La nouvelle série Canal+ a été entièrement tournée en Belgique. Costumes et bâtiments modernistes, surtout, lui donnent tout son cachet. A voir ce lundi sur Be1, à 20h30

L’un des grands plaisirs de la série Ovni(s) est la bulle pop et colorée dans laquelle elle nous propulse grâce à ses personnages, leurs costumes et leurs accessoires, mais aussi à travers les décors qui renvoient si bien au cinéma des années 70, entre comédie et film d’espionnage.

On songe à la bande dessinée aussi : au fil des épisodes, on a ainsi l’impression de croiser Gaston Lagaffe et ses piles de dossiers non classés, la sautillante Mademoiselle Jeanne et sa fameuse queue-de-cheval, mais aussi Véra, Daphné, Scooby- Doo et leurs acolytes portant mini-jupes, pattes d’eph, pulls à col roulé ou chemises bariolées et larges lunettes.

Entre L’Île aux enfants, Il était une fois… l’Espace, Ziggy Stardust de David Bowie et Brazil de Terry Gilliam, les références sont multiples et nous projettent dans un univers à la fois psychédélique et fantasmé.

« Le costume aide vraiment à entrer dans le personnage, confie l’acteur Melvil Poupaud. Une fois enfilés les vestons Pierre Cardin ou Lanvin et les cravates, on change forcément de posture. Cela faisait un moment d’ailleurs que je voulais rejouer avec la moustache. »

Gardant un œil sur les prestations de Marcello Mastroianni et l’autre sur celles de Louis de Funès, il a choisi de se positionner « entre Cary Grant et Pierre Richard ». Pour un résultat nuancé et très réussi. « Antony Cordier (le réalisateur, NdlR) a beaucoup apporté en matière de ton. Il ne voulait ni costumes outranciers ni excès », confirme le comédien.

Des décors familiers sublimés

Le plaisir du récit est aussi décuplé par la redécouverte de lieux emblématiques et de bâtiments insolites qui ont façonné l’histoire de la Belgique et qui magnifient désormais celle d’Ovni(s).

Qu’il s’agisse de la façade et des espaces intérieurs d’un célèbre bâtiment de bureaux bruxellois, d’églises modernistes, de l’une des cités-jardins de Watermael-Boitsfort, de la Station de télécommunications spatiales de Lessive ou, clou du spectacle, de l’ancien centre régional de la RTBF à Wavre. Un bâtiment qui révèle tout son potentiel fantasmagorique en devenant le siège du CNES (Centre national d’études spatiales) avec immense salle des ordinateurs, longs couloirs carrelés et bureaux à foison.

Bruxelles préférée à Toulouse

Un résultat plus vrai que nature d’où, par la magie de l’équipe de décoration et de la production, qui nous a emmenés faire le tour du propriétaire, on s’attendait à tout moment à voir réellement s’envoler une fusée, comme si l’on était à Kourou, en Guyane.

Autant de lieux singuliers, d’architectures uniques et de sites naturels qui ont fait que Bruxelles a été préférée à Toulouse, comme nous l’a expliqué le producteur délégué, François Ivernel. Vidéo à ne regarder qu’après avoir terminé la série. (Spoilers)

Trouver une place dans l’univers

Du plus banal objet du quotidien jusqu’à la bande-son ou la musique du générique – composées sur des synthétiseurs d’époque dénichés dans un musée spécialisé à Fribourg, par le musicien Thylacine -, chaque détail contribue à nourrir l’imaginaire de la série.

Cette beauté formelle est mise au service d’un récit s’emparant avec force du thème du doute et de la quête existentielle qui est au cœur de l’expérience scientifique et humaine. C’est la fragilité des différents protagonistes, leur empathie, leur sens de l’écoute et leurs ratés qui nous touchent, leur humour qui nous séduit.

Ovni(s) est un récit bien plus universel qu’il n’y paraît, sa question centrale résonne à différents niveaux aujourd’hui : « Sommes-nous seuls (dans l’univers) ? »

Karin Tshidimba