La nouvelle série de David E. Kelley observe la lente dégringolade d’un couple admiré de tous, rattrapé par de terribles accusations. Une chronique des secrets et compromissions de la grande bourgeoisie new-yorkaise dans laquelle brille le duo Nicole Kidman – Hugh Grant. A voir dès ce lundi sur Be 1, à 20h30.

L’actrice Nicole Kidman excelle dans les rôles de grande bourgeoise à qui, en apparence, tout réussit mais dont la vie cache bien des zones d’ombre et des tourments. Personne n’a oublié le personnage de Céleste que lui a confié le même David E. Kelley dans sa précédente série, Big Little Lies. Série qui a si bien accompagné, et même légèrement précédé, le mouvement #metoo aux États-Unis. Soit l’histoire d’un groupe de femmes vivant dans un lieu paradisiaque, se montrant solidaires et combatives face aux violences subies par l’une d’entre elles, lorsque le lieu de paradis devient soudain antichambre de l’enfer.

Une famille au-dessus de tout soupçon

On retrouve cette sombre fissure dès le générique, pourtant aérien et stylisé, de The Undoing**. Aux images de la petite fille rousse aux longues boucles riant et jouant avec des bulles de savon sur un fond de décor fleuri se superposent d’inquiétantes taches de sang et le trouble s’insinue.

Dans la vie de la famille Fraser, en revanche, le quotidien semble sans nuage. Jonathan (Hugh Grant) et Grace (Nicole Kidman) sont les parents amoureux et complices du jeune Henry, fan de violon et élève d’une école privée sélect, à qui ne manque qu’une chose pour être totalement comblé : un chien.

Cancérologue pédiatrique réputé, Jonathan a dû quitter la soirée de collecte de fonds, présidée par sa femme, pour voir un de ses jeunes patients. Une soirée au cours de laquelle Elena Alves (Matilda De Angelis), fraîchement entrée dans le comité de l’école, avait paru particulièrement troublée mais avait refusé l’aide de Grace, malgré son insistance.

Des femmes influentes

Outre la présence au générique de Nicole Kidman, les points communs avec la série Big Little Lies sont nombreux. À cause de cette assemblée de mères soudées, d’abord ; à cause de la réunion du comité de charité, ensuite, au sein duquel ces « femmes influentes » sont toutes impliquées ; à cause de la mort violente de la jeune Elena, ensuite, qui entraîne une enquête policière qui va assurément laisser des traces dans la petite communauté de l’École Reardon. À cause de la disparition du mari de Grace, enfin, qui le rend suspect aux yeux de la police. Cette disparition semble à tous d’autant plus étrange que Grace, thérapeute bien installée, est spécialisée dans les problèmes de couples et d’infidélité. De là à imaginer que comme les cordonniers, elle est la plus mal chaussée, il n’y a qu’un pas que la police semble toute prête à franchir, malgré l’aura de respectabilité dont jouit le Docteur Fraser, l’impeccable Hugh Grant.

Mensonges, faiblesses et vanités

Retrouvant la thématique à la fois prémonitoire et très actuelle des faux-semblants, David E. Kelley semble avoir pris un malin plaisir en adaptant le roman de Jean Hanff Korelitz, You should have known (Les Premières impressions) en une mini-série de six épisodes au parfum de soufre.
Ex-star des séries de prétoires (Boston Justice, Ally McBeal), le scénariste nous entraîne avec une jubilation communicative dans les coulisses des familles dorées, qu’elles soient de l’Upper East Side new-yorkais ou de la Côte Ouest des États-Unis.

Tissant sa toile avec précision et maîtrise, la réalisatrice Susanne Bier (Bird Box, The Night Manager) se joue parfaitement des angoisses de Grace découvrant un homme dont elle pense ne plus rien savoir. Elle donne ainsi chair à un thriller psychologique prenant produit par HBO.

Karin Tshidimba