Contacté par le duo Toledano-Nakache, le cinéaste français, spécialisé dans la comédie, est entré dans l’aventure de la série d’Arte avec l’envie de relever un défi. Il confie en avoir retiré de nombreux avantages…

Le choix n’a pas manqué d’étonner les cinéphiles et les observateurs… Qu’allait donc faire Pierre Salvadori, spécialiste de la comédie française, dans l’aventure En Thérapie, série plongeant dans les traumas de patients marqués par les attentats de Paris ? Comment est née l’idée de cette collaboration ?

“J’ai collaboré deux fois à la série En Thérapie. Je connaissais bien la chaîne Arte qui avait produit plusieurs de mes films, notamment en 2000 dans le cadre de la collection Gauche/Droite sur l’engagement et le cinéma de genre. C’était mon premier film noir.” Son titre : Les Marchands de sable. Après le film En liberté, porté par Adèle Haenel et Pio Marmaï, “Nakache et Toledano m’ont proposé de réaliser des épisodes de leur série En ThérapieJ’aimais beaucoup l’idée que c’était déjà écrit et d’être purement réalisateur. J’étais rassuré par le fait qu’ils en soient les producteurs parce qu’ils sont aussi réalisateurs. Et puis, je trouvais intéressant de m’aventurer dans des choses plus introspectives. En plus, les scénarios étaient super bien écrits.”

Face à cette série assez statique (toute l’action, ou presque, se déroule au sein du cabinet d’un thérapeute), Pierre Salvadori s’est demandé “comment inventer une mise en scène dans un dispositif extrêmement serré et circonscrit spatialement”“J’aimais ce défi. Très vite, je me suis dit que je pouvais filmer plein de choses à travers différentes tailles de plans et différents angles. Et j’ai eu l’idée de filmer l’introspection de cette jeune fille fragile presque comme un thriller.”

“Si tout est possible, rien ne se passe”

“Chaque film vous aide à réaliser le suivant”, souligne Pierre Salvadori. “Le fait d’avoir filmé un thriller très sombre m’a vraiment aidé pour le découpage de ma comédie suivante, Après vous. Et le travail sur En Thérapie m’a bien préparé à travailler avec des enfants. Car Céleste (Brunnquell, NdlR) avait 16, 17 ans, donc ça a été une étape intéressante pour aller ensuite vers des enfants de 12 ans. » L’âge des héros de son nouveau film La Petite Bande.

« Le fait de beaucoup découper et préparer la série m’a aidé à gagner du temps et en technicité. C’est toujours intéressant d’inventer dans la contrainte. C’est pour cela que je fais des comédies, c’est très contraignant mais, une fois qu’on pose le cadre, il y a une liberté possible. Si tout est possible, rien ne se passe. Si vous établissez un territoire précis, un ton, dès les premières minutes, alors, il y a de l’invention… Et ça, ça me passionne”, conclut le cinéaste français.

Entretien: Karin Tshidimba