Huitième et dernière enquête pour l’équipe d’Engrenages*** confrontée à la criminalité qui cible les mineurs migrants non accompagnés. Mécanique implacable et plongée au coeur des nouveaux trafics des milieux interlopes parisiens. Dilemmes en vue à 20h30 sur Be Séries

Le corps d’un gamin d’origine marocaine est retrouvé dans le lave-linge d’une laverie automatique du quartier de la Goutte d’Or, au cœur de Barbès.
Cette nouvelle affaire est confiée au commissariat du 18e et singulièrement à l’équipe de Laure Berthaud (l’impeccable Caroline Proust) tombée en disgrâce lors de sa dernière enquête (saison 7). Ce qui pourrait être une « banale » histoire de drogue se révèle bien vite être un homicide sordide s’inscrivant dans le petit monde interlope des migrants, révélant une criminalité ciblant spécifiquement les mineurs non accompagnés.

L’enquête s’annonce compliquée pour l’équipe de Laure en perte de confiance depuis l’arrestation de Gilou Escoffier (Thierry Godard) qui risque cinq ans de prison pour chantage et extorsion.

Un « Paris » très loin des cartes postales

Cette enquête va réveiller les travers et les blessures de chacun : l’exercice obsessionnel de son métier pour Laure ; l’envie d’ailleurs et l’ambition rentrée d’Ali (Tewfik Jallab) ainsi que l’incroyable aplomb et la tendance à foncer tête baissée dans les ennuis de l’avocate Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot).

Quatre piliers d’Engrenages à la fois forts en gueule et fracassés qui ont démontré à loisir la nécessité de braquer les projecteurs sur les angles morts de la société française, ceux où s’épanouit la réalité crue, sans fards, d’institutions (Police et Justice) au mieux fragiles, au pire défaillantes.

En quinze ans, Engrenages a su accompagner les dérèglements de la société française, ses manques criants et ses défis cinglants en confrontant ses personnages imparfaits (policiers, juges, avocats), et parfois énigmatiques, à des situations souvent complexes, parfois inextricables.

Depuis sa création en 2005, elle a fait du principe de réalité son mantra, sa marque de fabrique. On retrouve dans cette ultime saison, le décryptage toujours juste d’une mécanique et d’engrenages qui ont fait sa réputation : la misère comme ferment de désordres sociaux ; la brutalité du réel et la détresse psychologique ; le nœud inextricable des trafics, de la violence, de l’illégalité et de la précarité.

Même si on connaît la grammaire de ce récit, on se laisse entraîner par la justesse de ses interprètes. Des enquêteurs terriblement humains, à la fois idéalistes et faillibles.

À sa manière, au fil de huit saisons, la série imaginée par Alexandra Clert a continué à confronter la trame et les archétypes du roman policier aux réalités sociales contemporaines. Dévoilant un Paris des « mauvais quartiers », souvent industriels ou gangrenés, loin des cartes postales touristiques. Cette saison 8 arpente les abords de la Porte de la Chapelle et nous montre où les « faillites du système » entraînent les plus fragiles et les plus jeunes d’entre nous…

Karin Tshidimba