the leftovers saison 3.jpgA quoi reconnaît-on une grande série ? A sa capacité à transcender toutes les catégories et les attentes et à surprendre son public.
A sa richesse de représentation et à sa complexité de narration. Aux énigmes et aux abîmes qu’elle révèle bien plus qu’elle ne les résout.
Aux horizons qu’elle ouvre et embrasse à la fois. Toutes ces raisons qui font de ses personnages des figures inimitables et inoubliables à la fois.

A toutes ces qualités s’ajoute parfois un autre indice : l’absence de nomination aux Golden Globes ou aux Emmy Awards. Trop singulière pour être reconnue et célébrée par le plus grand nombre, la série The Leftovers**** compte une foule d’admirateurs indéfectibles qui savent que le temps fera son office et lui attribuera les lauriers qui lui sont, pour l’instant, refusés. Comme ce fut le cas pour The Wire, par exemple. Jamais récompensée et aujourd’hui encensée.
La série cocréée par Damon Lindelof et Tom Perrotta se place forcément en tête du classement des meilleures séries 2017. Et s’inscrit parfaitement dans les thèmes de Noël.

The Leftovers 31.jpgCette 3e saison tourne tout entière autour de questions d’espoir et de foi alors que le 7e anniversaire de la Soudaine Disparition de 2% de la population mondiale approche à grands pas et que le Révérend Matt Jamison tente de rassembler ses ouailles à Miracle en vue du jour J.
Mais, pour cela, il doit convaincre Kevin de quitter Melbourne et de rentrer au bercail. Prévoyant le Déluge, Damon Lindelof et Tom Perrotta, auteur du livre originel, bouclent leur voyage initiatique entamé en 2014.

Il y est question d’amour (filial et familial), de questions irrésolues, de la nécessité d’apprendre à lâcher prise et à se laisser porter, de la complexité et la déliquescence du monde qui nous entoure: autant de thèmes dont personne n’est très éloigné.

En résulte un scénario fou révélant un niveau d’inventivité et de métaphores rarement atteint qui range cette série dans la même galaxie que Twin Peaks, dans une version plus réconfortante et lumineuse…

La disparition, le manque et une inifinie tendresse

the leftovers 35.jpgLa richesse narrative et la profondeur d’analyse de The Leftovers se révèlent au fil d’épisodes dévoilant une cartographie impressionnante de notre monde en quête de sens. Du grand art porté par une intrigue bouleversante, des acteurs inspirants, une réalisation ciselée et un montage haute couture.

Après deux saisons contrastées et denses, cet ultime tome parvient à être surprenant de bout en bout, laissant filtrer épisode après épisode sa force et sa portée symboliques. Une réflexion salutaire sur la vie – et le lien nous liant les uns aux autres -, qui nous accompagne et nous hante longtemps après l’envol de ses dernières images. Celles-ci forment une sorte de coupole, de mausolée traitant de la disparition et du manque de l’être aimé avec une infinie tendresse et une grande délicatesse. En huit épisodes seulement, Damon Lindelof, qui confesse avoir fait de cette question, le coeur de son existence et de sa réflexion d’auteur, réalise un travail d’orfèvre.

L’intégrale de la série (3 saisons – 28 épisodes) est disponible en coffret DVD avec de nombreux bonus (interview des créateurs Damon Lindelof et Tom Perrotta, making of et beyond the book).

KT

nb: Réalisées au moment du lancement de la saison 3, l’interview de Damon Lindelof, créateur de la série mais aussi de Lost, et celle de Christopher Eccleston, l’un de ses acteurs principaux, sont à lire en suivant le lien bleu.