Une décennie après son lancement, “Bron”, comme “Borgen”, a marqué durablement de son empreinte le monde des séries. Et a suscité des vocations. La quatrième et dernière saison est à découvrir sur Arte.tv dès ce vendredi

La série Bron est de celles qui ont marqué leur temps. Sacrée meilleure série internationale aux British Academy Television Awards en 2013, elle avait raflé tous les prix dès 2012 au Festival de Monte-Carlo: meilleure série internationale, meilleure série européenne, meilleure actrice pour Sofia Helin et meilleur acteur pour Kim Bodnia.

Déjà diffusée au Danemark et en Suède, la quatrième et dernière saison sera visible sur Arte.tv à partir du 21 novembre prochain, l’occasion de voir comment ce redoutable thriller suédo-danois, lancé en 2011, termine son parcours international.

Bron (Le Pont en VF) a d’abord marqué les esprits par son meurtre spectaculaire: un corps coupé en deux, déposé pile sur la frontière entre deux pays, en plein milieu du pont reliant Copenhague et Malmö, d’où le titre de la série. Par son dispositif binational singulier: le statut de travailleur transfrontalier du défunt implique d’emblée un travail conjoint des enquêteurs des deux pays concernés. Par son enquêtrice résolument atypique: la policière se uédoise Sofia Helin (alias Saga Noren) a une attitude totalement détachée voire glaciale et ne tarde pas à démontrer des comportements relevant du spectre de l’autisme.

La série séduit aussi par son clin d’œil assumé aux préjugés et crispations latentes entre pays voisins. Enfin, le sous-texte politique de l’intrigue n’échappe à personne et est d’ailleurs dûment décliné dans les nombreuses adaptations qui suivront, faisant des questions migratoires un ingrédient majeur de ces intrigues binationales.

A ce jour, quatre séries internationales ont épousé le canevas de Bron au plus près : The Bridge entre États-Unis et Mexique ; The Tunnel, entre France et Grande-Bretagne, dès 2013. The Bridge, entre Estonie et Russie en 2018 et Pagan Peak, entre Allemagne et Autriche, en 2019 (les 3 saisons sont disponibles sur Netflix).

D’autres séries nordiques comme Borgen et The Killing ont imposé leur marque dans le secteur et posé des jalons majeurs en termes de séries politiques ou de polars. Et même si d’autres territoires se sont taillés une place au soleil depuis – tels l’Islande ou l’Espagne notamment -, la vitalité nordique demeure, comme les prix récents décernés au Festival Séries Mania le prouvent*.

Ces polars singuliers (Bron et The Killing, en tête) ont lancé un genre qui perdure (polar atmosphérique) mais qui évolue aussi évacué son temps. On note ainsi une nouvelle branche très vivace de polars environnementaux, tels Saving the Fucking Planet aux confins de la Norvège et de la Laponie ; Trom ancré dans les îles Féroé et Families Like Ours, première série signée par le Danois Thomas Vinterberg qui s’empare de l’épineuse question des réfugiés climatiques, prouvant au passage que la fiction nordique reste très attentive aux défis de son époque.

Un autre regard sur le monde

Bien avant les séries Good Doctor (2017) ou Astrid et Raphaëlle (2019), la fiction nordique a mis en lumière des personnages peu soucieux de leur look ou de leur physique (lançant même la mode des gros pulls d’hiver parfois informes) et des personnalités résolument différentes dont la façon d’interagir avec leur entourage et leur environnement nous forcent à voir le monde autrement…

Les séries nordiques ont non seulement imposé des jalons tangibles, mais aussi des actrices qui restent des valeurs sûres sur nos écrans. Il suffit de voir la carrière internationale la carrière de Sidse Babett Knudsen (L’Inconnu de la Grande Arche) et Sofie Grabol (The Last Viking) sur le grand et le petit écrans pour s’en convaincre…

Et pendant ce temps-là dans « Bron »

A peine libérée, Saga Noren (Sofia Helin) retrouve son partenaire Henrik Sabroe pour enquêter sur une affaire de meurtre sordide. Margarethe Thormod, la directrice de l’Agence des migrations à Copenhague, a été retrouvée lapidée. Les soupçons se portent sur un ressortissant iranien récemment expulsé. Pour sa 4e et ultime saison, la série « Bron », qui lancé la mode du thriller nordique binational, revient au pied du célèbre pont, qui a marqué son histoire, et explore les tensions politiques latentes au Danemark et en Suède.

Karin Tshidimba

Bron Scandinoir et thriller politique Créateur Hans Rosenfeld Réalisation Henrik Georgsson et Rumle Hammerich Avec Sofia Helin, Thure Lindhardt, Anders Mossling,… Sur Arte.tv 8 x 52’ (Dès le 21/11)

One of us is trembling a été sacrée meilleure série courte à Series Mania 2025 est danoise.

Requiem for Selina, sur les galères d’une influenceuse en Norvège, a reçu le prix des Étudiants à Series Mania.