Le dépaysement est garanti avec l’Australie et les îles Féroé en toile de fond. Et le contraste est complet avec le drame historique Martha Liebermann sur la veuve du célèbre peintre et collectionneur d’art allemand persécutée par les nazis.

Après un joli démarrage ce lundi soir sur France 2 (3,2 millions de curieux), la série britannique The Tourist, également visible en Belgique sur la plateforme Auvio de la RTBF, vient de se voir récompensée de trois prix lors de la cérémonie de clôture du Festival de télévision de Monte-Carlo.

Outre le prix de la meilleure série, The Tourist*** s’est en effet vu accorder le titre de meilleure création et le prix du public. Un joli tiercé pour cette mini-série imaginée par les frères Harry et Jack Williams, déjà salués pour leurs précédentes créations The Missing et Baptiste, portées notamment par l’acteur français Tchéky Karyo, mais aussi pour la mini-série Liar avec Joanne Froggatt (Downton Abbey).
Un retour aux sources réussi pour les deux frères aujourd’hui mondialement célèbres pour leurs thrillers mais qui s’étaient d’abord lancé dans la comédie. « Mais nous n’avions pas connu de succès dans ce genre, donc nous avions décidé de nous en détourner. » Dix ans plus tard, les voilà de retour avec une série présentant une tonalité et un humour que ne désavoueraient pas les frères Coen.
« C’était aussi l’occasion de proposer un rôle à Jamie Dornan qui ne soit ni dans la séduction, ni dans l’angoisse et qui lui permette de montrer le type charmant et plein d’humour qu’il est en réalité », a confié Harry Williams à quelques heures de la révélation du palmarès de cette 61e édition.

Dans ce road-trip impliquant un homme amnésique en quête de son identité, tentant de déterminer la raison pour laquelle il semble être poursuivi, Jamie Dornan est épaulé par la formidable comédienne Danielle Macdonald, dans le rôle d’une policière novice et pleine d’empathie. Un duo atypique pour un voyage déroutant et riche en retournements de situation. Avec son scénario explosif et tortueux, son interprétation au cordeau dans laquelle brille aussi Alex Dimitriades (The Slap, Seven types of ambiguity) et sa réalisation qui magnifie les paysages de l’arrière-pays australien et l’impressionnante ampleur de ce récit, The Tourist a amplement mérité ses trois distinctions.

Les ombres de l’Histoire

Le drame historique Martha Liebermann a remporté tous les suffrages du jury présidé par l’acteur Neal McDonough qui s’est dit « touché par sa densité et son émotion ». Le scénariste Marco Rossi signe cette adaptation du roman de Sophia Mott magnifiquement mis en scène par Stefan Bühling. Outre son sacre en tant que meilleur film, il voit la formidable Thekla Carola Wied, comédienne à la très longue carrière outre-Rhin, couronnée du prix de la meilleure actrice pour sa prestation pleine de dignité et de courage dans le rôle de Marta Liebermann. Dans cette fiction en nonante minutes coproduite par Ziegler Film, l’esthétique soignée et la reconstitution impressionnante sont mises au service de la part la plus sombre de l’Histoire de la Seconde guerre mondiale. Thekla Carola Wied y campe la veuve octogénaire du grand peintre et collectionneur d’oeuvres d’art juif allemand (un rôle endossé par le célèbre Rüdiger Vogler), tentant de fuir à toutes forces la menace et la répression nazies.

Quant à Trom, toute première production des îles Féroé qui retrace l’enquête autour de l’assassinat d’une jeune activiste et écologiste, elle a remporté le prix spécial du jury. De quoi saluer cette intrigante transposition de la saga policière à succès imaginée par Jagvan Isaksen.
Le scénariste Torfinnur Jákupsson rêvait, depuis des années, de porter à l’écran cet univers singulier qui s’inscrit dans la veine de la Danoise The Kiling et de l’Islandaise Trapped.
Enfin, la prestation d’Ulrich Thomsen dans le rôle de l’intraitable journaliste Hannis Martinsson, personnage principal de la série, lui a valu le titre de meilleur acteur.

Karin Tshidimba, à Monte-Carlo