engrenages S1.jpgDepuis leurs premiers pas en 2005, les quatre mousquetaires parisiens ont connu bien des déboires et des vicissitudes sur les plans privé et professionnel.
Entre brimades et désaveux, menaces de sanctions et bavures, petites magouilles et entorses à la Loi, le capitaine Laure Berthaud (Caroline Proust), le juge François Roban (Philippe Duclos), l’avocate Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot) et le procureur Pierre Clément (Grégory Fitoussi) n’ont pas que des moments de fierté et de jolis souvenirs à feuilleter.

Si la volonté de la série Engrenages*** est de disséquer le fonctionnement du système judiciaire français à travers ses différents rouages – policiers, avocats, procureur et juge -, elle n’a pas peur de plonger ses mains dans le moteur pour voir ce qu’elle peut en tirer. Chaque saison apporte son lot de surprises et d’événements personnels, donnant toujours plus de chair au jeu des comédiens.

La RTBF ouvre la saison 1 ce mardi à 20h25 sur La une (3 épisodes).

Cette volonté de prendre la vie comme elle vient, avec ses réussites et ses échecs, a d’abord séduit la fière Albion, patrie reconnue pour ses héros cabossés au passé «compliqué». Ici, la vérité se cherche au tréfonds des âmes et parfois des corps avec une anxiété qui n’a d’égale que l’angoisse de ne pas «arriver à temps» tenaillant le capitaine Berthaud. Un défi relevé d’épisode en épisode – d’abord 8, pour les deux premières saisons, ensuite 12 – un statut conquis de haute lutte.

engrenages 11.jpgCe supplément d’âme est devenu la marque de fabrique de la série, celle qui lui a ouvert les portes à l’international.
Son achat et sa diffusion en VO sous-titrée sur la BBC – sous le titre Spiral – constitue une grande première pour une série française.
Et l’on parle d’une possible adaptation aux Etats-Unis comme l’évoquait, fin avril, le magazine Deadline citant des sources internes chez Showtime.

Plusieurs arguments ont rapidement prêché en faveur d’Engrenages: son âpreté, son réalisme, la densité de ses personnages et le fait qu’elle ne montrait pas un Paris idéal mais bien le versant gris, méconnu et maussade de la Ville Lumière. Avec quatre personnages principaux bien loin de l’image d’Epinal véhiculée par les séries traditionnelles, plutôt pépères.

Depuis la saison 3, Engrenages est aussi une des rares séries françaises chapeautées par une femme. Anne Landois en est la showrunner (scénariste en chef ou chef d’orchestre) ce qui signifie qu’elle en assume tous les choix artistiques (choix des réalisateurs, des acteurs, des décors) et d’écriture (choix des scénaristes et des histoires, montage final). Avec deux lignes directrices: mêler le professionnel, le familial et le personnel d’une part, et secouer les habitudes et les conformismes, de l’autre.

La saison 5, diffusée en novembre dernier sur Canal+, a ainsi offert une partition particulièrement délicate à l’actrice Caroline Proust, poussée dans ses derniers retranchements. Une intrigue qui se dévoilera à la fin de l’été sur Be TV. La saison 6, quant à elle, est attendue en 2016.

Au rythme d’une saison tous les deux ans, Engrenages a réussi à imposer sa griffe au point d’être la série française la plus exportée à travers le monde avec 70 pays acquéreurs.
Au final, la seule question qui s’impose, face à tant d’atouts et d’arguments, est de savoir pourquoi la RTBF a mis 10 ans pour se décider à la diffuser. On a bien une petite idée…
KT