haute opinion de ce que doit représenter le magazine -, les voilà à la recherche de preuves, de témoins privilégiés tandis que l’info internationale et domestique ne leur laisse pas de répit.

Dans le rôle du nouvel ambassadeur de l’info Randall Brown, on reconnaît l’excellent Peter Capaldi (The thick of it). A la fois menaçant et pugnace, il semble prêt à pousser son équipe dans ses derniers retranchements pour en obtenir le meilleur. Ce faisant, il confère d’autant plus de suspense et de densité à cette saison 2 *.

L’élégante Oona Chaplin, petite-fille de…, brille de mille feux dans le rôle de l’épouse bafouée de l’égocentrique Hector Madden. Quant à Lizzie Brocheré, elle s’illustre dans un petit rôle de fiancée française souffrant du manque d’attention de son jeune époux. Tous les trois viennent pimenter un casting riche et attachant qui souligne les espoirs et les failles d’un univers (celui de la télévision) où les projecteurs mettent surtout en évidence les zones d’ombre individuelles. Une trame qui la rapproche bien plus des thématiques de The Newsroom que de celles de Mad Men, contrairement à ce que pourraient laisser croire les apparences.  

The Hour a reçu, à juste titre, l’Emmy Award 2013 du meilleur scénario dans une mini-série. Il faut dire qu’une série qui sait manier, à ce point, l’élégance et le fond, cela ne se refuse pas. Mais sans doute le prix de cette reconstitution soignée (décors et costumes) était-il trop lourd à porter ? En tout cas, la BBC ne pense pas prolonger l’aventure par une 3e saison. Dommage…
KT

nb: *C’est aussi lui qui, dans un tout autre genre, s’apprête à revêtir le costume du 12e Doctor Who à l’issue de l’épisode spécial des 50 ans, ce samedi soir sur France 4.