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TheTunnel.jpgLe mariage franco-britannique allait-il fonctionner?
En d’autres termes, les rosbifs et les bouffeurs de grenouilles parviendraient-ils à s’entendre et à mener leur barque dans la bonne direction? C’est sans doute l’une des premières questions qui s’est imposée à la suite de l’annonce de la mise en chantier de The Tunnel, une fiction franco-anglaise autour du tunnel sous la Manche.

Les CV des futurs époux avaient de quoi rassurer, pourtant. Canal+ et ses créations originales, d’une part (Braquo, Engrenages, Les revenants). Kudos, de l’autre, avec deux productions très remarquées l’an dernier: Utopia et Broadchurch. La promesse semblait alléchante.
Le choix de la thématique, en revanche, pouvait donner de sueurs froides: adapter Bron, thriller suédo-danois à la réputation internationale avait de quoi mettre la pression à toute l’équipe, constituée en outre de Shine International, Shine France Films et de Sky Atlantic.

Présentée lundi, lors de la soirée d’ouverture du 29e Mipcom, à Cannes, la série n’a pas déçu. «The Tunnel» impose d’emblée une signature visuelle très personnelle dans laquelle les villes de Calais, Douvres et Folkestone prennent toute leur place. Une volonté exprimée par Dominik Moll («Harry, un ami qui vous veut du bien») qui a réalisé les deux premiers des 10 épisodes que compte la série.
Ménageant différents chocs visuels, « The tunnel » prend suffisamment de libertés avec le scénario original pour permettre aux spécificités franco-britanniques d’exister et, surtout, aux formidables paysages des côtes, de part et d’autre de la Manche, de s’imposer comme des éléments essentiels de l’histoire. Cette dimension cinématographique du récit était d’ailleurs l’un des prérequis de la série.

Comme c’était déjà le cas dans la série originale, l’action de « The Tunnel » s’inscrit dans le contexte d’une Europe en crise. Quand une éminente femme politique française est retrouvée morte en plein coeur du tunnel de service, reliant la France à la Grande-Bretagne, des équipes des deux pays sont envoyées au point de rencontre sous la Manche, afin de résoudre ce crime ensemble. Les détectives Karl Roebuck (Stephen Dillane) et Elise Wassermann (Clémence Poésy) sont priés de collaborer en bonne intelligence afin d’élucider ce meurtre aux relents politiques.

L’affaire prend une tournure «étrange» lorsqu’on découvre que le corps abandonné sur la ligne frontière est en fait constitué de deux cadavres distincts. Le tueur en série utilise des méthodes très sophistiquées afin de mettre en évidence la faillite morale de la société européenne moderne. Se manifestant auprès des autorités publiques, il entraîne peu à peu Karl et Elise dans un morbide engrenage.

La jeune Clémence Poésy n’a pas l’étrangeté maladive et presque brutale de l’actrice suédoise originelle, mais elle parvient à faire évoluer son personnage d’Elise dans une dimension parallèle où seule la vérité a droit de cité et où les sentiments sont vécus comme des intrus.

De son côté, Stephen Dillane n’endosse pas le costume du policier flegmatique, que l’on aurait pu attendre, mais celui de l’inspecteur bienveillant comme son homologue mexicain, tentant de comprendre le fonctionnement de sa nouvelle partenaire. Des prémices suffisamment réussis pour donner envie de découvrir la suite… attendue en décembre sur Be TV.
KT, à Cannes

mise à jour (12/11): Canal+ se félicite du démarrage de The Tunnel, fruit de sa collaboration avec Sky Atlantic. Le thriller sous la Manche emmené par Clémence Poésy a réalisé un “démarrage puissant” avec 1,35 million de curieux. Soit le top 3 des meilleurs lancements de créations originales, avec “Borgia” ou Les revenants.