En choisissant de diffuser Engrenages***, la RTBF a opté pour une série reconnue à travers le monde: plus de septante nations ont déjà fait le choix de découvrir ces intrigues judiciaires parisiennes.
Au terme de cinq saisons et de dix années de production, cet univers riche et contrasté n’a presque plus aucun secret pour ses principaux interprètes qui ont effectué une descente sur le Festival de Monte-Carlo au début du mois. Débonnaires, Thierry Godard (Gilou), Philippe Duclos (le juge Roban) et Fred Bianconi (Fromentin) ont analysé l’évolution de leurs personnages respectifs pour nous.
Nouveaux scénaristes, nouveaux enjeux, nouvelle intrigue. la saison 2 (8 épisodes) démarre ce mardi à 20h20 sur La une.
» La première saison, c’était la découverte. Les scénarios étaient brillants, il y avait quelque chose de très attirant dans les dialogues, se souvient Philippe Duclos. Au début, on y allait un peu sur la pointe de pieds parce que la réputation des séries françaises n’était pas encore telle qu’un acteur avait forcément envie de foncer pour jouer un personnage récurrent. J’ai été rassuré quand j’ai lu les scénarios parce que la qualité était évidente. Ensuite, il y a eu le succès que vous connaissez. Après le pilote, tout a été chamboulé. Par exemple, le personnage de Fred a beaucoup gagné au fil du temps. Alors que tout était là pour le juge Roban dès le départ« poursuit-il.
» Fromentin était le seul personnage normal, cadré dans une vie un peu tranquille. Les premiers épisodes étaient l’occasion de découvrir chacun dans son quotidien. Mais après la première saison, j’avais une sensation bizarre. Jouer un personnage droit dans une série où tout le monde est trouble, cela me semblait étrange. Pas que j’avais l’impression de servir la soupe mais je vivais en décalage par rapport au style général. Donc à un moment, j’ai demandé aux scénaristes de me trouver une faille parce que c’est cela qui est intéressant à jouer dans une série comme Engrenages. Il y avait un côté un peu trop lisse qui n’est pas si sympa que cela à jouer. Et puis, c’était curieux de se retrouver dans la première grande série de Canal+, censée proposer des personnages et un univers différents, et de jouer quelqu’un de lisse. Je ne m’en suis pas rendu compte sur le moment, c’est après avoir vu la première saison que cela m’a semblé évident« explique Fred Bianconi.
» Moi j’avais trop de failles, alors je voulais devenir un peu normal, plaisante Thierry Godard. Sur la saison 1, Gilou prend de la coke, il a une indic qui est une prostituée. Il a un peu suivi le chemin inverse de Fred. Cette normalité m’effrayait au départ car je voulais que mon rôle aille crescendo. »
Une vraie identification
« Il y a eu un changement de scénaristes, entre la saison 1 et la saison 2, rappelle Philippe Duclos. Cela s’est traduit par un vrai saut stylistique. Cela eu des incidences, pas trop sur mon personnage, mais sur beaucoup d’autres dont Gilou qui était très fêlé dans la première saison mais est rentré dans un parcours beaucoup plus normal après. Au début, la série était écrite par des gens qui n’étaient pas flics. Puis l’un des nouveaux scénaristes engagés était un ex-policier donc il avait envie de montrer que le métier avait changé depuis 20 ans. Il n’avait pas envie de mettre en avant une image trop destroy, donc ils ont un peu nivelé ce côté-là. »
Au fil des épisodes et des saisons, leur propre regard a changé, admettent-ils tous les trois.
« Il y a la passion de leur métier qui est assez évidente, cela nous rapproche parce que nous sommes aussi des êtres passionnés », souligne Fred Bianconi.
« Et puis, à force de les côtoyer, on a découvert qu’il y avait des styles différents chez eux: des Gilou, des Tintin, des Berthaud, il y en a. On représente bien ce qu’ils sont. Et c’est rigolo parce que quand on se retrouve dans une soirée de keufs, on voit que spontanément, ils vont vers ceux qui leur correspondent le plus. Il y a une vraie identification », poursuit Thierry Godard.
Objectif: découvrir la vérité
Et dans la magistrature ? « Dès la première saison, j’ai rencontré des juges d’instruction parce qu’on ne peut pas comprendre leur métier sans discuter avec eux. Je discute avec les scénaristes mais je pose aussi beaucoup de questions. Notamment j’ai appris que dans une instruction, vous ne pouvez pas entrer en empathie avec la victime présumée. On est là pour découvrir la vérité. Et ils m’ont parlé de ces gestes qui trahissent ceux qui mentent. C’est le b.a.-ba de leur métier car les gens mentent très souvent » insiste Philippe Duclos.
Le tournage de la saison 6 est prévu en février 2016 pour 7 mois et demi.
On ne sait pas encore exactement vers quoi on va parce que l’écriture est en cours de finalisation et puis, on ne peut pas vendre la mèche…lâchent-ils dans un sourire.
Ni mensonge, ni omission, juste bouche cousue.
KT, à Monte-Carlo
nb: le trailer de la saison 2 avait déjà été présenté ici
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