Son rapide succès auprès du public de Netflix assure à la série politique créée par Debora Cahn et portée par Keri Russell, son ticket pour une saison 2.

Comme son personnage dans la série, que certains n’avaient clairement pas vu arriver, The Diplomat** s’est imposée rapidement et magistralement sur Netflix. Le thriller politique truste les tops 10 de la plateforme un peu partout dans le monde, depuis son lancement le 20 avril, et avait déjà cumulé plus de 123,8 millions d’heures de visionnage en 10 jours seulement. Un fait d’autant plus impressionnant que la série n’avait bénéficié d’aucune publicité tapageuse.

La série suit Kate Wyler, interprétée par Keri Russel, une ambassadrice américaine, basée à Londres, qui doit faire face à une grave crise politique impliquant la Russie et l’Iran, mais aussi à de sérieux problèmes d’ordre personnel.

Après six saisons passées dans les habits changeants de l’espionne russe Elizabeth Jennings, la comédienne est évidemment largement rodée aux enjeux géopolitiques majeurs déjà exposés en filigrane de la brillante série The Americans. Tact, loyauté, bluff, persuasion, compromis, psychologie et sens aigu de l’observation : les qualités basiques de l’espion sont aussi celles qui sont requises en matière de diplomatie.

Destinée à prendre ses fonctions à Kaboul, Kate Wyler est évidemment rompue à l’exercice de la négociation avec les autorités politiques des différents pays où elle fut envoyée, mais flanquée de son encombrant conjoint au profil de tête brûlée, sa mission de diplomate s’annonce délicate à mener. C’est ce mélange explosif et déton(n)ant – entre analyse, réflexion et action – qui fait toute la saveur de la série.

En plongeant au coeur de négociations tendues et d’ego surdimensionnés, la série nous permet de saisir les multiples pièges et écueils des négociations politiques internationales, démontrant qu’il n’y a jamais de solutions simples ou uniques à des situations complexes. Contrairement à ce que veulent souvent faire croire des (hommes) politiques au profil de matamores.

Bien sûr, les enjeux sont parfois exagérément dramatisés et les délais compressés au maximum pour faire monter la tension comme le réclame la fiction. Bien sûr, les excentricités des personnages pimentent les négociations de façon souvent imprévisible et parfois peu vraisemblable, sans oublier le poids que font peser les relations privées des personnes impliquées. Mais, dans la réalité, certains liens souterrains brouillent aussi très souvent les cartes et le personnage du Premier ministre britannique ne manque pas de faire penser à l’imprévisibilité, l’intransigeance et la brusquerie, pour ne pas dire la grossièreté, d’un certain Boris Johnson.

C’est cette proximité avec le réel – guerre en Ukraine, tensions avec les Russes et avec l’Iran – qui rend la série à la fois passionnante et attachante tandis que les prestations de son sextuor d’acteurs principaux – outre Keri Russell, Rufus Sewell, Ato Essandoh, Ali Anh, David Gyasi et Rory Kinnear – rendent la fiction épique et délectable. Une recette visiblement largement appréciée à l’international, qui vient d’assurer à la série son ticket pour une saison 2.

Créée par la scénariste Debora Cahn, formée sur des séries comme The West Wing, Grey’s Anatomy et Homeland, The Diplomat prouve qu’entre The West Wing, justement, House of Cards et The Newsroom, une autre voie pouvait être trouvée pour parler des défis et dessous de la politique internationale. Un thriller qui prolonge aussi la réflexion sur la place des femmes en politique, entamée avec des séries comme Commander-in-chief, Veep ou Madam Secretary

Karin Tshidimba