Big little lies.jpgRien de pire que des mères en compétition au sujet de leurs rejetons. Cette réalité, beaucoup d’hommes et de femmes la confesseront sans peine.
On sait d’ailleurs, depuis The slap, à quel point les relations entre adultes peuvent virer à l’aigre lorsqu’une dispute implique l’un des enfants du groupe. Or c’est de cette réaction à la fois viscérale et épidermique dont parle Big Little Lies*** où une simple bagarre d’école entraîne un groupe d’adultes sur le sentier de la guerre.

Entre frustrations, rivalités et non dits, le vernis social se fissure pour laisser place à des sentiments et des actes peu recommandables. Ils sont autant le fait des pères que des mères de Monterey, cette riche petite communauté côtière du Nord de la Californie qui, soudain, s’enflamme aux yeux de tous.

Mais le propos de cette mini-série HBO en 7 épisodes – à découvrir dans la nuit de dimanche à lundi (à 3h du matin) ou lundi à 21h sur Be 1 – dépasse de loin la surface sociale mondaine à laquelle elle se réfère dans un premier temps.

Big Little Lies 2.jpgTandis que la caméra de Jean-Marc Vallée (The Dallas Buyers Club) explore ce petit monde complexe et pétri de rumeurs, la narration nous rappelle qu’en dépit des apparences calmes et fastueuses, un meurtre a été commis et une enquête est en cours.
Si la narration et le montage font penser à The Affair ou au drame familial Bloodline (avec ses flash-backs réguliers), la trame ressuscite un univers proche de celui de Desperate Housewives dans une version bien plus sombre où chacune tente désespérément de se prouver à soi-même et aux autres qu’elle (il) a réussi sa vie.

Pour mettre en scène cette tragique « chasse à l’homme » au paradis, David E Kelley (Ally Mc Beal) a recruté un casting d’enfer et n’hésite pas à aborder frontalement la question de la violence entre adultes ou entre enfants. Comme le démontre cette bande annonce…

 

Une fois tous les ingrédients hautement inflammables réunis, il ne reste plus qu’à laisser parler la poudre. Bien vite, on perçoit que cette histoire de guerre intestine va au-delà des rancoeurs de chacun(e). Car le récit permet de découvrir à coup de flash-backs les éléments cachés de chaque destinée intime.

Cinq femmes dans la tourmente

Big Little Lies 3.jpgJane (Shailene Woodley, au centre), mère célibataire du petit Ziggy, nouvellement arrivée en ville et hantée par son passé, est celle par qui le scandale arrive.

Madeline (Reese Witherspoon, à droite) se rêve en superwoman : elle impose son avis sur tout et a tendance à régenter la vie d’autrui, à commencer par celle de ses deux filles. Perpétuellement sur la brèche ou en conflit, elle peine visiblement à dépasser sa rupture avec Nathan qui remonte pourtant à il y a 15 ans. C’est elle qui, inconsciemment, va allumer la mèche.

Face à elle, Renata (Laura Dern, à gauche) affiche une réussite professionnelle insolente et les deux femmes sont régulièrement en concurrence mais l’arrivée de Jane en ville va déclencher les hostilités. Irrémédiablement ?

Big Little Lies book.jpgTandis que Bonnie (Zoë Kravitz) attire la convoitise et la vindicte des autres mères par son look cool et décomplexé et sa relation avec l’ex-mari de Madeline, tout semble sourire à l’élégante Céleste (Nicole Kidman), ex-avocate de renom. Si ce n’est la cohabitation avec son jeune époux irascible et violent (Alexander Skarsgard).

Portée par deux stars du grand écran, cette mini-série est le résultat de leur association en tant que productrices. Lassées de ne se voir proposer que des rôles de peu d’envergure, Reese Whiterspoon et Nicole Kidman ont choisi de prendre leur destin en mains et d’acheter les droits du best-seller de Liane Moriarty (« Petits secrets, grands mensonges » en VF) afin de l’adapter pour HBO.
Un travail d’anthropologue qui se déploie en profondeur et dépasse les faux semblants.

Karin Tshidimba