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Plus que tout autre, la jeune comédienne échappe aux définitions simplistes. On a quand même voulu tenter d’affiner le profil d’Alba Gaïa Bellugi en quelques mots. Sept, très précisément.

Manon. Elle est aussi effacée et discrète à la ville qu’elle impressionne et s’impose sur les écrans. On a repéré son air décidé, et même un peu buté, dans le portrait de jeune fille en colère dépeint dans la mini-série 3x Manon réalisée par Jean-Xavier de Lestrade en 2014. Le réalisateur oscarisé a été tellement impressionné par son côté incandescent qu’il a poursuivi son destin de jeune femme en rupture de famille avec Manon 20 ans (2016) toujours produite par Arte.

Actrice. Entre timidité et modestie, Alba Gaïa Bellugi avoue ne pas savoir “si elle va rester comédienne toute la vie. J’aurai peut-être envie de faire d’autres choses… Je n’ai pas trop envie de me définir. Tant que le désir est là, j’essaierai de faire ce métier”, explique-t-elle. Même si elle reconnaît que c’est “une chance de pouvoir raconter des histoires. Le fait de pouvoir vivre tellement de vies à travers le cinéma, c’est bien parce que ça fait qu’on n’a pas à choisir vraiment.”

Gloria. La jeune femme rit à l’idée qu’on puisse l’imaginer aussi énervée et en colère que les personnages de Manon ou Gloria qu’elle a portés à l’écran. “C’est cela qui est génial : pouvoir explorer des moments inconnus et intimes… On est plein de choses, en fait. Si on me propose ces rôles, c’est que les réalisateurs voient ou projettent cette colère sur moi.”

Fabrice du Welz. Après avoir “beaucoup aimé” son film Alléluia (2014) – qui forme avec Calvaire (2004) et Adoration (2019), la « trilogie ardennaise » de Fabrice du Welz-, Alba Gaïa Bellugi a relevé le défi d’Inexorable. “Pour trouver l’humanité de ce personnage et les raisons qui font qu’elle réagit comme cela, avec ses blessures, etc.” Un parcours construit grâce aux discussions avec Fabrice du Welz et à travers les références à différents films. “Le film est notamment un hommage à Voici le temps des assassins et d’autres films des années 50 à 70. Fabrice est un grand cinéphile, c’était une chance de partager cela avec lui.”

Ardennes. Le fait de tourner dans les Ardennes, en temps de Covid, « au milieu de nulle part, a renforcé le côté huis clos du film. En même temps, c’était joyeux car on se rendait compte qu’on avait de la chance de pouvoir tourner malgré tout. » A priori, en tant que spectatrice, Alba Gaïa Bellugi ne se tourne pas forcément vers le cinéma de genre. « C’était aussi l’occasion d’explorer ce monde. Il y a plein de réalisateurs, d’acteurs et de projets à découvrir. »

Galatéa. Elle aimerait remonter sur les planches «car c’est le théâtre qui lui a donné envie de faire ce métier», après avoir fait le Conservatoire en Grande-Bretagne. Si ses parents auraient aimé qu’elle “fasse des études plus classiques”, le fait qu’ils soient “dans le milieu” – son père italien est acteur, sa mère danoise, est costumière – “simplifie les choses” pour elle et sa petite sœur, Galatéa, qui suit la même voie. “On est très proches, on parle beaucoup, on se soutient quand on a des doutes ou des questions. C’est très agréable d’avoir une coéquipière dans le métier”, dit-elle. Pourtant elle préfère ne pas parler de ses futurs projets « par superstition ».

Discrétion. Alba Gaïa Bellugi appréhendait la première projection dans le cadre du Festival de Deauville. « Le concept de mettre des talons hauts et d’aller se voir sur grand écran, c’est dur…. Même si tout le monde était bienveillant. Au final, c’était une bonne expérience » reconnaît-elle. Et c’était finalement bien mieux que de découvrir le film toute seule sur un petit écran via un lien, comme elle l’avait pourtant demandé à Fabrice du Welz « pour se préparer ». Toujours cette réserve contre laquelle elle lutte. Dans un souffle et un dernier sourire, Alba Gaïa Bellugi s’excuse « de ne pas avoir plus parlé » avant de prendre congé. Preuve que le talent n’a nul besoin d’être forcément tapageur.

Entretien: Karin Tshidimba, à Deauville